Interview- Saliou Bella Diallo : ‘’dans le gouvernement, il y a des partis qui n’ont même pas le quart des militants du parti AFIA’’

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Docteur Saliou Bella est leader du parti AFIA et porte-parole de la Mouvance présidentielle. A son domicile sis à Matoto, l’ancien ministre de l’Enseignement technique a rencontré la rédaction de Mediaguinee. Il a accepté de se prononcer sur la santé de son parti, ses relations avec le pouvoir, l’élection du maire de Matoto et aussi sur l’affaire Kaporo-rails. Interview…

Mediaguinee : Dr Saliou Bella Diallo, vous venez de clôturer la réunion ordinaire du Bureau exécutif de votre parti, AFIA. Alors, dites-nous quelle place vous occupez sur le terrain politique ?

Dr Saliou Bella Diallo : Merci de l’opportunité que vous m’offrez. Le parti AFIA a 7 ans. Donc, un enfant de 7 ans est en deuxième année sinon en troisième année. Ce parti est agréé depuis 2011. En 2013, nous avons eu à participer aux élections législatives par une liste nationale de qualité avec 5 candidatures uninominales. Nous avons participé activement aux présidentielles de 2015 mais aussi avec le RPG aux communales de 2018. Le parti AFIA, bien qu’il ait 7 ans, est mûr. Il occupe une place importante du point de vue politique, puisque son leader est le porte-parole de la Mouvance présidentielle et il est implanté à travers toutes les préfectures du pays, au niveau des communes de Conakry, au niveau de certaines sous-préfectures du pays. Donc, nous cherchons des moyens matériels et financiers pour participer le plus activement possible aux législatives prochaines. Nous sommes présents sur les 5 continents, donc c’est un parti ambitieux.

Mediaguinee : Depuis quelques années, vous êtes en alliance avec le RPG. Aujourd’hui vous semblez un peu effacés de la vie politique. Dites-nous, quelles sont aujourd’hui vos relations avec le pouvoir, ou avec le président ?

Dr Saliou Bella Diallo : Ça dépend de ce que vous appelez ‘’effacé’’. Vous savez, sur la définition opérationnelle, chacun a ses sentiments. Le parti AFIA est présent sur le terrain politique, mais aussi au niveau du commandement. Je suis à la presse visuelle, à la presse en ligne et à la presse audio. Ce que vous pouvez dire, c’est qu’on n’est pas au gouvernement. Et à ce niveau, c’est le président qui nomme. Il y a aussi ce que Dieu destine à quelqu’un. Sinon, des partis qui n’ont même pas le quart de ce que le parti AFIA a, sont au gouvernement et pourtant c’est nous les partis alliés qui avons fait que le président remporte les présidentielles de 2015 par un coup K.O. Donc s’il faut récompenser  en premier lieu pour être au gouvernement, c’est nous. Mais comme c’est des prérogatives du président de nommer mais il y a aussi le destin. Mais il faut être reconnaissant, j’ai été récemment nommé président du conseil d’administration de l’Autorité nationale d’assurance-qualité pour l’enseignement, la recherche et la formation. J’en suis fier. Dans le gouvernement, il y a des partis qui étaient même à l’opposition républicaine et qui n’ont même pas le quart des militants du parti AFIA. Tout est un problème de destin et de prérogatives du président de la République.

Mediaguinee : L’Alliance que vous dirigez, la Coalition des acteurs de la Mouvance présidentielle, est composée de plus de 70 partis, parmi lesquels il y en a qui veulent avoir des audiences avec le président de la République et qui menacent même de rejoindre l’opposition si le président ne leur accorde pas ces audiences. Qu’en pensez-vous ?

Dr Saliou Bella Diallo : D’abord je m’en vais vous dire que nous sommes partis d’une dizaine de partis politiques pour créer ce qu’on avait appelé l’AMP, c’est-à-dire Alliance des acteurs de la mouvance présidentielle. Alors, les partis se sont multipliés, l’adhésion s’est accentuée. Actuellement, nous avons une coalition qui n’est plus une alliance des acteurs mais une coalition des acteurs de la mouvance présidentielle (la CAMP). Dans cette coalition, il y a 70 partis politiques pour soutenir le président dans sa politique et son programme de façon inconditionnelle et irréversible. Bien sûr, parmi ces 70 partis, il y en a qui s’agitent en exigeant une audience rapide avec le président de la République. Mais je ne pense pas que ça soit pour une raison pécuniaire, c’est certainement une ardeur dans l’engagement. C’est peut-être ce qui fait qu’ils veulent rencontrer le président pour pouvoir dialoguer avec lui et s’entendre sur beaucoup d’autres formes de motivation telles que des promotions, tel que être associé à des missions, puisque quand une équipe gagne, il faut que tous les acteurs puissent bénéficier des avantages y afférents. Donc ils voudraient être mieux éclairés en rencontrant le président. Mais moi je m’en vais vous dire que je suis le président de cette coalition et les 90% du fonctionnement, c’est moi qui les trouve. Je suis satisfait des acteurs et je suis très fier du bilan. C’est nous tous qui voulons rencontrer le président, bénéficier de l’audience du président. Mais parmi nous, il y a des gens qui exigent à ce que ça soit maintenant, faute de quoi, ils veulent changer de camp. C’est une réalité, mais je ne pense pas qu’ils puissent aller jusqu’à rejoindre l’opposition, puisque ce sont des gens sages, qui nous respectent, qui nous écoutent. Le président nous a promis une audience, mais ce dernier a son programme, a ses activités, a ses priorités aussi. Il y a des priorités nationales et internationales qui peuvent primer sur les audiences qu’il nous a promises.

Mediaguinee : Est-ce que le parti AFIA a participé aux élections communales du 4 février dernier ?

Dr Saliou Bella Diallo : Bien sûr, nous avons participé sur la liste du RPG. On a fait des communiqués, on a fait des alliances écrites, on a informé la presse, on a été en campagne. Nous avons travaillé ensemble, mais nous avons souffert de plusieurs lacunes. D’abord au niveau de la sélection des candidats et ensuite au niveau du déroulement ; ce qui aurait porté préjudice aussi aux résultats. Mais qu’à cela ne tienne, nous avons tiré les leçons des élections législatives de 2013 pour avoir un seul candidat aux présidentielles de 2015 et nous avons multiplié les résultats de 2013 par 18 aux présidentielles de 2015. Ça nous a valu le coup KO. Donc il faut qu’on s’asseye ensemble pour tirer les leçons des élections communales de 2018 afin que nous puissions nous propulser par une bonne stratégie par rapport à celles qui seront organisées prochainement, c’est-à-dire les législatives et les présidentielles de 2020. Nous sommes rassurés d’obtenir une majorité à toutes ces consultations. Nous sommes prêts à le faire, et nous le ferons.

Mediaguinee : Les élections communales de 2018 se sont soldées par un retard dans l’installation des conseils communaux. Le cas le plus illustratif, c’est Matoto où l’élection du maire a été très mouvementée. Quelle lecture faites-vous de cette élection du maire de Matoto ?

Dr Saliou Bella Diallo : Les élections communales se sont déroulées dans le calme et ont connu des résultats plus ou moins objectifs et acceptés de tous. Il y a eu des revendications comme dans toute autre élection. La CENI a fait son travail et les autres institutions concernées ont fait les leurs. Ensuite l’installation des conseils a connu un retard. C’est la démocratie, la Guinée n’a pas commencé sa démocratie il y a des dizaines d’années, c’est récent. Nous avons des acquis, nous sommes en train de nous perfectionner, je pense que les points faibles sont moindres par rapport aux points forts. La Guinée a le multipartisme le plus élargi. Actuellement, on se demande avec plus de 200 partis politiques, comment il faut pour gérer tout ça. L’essentiel est que le président ait fourni des efforts en installant toutes les institutions de la République en faisant asseoir une démocratie large. Il a tiré la Guinée d’un trou, il l’a engagée dans la croissance, il est en train de faire le maximum pour minimiser les points faibles pour une démocratie solide dans les années à venir. C’est pourquoi nous le soutenons puisqu’en plus de ça, il mobilise les fonds qu’il faut pour lancer un vrai développement du pays, étant donné que les richesses que nous avons sont rassurées d’une ressource humaine assez forte.  Donc le président, après avoir mobilisé des fonds dépassant les 100 milliards de dollars, je pense que l’espoir est permis pour une croissance à deux chiffres avant 2020.

Mediaguinee : Sur le cas spécifique de Matoto, je voudrais vous faire réagir au propos du chef de file de l’opposition qui a qualifié l’élection du maire de Matoto de forcing

Dr Saliou Bella Diallo : Le problème entre le président et le chef de file de l’opposition, c’est que le président a eu l’amabilité de créer le statut du chef de file de l’opposition. C’est une institution nationale qui a des moyens, cinq milliards de francs guinéens par an. Est-ce qu’il y a un autre pays qui a gratifié l’opposition de moyens lui permettant de combattre la mouvance ? Nous, on a travaillé lors des présidentielles de 2015, alors que l’opposition républicaine battait campagne contre le président. Nous sommes allés au compte du président, on l’a élu mais on n’est pas ministre aujourd’hui mais eux ils sont dans le gouvernement, ils sont chef de file de l’opposition. Notre chef a été trop large pour l’opposition en le gratifiant de largesses importantes alors que les partis alliés n’ont rien et même le RPG. C’est nous qui sommes allés à la chasse, on a eu des gibiers et nous sommes rentrés à la maison sans viande. Donc le président a été trop large et il faut le féliciter pour ça. Le président Alpha Condé a fourni des efforts pour mettre la démocratie guinéenne à un niveau très appréciable. Sinon au temps de la deuxième République, ils étaient habitués à tout prendre à leur compte.

Mediaguinee : L’actualité, c’est aussi l’opération de déguerpissement lancée par le gouvernement à Kaporo-rails. Vous, en tant qu’acteur de la mouvance présidentielle, quelle lecture faites-vous de ces opérations ?

Dr Saliou Bella Diallo : Le plan cadastral de la Guinée, depuis le temps colonial en passant par les différentes Républiques jusqu’à maintenant, vous pouvez voir ces plans mais vous verrez que tout est violé. L’esprit un peu naïf de certains citoyens qui ne fouillent pas avant de s’investir réellement, en mettant des milliards sur des terrains réservés de l’État. Il y a aussi  des administrateurs qui font semblant de faire des papiers officiels à des citoyens donnés qui vont jusqu’à des titres fonciers, leur faisant comprendre que c’est tout à fait valable en les encourageant à investir beaucoup sur un terrain, alors que c’est des faux papiers. Donc il y a toutes ces choses qu’il faut analyser.  Je pense qu’aujourd’hui, il faut examiner tous les papiers que détiennent les citoyens, il faut aller en amont pour des investissements poussés. Ceux qui ont reçu des titres fonciers pour construire, il faut aller à la source, c’est-à-dire au département qui a donné ces papiers, remonter jusqu’aux individus qui ont donné ces papiers, faire la part des choses et faire agir les institutions. Il ne s’agit pas de casser seulement sans penser à ceux qui ont investi. La solution, il faut situer les responsabilités.

Réalisée par Thierno Sadou Diallo

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