Interview. Oumar Mariko : ‘’si Alpha Condé veut sauver IBK, je crains fort pour lui’’

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L’opposant historique malien Oumar Mariko a accordé dimanche, 28 juin dernier une interview à Mediaguinee à Djélibougou, un quartier de Bamako. Le président du parti Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’indépendance (SADI) aborde la crise qui secoue actuellement son pays dans tous ses contours avec notamment l’arrivée à Bamako d’une mission de la CEDEAO pour une médiation entre les manifestants et le locataire du palais de Koulouba. Interview… 

Mediaguinee : On a vu arriver au Mali une délégation de la CEDEAO pour intervenir dans la crise qui mine votre pays. En clair, que pouvez-vous nous dire du déroulement de la rencontre entre la délégation et votre mouvement ? 

Oumar Mariko : C’est vrai qu’il y a un grand mouvement qui a été lancé pour le départ d’Ibrahima Boubacar Kéita. Il faut rappeler que ce mouvement est parti de 3 associations et d’une organisation politique. Ces trois mouvements ont appelé à un grand rassemblement pour le départ d’Ibrahima Boubacar Kéita. Notre mouvement qui est le mouvement démocratique et populaire et depuis de longues dates. Bien avant la tenue des élections législatives, le mouvement a tiré la conclusion qu’Ibrahima Boubacar Kéita était incapable de gérer ce pays. Et à partir de cet instant un lien s’est tissé entre ceux qui ont convoqué le mouvement dont le rassemblement a eu lieu le 5 juin et nous ; créant avec d’autres structures un mouvement intitulé mouvement du 5 juin autour d’un point précis, le départ d’Ibrahima Boubacar Kéita. Alors quand il y a eu ce grand rassemblement et quand il y a eu beaucoup de menaces à l’encontre d’Ibrahima Boubacar Kéita, la CEDEAO est arrivée.

L’élément déstabilisateur du Mali c’est bien le président Ibrahim Boubacar Kéita

Et quand la CEDEAO est arrivée, on a fait une rencontre en groupe, le groupe auquel j’ai appartenu était constitué de l’Imam Mahmoud Dicko, des anciens ministres et chefs de partis politiques Noubou Sidibé, Mountagha Thiam et Soumeylou Maïga et Souleymane Condé plus moi-même. Au tour de la table, la CEDEAO a exprimé ses inquiétudes sur l’évolution actuelle du Mali et sur les possibles dérapages qui peuvent faire que la situation s’aggrave davantage au Mali et que cela déborde sur les pays de la sous-région ouest africaine. Alors, une fois ces inquiétudes exprimées, nous avons expliqué nos préoccupations et avons pointé du doigt l’élément déstabilisateur du Mali c’est bien le Président Ibrahim Boubacar Kéita. La CEDEAO a donc appelé à un échange, à des négociations, des concertations avec le mouvement et avec le Président de la République Ibrahima Boubacar Kéita. Nulle part il n’a été question pour la CEDEAO de nous demander d’arrêter notre mouvement qui était en cours et qui a eu effectivement lieu, d’arrêter nos revendications politiques mais elle a simplement appelé à des échanges, à des négociations. Donc voilà en gros ce qui s’est passé entre la CEDEAO et nous. Après elle a fait son communiqué dans lequel elle montre des pistes de négociations possibles.

Depuis quelques jours déjà une rumeur circule sur la toile, faisant cas de l’arrivée de 4 chefs d’État de la CEDEAO à savoir Mahamadou Issoufou du Niger, Macky Sall du Sénégal, Muhammadu Buhari du Nigeria et Alpha Condé de Guinée. En êtes-vous informé ? 

J’avoue que j’ai appris cette information de façon tout à fait informelle. Certaines informations concernant certains chefs d’État ou des proches de certains chefs d’État et des informations dans la presse. Donc je ne peux absolument pas donner la chose si le caractère officiel n’est pas annoncé.

Mes prestations en Guinée ont soulevé beaucoup de tollés surtout dans les rangs de l’opposition incarnée par monsieur Dalein. J’ai eu droit à beaucoup d’attaques que je qualifie parfois de perfides

Au cours d’une interview sur Espace fm, l’imam Dicko a affirmé que le président Alpha Condé l’a appelé et ses appels seraient fréquents depuis le début de cette crise. Vous a-t-il appelé aussi ?  

Je n’étais pas d’accord avec le président Alpha Condé par rapport à ses relations avec le président Ahmed Sékou Touré

Absolument, le président Alpha Condé m’a appelé. C’est un grand-frère. Mes prestations en Guinée ont soulevé beaucoup de tollés surtout dans les rangs de l’opposition incarnée par monsieur Dalein. J’ai eu droit à beaucoup d’attaques que je qualifie parfois de perfides et il faut que je le signale, parce que je suis clair là-dessus, chaque Guinéen à partir du Mali, chacun parle du pays de l’autre avec sa vision, avec son orientation, avec ses amitiés et avec ses affinités.

Alpha Condé a évoqué son souci de voir la paix régner au Mali, souci d’une contagion possible de la Guinée par les effets collatéraux de ce qui pourrait se passer ici au Mali

Moi, en Guinée ça ne fait l’ombre d’aucun doute que le PDG est l’un des partenaires du parti Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance et qu’à un moment donné, autant j’ai critiqué car je n’étais pas d’accord avec le président Alpha Condé par rapport à ses relations avec le président Ahmed Sékou Touré, mais aussi j’ai défendu la libération du président Alpha Condé quand il a été arrêté par Lansana Conté. Donc personne ne peut m’empêcher cela comme je ne peux empêcher personne de parler de la Guinée.

Le président Alpha Condé m’a effectivement appelé. Il m’a appelé et il a évoqué son souci. Souci de voir la paix régner au Mali, souci d’une contagion possible de la Guinée par les effets collatéraux de ce qui pourrait se passer au Mali. Et je crois qu’il est dans son bon rôle et j’apprécie.

J’ai dit au président Alpha Condé que son petit-frère et son ami IBK constitue l’obstacle à la paix et à la quiétude de la République du Mali

Le président Alpha Condé semble visiblement de plus en plus soucieux du sort politique de son petit-frère IBK. Pourquoi cela à votre avis ? 

Moi j’aurais souhaité que le Président Alpha Condé ait le souci du Mali. Et contrairement à ce que vous dîtes, moi il m’a dit qu’il a le souci du Mali, pas de son petit-frère Ibrahim Boubacar Kéita, certainement qu’il a sa sympathie. Et j’ai dit au Président Alpha Condé que je comprenais son souci pour la quiétude au Mali, pour la stabilité du Mali. J’ai dit au président Alpha Condé que son petit-frère et son ami constitue l’obstacle à la paix et à la quiétude de la République du Mali. Évidemment, il est dans son bon rôle, il doit s’inquiéter par rapport à la stabilité du Mali. Et l’amitié étant ce qu’elle est, la stabilité étant ce qu’elle est, on peut comprendre mais je ne crois pas que si Alpha Condé a, à choisir entre la stabilité au Mali et son frère Ibrahim Boubacar Kéita qu’il va choisir son frère. Donc dans ce qui m’a été évoqué par le président Alpha mais je ne suis pas dupe, c’est la quiétude du Mali. Et là je comprends.

Aujourd’hui, au Mali le pouvoir d’Ibrahim Boubacar Kéita qui ne peut même pas s’exercer à 200 kilomètres de Bamako

Pourquoi Alpha Condé s’inquiéterait autant d’après vous ? Craint-il un effet de contagion comme certains le disent, après le Mali, ce sera au tour de la Guinée ?

Je pense que si Alpha Condé dirige comme Ibrahim Boubacar Kéita, en fait je vois mal le peuple de Guinée attendre une quelconque contagion du Mali. Le peuple guinéen va plus secouer le président Alpha Condé et nous (le Mali ndlr), allons prendre des leçons chez le peuple guinéen. Si la gestion d’Alpha Condé est discutable, condamnable, il appartient au peuple guinéen de le démontrer. Et je ne pense pas que quelqu’un soit dans une situation aussi aberrante que le Mali. Nous avons aujourd’hui au Mali le pouvoir d’Ibrahim Boubacar Kéita qui ne peut même pas s’exercer à 200 kilomètres de Bamako pour ce qui concerne la zone de Balamba, frontière avec la Mauritanie. À Ségou capitale économique du Mali, le pouvoir d’Ibrahim Boubacar Kéita ne peut pas s’exercer… il n’a aucun pouvoir. Quand vous prenez la zone de Macina qui se trouve à Ségou et Gnögnö qui se trouve à Ségou, Ibrahima Boubacar Kéita au-delà de 15 kilomètres n’a plus de pouvoir. Donc le pouvoir d’aujourd’hui d’Ibrahima Boubacar Kéita est concentré dans les chefs-lieux de cercles et dans les chefs-lieux de région excepté la région de Sikasso et la région de Koniboro, une partie de la région de Koniboro. La Guinée n’est pas dans une situation pareille. La deuxième chose nous avons des forces étrangères en République du Mali avec des bases qui se construisent. Nous avons la Minusma qui regroupe beaucoup de militaires, 13 000 militaires. Nous avons également la France qui est là pour son contrôle géostratégique et nous avons toute une région qui est gérée en ce moment par un mouvement de la rébellion. Est-ce qu’un pays de la sous-région peut se porter plus mal que le Mali ? La contagion pourrait être de deux sortes, la première des choses c’est si le pouvoir et le contrôle échappe à Ibrahima Boubacar Kéita et que ça verse du côté de toutes ses milices et même d’un certain mouvement de la rébellion, alors il faut craindre effectivement des effets collatéraux très négatifs sur la Guinée, la. Cote d’ivoire et au-delà. Mais de mon point de vue d’homme politique malien, d’analyste malien cela est très peu probable, ce qui est possible c’est qu’Ibrahima Boubacar Kéita continue à gérer tel qu’il est, il est évident que personne n’est à l’abri de cette situation dramatique. Notre contagion c’est que le peuple malien en quête de démocratie, en quête de mieux-être fait basculer le pouvoir d’Ibrahim Boubacar Kéita, si cela a des répercussions importantes pour Alpha Condé le grand-frère, ça veut dire qu’il gère mal et il est en ce moment en train de tirer les leçons de ce qui se passe dans la gestion de son frère pour ne pas faire comme lui et là ce serait une contagion positive si mon grand-frère n’est pas attentif à la gestion des ressources de la Guinée et à la gestion du confort des Guinéens. Et que Dieu m’en préserve je ne le lui souhaite pas.

Si Alpha Condé vient au Mali avec l’intention de sauver son petit-frère, je crains fort pour lui parce que les Maliens n’accepteront pas ça

Quand Alpha Condé vous a appelé, ne vous aurait-il pas soumis des directives pour une solution de sortie de crise au Mali, surtout en sa qualité de politicien consommé ? 

Non, il n’est pas allé à ce niveau-là. C’est vrai que le président guinéen voulait rentrer, il voulait venir au Mali. A mon avis s’il vient au Mali pour aborder dans le même sens que le peuple malien il va être applaudi. Mais s’il vient au Mali avec l’intention de sauver son petit-frère, je crains fort pour mon grand-frère parce que les Maliens n’accepteront pas ça. Il risque d’être assimilé à IBK et ça ne lui fera pas une recette positive. Alors il ne m’a pas donné de directives positives, non. Il a simplement évoqué ses souhaits, il a simplement souhaité que nous arrivions à un accord qui puisse lui permettre de venir au Mali. Je crois que c’est ce qu’il a dit et là-dessus il a été très prudent par rapport au Mali.

Dans la période actuelle, ce n’est pas souhaitable que le président Alpha Condé vienne au Mali

Vu que le Président Alpha Condé est parvenu à calmer des crises dans certains pays tels que la Gambie, la Guinée-Bissau, est-ce que vous, initiateurs de ce grand mouvement contre IBK aimeriez voir pareil ici au Mali ?  

Mes grands-frères [Alpha Condé, Alpha Oumar Konaré, IBK…] ont développé à un moment donné des thèses extrémistes mais une fois au pouvoir, ils se sont comportés autrement

Comme je l’ai dit, c’est à des conditions. À mon avis ce n’est pas souhaitable qu’il vienne à l’instant T. Dans la période actuelle ce n’est pas souhaitable qu’il vienne parce que je crains fort que les sentiments ne l’emportent sur la raison politique. Et là ce n’est pas souhaitable qu’il vienne actuellement en République du Mali. Il doit attendre qu’il y ait beaucoup plus d’accalmie pour pouvoir venir.

Mon soutien à Sékou Touré ne plaît pas à une certaine classe politique guinéenne, notamment la clique de Dalein et autres qui passent tout leur temps à m’insulter et surtout quand on a parlé de la libération de Mohamed Touré.

Ce que je dirais à mon grand-frère Alpha Condé, je sais qu’à une période donnée ils ont incarné un certain nombre de valeurs au niveau de l’AFED, bien que personnellement j’ai toujours été critique vis-à-vis de mes frères, notamment de ceux qui s’opposaient à des dirigeants comme Modibo Kéita, Ahmed Sékou Touré. Mon conflit avec mes grands- frères c’est à ce niveau-là. Parce que mes grands-frères [Alpha Condé, Alpha Oumar Konaré, IBK…] ont développé à un moment donné des thèses extrémistes mais une fois au pouvoir, ils se sont comportés autrement. Quand le grand-frère Alpha Condé dit la Guinée Albanie d’Afrique ou néo-colonie américaine et qu’aujourd’hui en Guinée il y a des tentatives que la Guinée ne soit pas néo-colonie française ? Alors je dis à mon grand-frère que la différence elle est capitale entre eux et Sékou Touré que je préfère moins pour mes grands-frères. Alors quand Alpha Oumar Konaré disait ici, enfin le groupe politique qu’il a porté, parce qu’ils commencent tous à s’en défendre pour dire qu’ils n’ont pas dit ça. Alors quand le groupe politique d’Alpha Oumar Konaré disait que le combat contre l’impérialisme français passe par la liquidation du régime de Modibo Kéita, ennemi numéro un du peuple malien. Et qu’une fois arrivé au pouvoir c’est Alpha qui va signer la dévaluation du franc CFA avec un ministre des transports de la France et cela à Dakar.

Sékou Touré et Modibo Kéita n’ont jamais été des ethnocentristes. Dalein et ses hommes ne peuvent pas lever le doigt

Alors j’ai trouvé ça beaucoup en deçà du combat du Président Modibo Kéita. Donc j’ai dit à mes grands-frères qu’ils doivent d’abord présenter des excuses aux pères fondateurs de nos indépendances pour être crédibles à nos yeux parce que la génération qui est derrière nous apprécie beaucoup plus leurs grands-pères que nous. C’est une parade aujourd’hui de voir de jeunes guinéens, de jeunes africains de façon générale balancer sur les réseaux sociaux les discours du Président Ahmed Sékou Touré.

À un moment donné, j’ai soupçonné le grand-frère Alpha Condé de permettre l’ethnocentrisme…

Je sais que le soutien du jeune frère à Ahmed Sékou Touré ne plaît pas non plus à une certaine classe politique guinéenne et ça notamment la clique de Dalein et autres qui passent tout leur temps à m’insulter et surtout quand on a parlé de la libération de Mohamed Touré. Ils vont jusqu’à faire des confusions pour raconter que Mohamed avait la nationalité américaine alors qu’il n’a aucune nationalité américaine. Alors je sais que ça ne leur plaît pas mais la vérité est la vérité. Sékou Touré et Modibo Kéita n’ont jamais été des ethnocentristes. Dalein et ses hommes ne peuvent pas lever le doigt. À un moment donné, j’ai soupçonné le grand-frère Alpha Condé de permettre l’ethnocentrisme. Alors je sais que quand il va écouter ça, ça va me valoir des réprimandes mais je m’assume, comme il dit qu’il s’assumait, moi aussi je m’assume et je suis prêt au débat contradictoire.

Comment un homme politique républicain comme Dalein va choisir de rencontrer un chef religieux ?

 Selon Jeune Afrique, Cellou Dalein Diallo a rendu visite à votre mentor l’imam Dicko en février dernier. Quel lien pourrait avoir l’opposant guinéen avec l’imam Dicko ? Et quel est votre avis sur ce rapprochement entre les deux ? 

Je ne suis pas très sûr qu’il y ait un lien, mais j’ai simplement soupçonné monsieur Dalein de colporter l’ethnocentrisme guinéen au Mali. Il est peul, Mamadou Dicko est peul. Mais Mahmoud Dicko ne tombera pas dans un tel travers. Dans la mesure où l’Imam Dicko a beaucoup plus de connexion dans d’autres ethnies que l’ethnie peul. Et on ne l’a jamais vu ici parler de ce qui se passe dans le plateau Dogon et de ce qui se passe dans la région du Mopti et des mouvements qui sont des mouvements anti-peul. Mahmoud Dicko n’a jamais posé le problème en connaissance sur le terrain ethnocentriste. Et là je me suis dit que Dalein a rendu visite à Mahmoud Dicko, je le soupçonne de vouloir ramener ou en rajouter à la toile ethnocentriste au Mali, ce qui serait dangereux. Encore une fois, ce ne sont que des lectures extérieures parce que nous n’avons pas su comment un homme politique républicain comme Dalein va choisir de rencontrer un chef religieux ? Ou bien il fait comme certains hommes politiques maliens à la quête de quelqu’un qui séduit les masses et qui soulève les foules pour l’aider à soulever des foules aussi en Guinée. Dans les deux cas de figure, je pense que c’est une visite controversée.

S’il y a des pays qui font des velléités pour échapper à la mainmise française, je compte Alpha Condé dans ce lot

Dans une visioconférence, le président Alpha Condé s’est prononcé sur l’adoption de la monnaie Eco. Pour lui, l’intégration de la Guinée dans cette zone se fera avec les quinze Etats mais jamais en rangs dispersés tandis que l’on soupçonne la zone UEMOA de vouloir octroyer cette monnaie à la France. Votre réaction sur la position du président guinéen ? 

C’est une position courageuse qu’il faut encourager mais aller plus en profondeur parce que les chefs d’État africains pour la plupart sont des valets de la France. Et s’il y a des pays qui font des velléités pour échapper à la main mise française, je compte Alpha Condé dans ce lot. Et là je dis que son énergie, sa réminiscence militante est en train de le rattraper. Mais ce n’est pas le cas de son ami et frère Ibrahim Boubacar Kéita, ce n’est pas le cas de Issoufou Mahamadou au Niger, et ce n’est pas le cas de mon grand-frère Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso, et ce n’est pas le cas de la plupart des chefs d’État africains.

Je serais très content que la CEDEAO soit disloquée.

Mais l’inquiétude du président nigérian Muhammadu Buhari qui dit que la CEDEAO risque d’être disloquée par rapport à cette question de monnaie commune…  

Je pense que Buhari doit même travailler pour la dislocation de la CEDEAO pour aider des forces patriotiques, des forces révolutionnaires, des forces nationalistes à émerger pour que le leadership change en Afrique

Je serais très content que la CEDEAO soit disloquée. Si la CEDEAO est disloquée aujourd’hui ça ne peut être qu’à l’avantage des peuples africains parce qu’il y aura des positionnements qui seraient beaucoup plus lisibles. Parce que la CEDEAO a complètement anesthésié les élans panafricanistes en disant, nous sommes dans la CEDEAO, nous sommes dans l’UEMOA, ces regroupements-là qui sont pilotés par la France.

Si le leadership ne change pas en Afrique, à quoi bon de créer une monnaie différente du CFA si elle doit avoir le même fonctionnement que le CFA ?

Donc les gens ne voient pas la France derrière, les gens voient l’unité africaine. Alors que la CEDEAO aujourd’hui, même permettre la libre circulation des personnes et des biens entre les États, la CEDEAO est incapable de la suivre. Moi, je pense que Buhari doit même travailler pour la dislocation de la CEDEAO pour aider des forces patriotiques, des forces révolutionnaires, des forces nationalistes à émerger pour que le leadership change en Afrique. Si le leadership ne change pas en Afrique, à quoi bon de créer une monnaie différente du CFA si elle doit avoir le même fonctionnement que le CFA ? Si le bénéfice doit appartenir encore une fois à l’ex-puissance colonisatrice ? Alors vivement la dislocation et l’éclatement même de la CEDEAO pour que les positions réelles puissent s’affirmer et que les contradictions puissent s’aiguiser et que ceux qui se ressemblent s’assemblent. Là, ces propos je l’assume.

Le combat pour la démocratie, pour l’expression démocratique, pour la conquête du pouvoir démocratique et populaire est inscrit à l’ordre du jour aujourd’hui de l’agenda de tous les peuples africains

Votre dernier mot dans cette interview et un mot pour le peuple guinéen qui vous suit à travers le monde ? 

Je suis très heureux que vous soyez venu m’informer mais je dois ajouter que le combat au niveau de M5RFP aujourd’hui à l’heure actuelle c’est qu’il y a des positionnements différents. Il y en a qui demandent la démission de IBK, il y en a qui demandent que IBK soit un roi nu par son tempérament. Mais dans tous les cas de figure, si ce n’est pas la CEDEAO qui nous aidera ou bien ce n’est pas d’autres chefs d’État qui nous aident pour montrer une porte de sortie honorable à Ibrahim Boubacar Kéita, la confrontation sera remise à plus tard et elle se fera. Et évidemment que les forces véritablement patriotiques puissent avoir le dessus pour que le Mali ne se porte pas plus mal. Maintenant au peuple malien, au peuple africain, au peuple guinéen, je pense que le combat pour la démocratie, pour l’expression démocratique, pour la conquête du pouvoir démocratique et populaire est inscrit à l’ordre du jour aujourd’hui de l’agenda de tous les peuples africains. Ce combat, nous allons le porter jusqu’à sortir des exigences du fonds monétaire international et de la Banque mondiale, jusqu’à sortir de la dépendance ou du moins de la perte de souveraineté que la France nous fait subir dans la sous-région ouest africaine et dans l’Afrique. Et en cela nous avons besoin des chefs d’État africains aujourd’hui pour booster notre combat et je porte mon regard à tort ou à raison sur mon grand-frère Alpha Condé. Donc je dois dire aux peuples guinéen et malien : « faisons en sorte qu’on dépasse les clivages ethnocentristes. Heureusement on a voulu attraper le malicieux sur ce point mais une ethnie est en train de souffrir le martyre malgré tout, chacun fait des efforts extraordinaires pour que ce combat-là ne soit étiqueté comme un combat ethnocentriste. Je demande la même chose pour le peuple guinéen et en lui disant que le combat pour la démocratie est une quête perpétuelle. Et aux dirigeants guinéens, au Professeur Alpha Condé de faire la nécessaire ouverture pour entrer longuement dans l’histoire en permettant l’expression populaire et surtout le partage équitable dans les ressources de la Guinée. Je vous remercie.

Réalisée par Moussa Oulen Traoré, correspondant à Bamako (Mali)

+22391895637

 

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