Kenya: la vice-présidente de la Cour suprême arrêtée pour corruption

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La vice-présidente de la Cour suprême du Kenya, Philomena Mwilu, a été arrêtée mardi, soupçonnée d’enrichissement personnel illégal, a annoncé le procureur en chef du pays.

Philomena Mwilu faisait partie des juges qui ont annulé la réélection du président Uhuru Kenyatta en août 2017, une décision historique qui avait provoqué l’organisation d’une deuxième présidentielle en octobre 2017, boycottée par l’opposition et remportée par M. Kenyatta.

Mardi, devant la presse, le directeur des poursuites, Noordin Haji, a assuré détenir la preuve que Mme Mwilu avait profité de sa fonction pour un enrichissement personnel et accepté de l’argent dans des circonstances douteuses.

Elle est également accusée de ne pas avoir payé certains impôts.

« Cet après-midi, j’ai informé le président de la Cour suprême, David Maraga, de ma décision d’autoriser l’arrestation et d’engager des poursuites pénales contre la vice-présidente de la Cour suprême, Philomena Mbete Mwilu », a déclaré M. Haji.

« Cette décision n’a pas été prise à la légère », a poursuivi le procureur en chef, avant d’ajouter : « La dignité et l’indépendance du système judiciaire nous sont chers ».

M. Haji a également mis en garde les magistrats et les enquêteurs de police qui « usent de leur position pour s’enrichir aux dépens du peuple kényan ».

Philomena Mwilu a été libérée dans la soirée sous caution de 5 millions de shillings (42.000 euros).

Son avocat principal, le sénateur d’opposition James Orengo, qui est également celui qui avait plaidé en août 2017 pour l’invalidation de la réélection de M. Kenyatta, a indiqué que la vice-présidente de la Cour suprême entendait contester la constitutionnalité des poursuites engagées à son encontre.

En octobre 2017, le garde du corps de Mme Mwilu avait été tué par balles, dans des circonstances non élucidées, à la veille d’une audience de la Cour suprême sur un éventuel report de la deuxième élection présidentielle.

Mme Mwilu n’avait pas participé à cette audience et le quorum de la Cour suprême n’ayant pas été atteint (plusieurs autres juges étant absents), l’élection s’était tenue à la date initialement prévue.

A la question de savoir si les poursuites contre Mme Mwilu étaient liées à la menace proférée en 2017 par M. Kenyatta « de s’occuper de la magistrature », M. Haji a assuré travailler en toute indépendance. « Nous sommes une institution indépendante et nous ne sommes dirigés par personne », a-t-il affirmé.

A cet égard, le parti de l’opposant Raila Odinga, le Mouvement démocratique orange (ODM), a dit voir des « signes troublants », tout en disant vouloir donner à M. Haji « le bénéfice du doute ».

Le président Kenyatta a récemment lancé une guerre contre la corruption dans son pays à l’économie dynamique mais miné par une culture de pots-de-vin et de malversations.

Depuis, de hauts responsables de l’Agence nationale pour la jeunesse, de la compagnie nationale d’électricité et l’ex-gouverneur de Nairobi ont été arrêtés et sont poursuivis pour des faits de corruption.

AFP

 

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