Kindia/Souguéta : les travailleurs licenciés de Diamond Cement réclament leurs indemnités

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Les responsables de l’usine Diamond Cement Guinée implantée dans le district d’Amarayah dans la sous-préfecture de Souguéta, préfecture de Kindia ont licencié plusieurs de leurs travailleurs pour pouvoir respecter les mesures barrières relatives au nouveau coronavirus. Ces ouvriers mis à pied sans compensation ont battu le pavé ce mardi 14 avril 2020 devant les installations de ladite entreprise.

C’est à travers des slogans « à bas la discrimination, à bas l’injustice et la sous-traitance » que ces 143 ouvriers licenciés ont exprimé leur indignation. Pour le porte-parole des manifestants, Abdoulaye Camara, aucun de leurs règlements préétablis n’a été respecté dans ce licenciement qu’ils qualifient tous d’illégal. « Si nous sommes aujourd’hui réunis, c’est pour défendre notre cause qui s’explique par des licenciements arbitraires qu’on enregistre tous les jours, les cas de discrimination, des accusations. Les travailleurs ne sont pas traités de la même manière. C’est dans ce cadre que nous avons été licenciés. Au début, ils nous ont dit que c’est juste un congé technique. C’est tout récemment qu’ils nous ont parlé de licenciement mais comment on peut licencier un travailleur qui a contribué depuis la pose de la première pierre de l’usine jusqu’à nos jours sans l’accompagner ? Il parle du Covid -19 comme la raison de notre licenciement pour diminuer le nombre de travailleurs. Nous, on se demande pourquoi nous les guinéens ?  Pourquoi nous les ouvriers ? Dans l’usine, il y’a les Togolais, les Tchadiens, les Indiens qui continuent de travailler. En plus, nous qui sommes licenciés, il n’y a pas de malinkés. Ce sont seulement les soussous, les peulhs et les autres ethnies mais comme l’administrateur qui est là est Kaba, tous les malinkés travaillent. Nous, les ouvriers chaque fois nous sommes cités dans des faux problèmes même si tu te grattes on dit que tu as volé. Nous ne sommes pas traités comme des expatriés. Notre salaire, c’est 700 000 ou 800.000 fg. Tu tombes malade, tu n’auras rien même tes jours d’absence ne seront pas pointés. Beaucoup de nos amis sont partis comme ça sans mesures de rémunération. Donc c’est pourquoi on s’est levé aujourd’hui pour mettre fin à ça » explique-t-il clairement.

Pour Sèkhouna Camara, superviseur génie civil à Diamond Cement Guinée, ce sont les contractuels qui continuent à les duper. « La première fois quand nous sommes venus ici, on était dans la main d’un entrepreneur. Quand on lui a exigé le contrat, il nous a dit d’attendre dans trois mois et quand ces trois mois sont arrivés, il nous a dit attendez car nous sommes en phase de construction et après nous allons voir. Aujourd’hui on comprend que ces entrepreneurs nous ont menti.  Ils ont fini de nous épuiser puisque la construction de l »usine est à 95% de finition. Ensuite, nous voulons désormais qu’il y ait un papier entre nous et Diamond Cement qui atteste qu’on a travaillé ici pour que si nous partons dans une autre entreprise qu’elle puisse nous recruter aisément. Nous sommes dans une sous-traitance ici, chacun de nous travaille pour un contractuel qui a un contrat avec les Tchadiens. Quand le moment du payement arrive, c’est autre chose, il se fait de la sorte : les Tchadiens donnent nos salaires à nos contractuels accompagnés des bulletins indiquant la somme perçue mais quand ces contractuels partent en ville, ils fabriquent leur propre bulletin tout en indiquant la somme qu’ils veulent nous donner. Donc si nous sommes là pour manifester aujourd’hui, c’est pour mettre fin à cette discrimination. Il y’a beaucoup de choses qui se passent ici, qu’on n’apprécie pas. Imaginez, c’est moi qui ai fait le tuyau là-bas à pied nu. Tu veux les chaussures de sécurité, on te revend à 200.000fg. Chaque fois nous venons en groupe dans les camions pour travailler et nous voyons certains dans des voitures. Il faut que cela cesse, ils nous ont licenciés sans aucun respect de règlement de travail.  Nous menons ici nos vies difficilement. Certains sont logés, d’autres ont désisté parce que ils n’ont aucun espoir. Nous allons continuer à manifester jusqu’à ce que nos réclamations soient prises en compte, sinon personne ne va travailler aujourd’hui dans l’usine » menace-t-il en fin.

Tous les propos avancés par ces travailleurs grévistes ont été niés en bloc par le seul contractuel trouvé sur les lieux de la manifestation. Pour Lancinet Camara, les ouvriers qui sont à son compte son mieux payés. « Moi, mes travailleurs n’ont pas de problème d’équipements, si quelqu’un vient m’exposer son problème, qu’il soit matériel ou social si j’ai la solution, j’interviens. L’affaire de salaire ça dépend, il y’a des travailleurs qui sont payés à 3 millions et plus en tout cas mois il y’a certains de mes travailleurs qui prennent plus de 1 million. Si certains sont payés à 800 ; 900 ça c’est chez les autres contractuels mais chez moi non et surtout l’augmentation du salaire dépend des heures supplémentaires. Pour terminer, on leur demande d’être patients, ils auront bientôt leur règlement. Ils ont fait de bons boulots et nous sommes très reconnaissants » ajoute-t-il

Pour sa part, l’assistant administratif à Diamond Cement, Mohamed Camara, met les points sur les i.  Pour lui, on ne peut pas réintégrer une personne qui entrave les activités de l’entreprise. « Ce qui a motivé leur licenciement, c’est cette menace de Covid-19. Donc, pour éviter les attroupements au sein de la cour, voici pourquoi on a voulu réduire l’effectif pour un moment donné. Ils parlent aussi de congé technique à un licenciement. Pourquoi cela ? Vous dites à certaines personnes de votre entreprise de rester en stand-by jusqu’à un certain moment et après vous allez leur rappeler, c’est ce qui a été dit au début. Deux jours après, ces mêmes personnes reviennent entraver nos travaux. Pensez-vous que vous allez maintenir ces gens-là dans votre entreprise ?  Non ! Aucun Guinéen n’a été remplacé par un Togolais. La dernière fois lors de la négociation, on a dit c’est vrai c’est des maçons, des ouvriers, certes ils n’ont pas des formations nécessaires pour faire fonctionner l’usine mais nous allons prioriser d’abord les gens qui ont contribué à la construction de cette usine, avant de recruter dans les lieux environnants. Donc on leur demande d’être patients, ils auront leur argent dans ces deux jours et aussi de comprendre que leur grève fait à ce que des centaines de personnes sont restées à la maison sans travailler » a-t-il fait comprendre.

Aboubacar Dramé, correspondant régional à Kindia

+224 623 08 09 10

 

 

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