Le tribunal de première instance de Kissidougou a rendu son verdict dans le procès du réseau des » vendeurs en ligne » démasqués et arrêtés en début de ce mois d’août. Le procès de ces 33 personnes s’est ouvert le mercredi 17 août. Le président du tribunal a scindé ce réseau en trois groupes: le cerveau de la structure, les associés et les dupés.
Les citoyens de Kissidougou spéculaient sur l’identité de ce réseau d’arnaqueurs en ligne. D’aucuns disaient que c’est Q-NET. Le procureur de la République près le tribunal de première instance de Kissidougou, Aly Badra Koma, a enfin clarifié la situation en ces termes: « Il y a des gens qui disaient que ce sont des membres de Q-NET. Mais les papiers qu’ils avaient n’y faisaient pas allusion. Le nom de leur société est »INFINITY GUINÉE SARL ». La loi est difficile, il ne faut pas dire ce qui n’est pas dans le document. Même s’ils font la même activité, les sociétés sont distinctes »
Le chef du réseau avait rassuré le tribunal que sa société a eu l’autorisation de l’État de s’installer partout en Guinée.
Ce que le procureur a balayé d’un revers de main. « Malick a dit au président avoir reçu l’autorisation de l’État de s’installer sur toute l’étendue du territoire national, parce qu’il a payé le Registre de Commerce, Crédit et de Mobilier (RCCM) à partir de Conakry. On a prouvé par A+B que c’est un montage de mensonges pur et simple. Il est venu prendre le RCCM ici à Kissidougou. Ils ont pris le numéro d’enregistrement de quelqu’un à Conakry pour envoyer ici. C’est ce que nous avons démontré devant le tribunal que ces gens-là sont des menteurs. Parce le papier que l’État guinéen a donné à INFINITY GUINÉE SARL et celui qu’il a reçu ici, c’est pas le même nom. »
L’arrivée de cette société a été facilitée par Malick qui a fait toutes les démarches possibles pour la réussite de sa mission. « En Guinée, personne ne peut créer une société sans être enregistré dans le RCCM. Donc quand Madame la Directrice préfectorale du Commerce lui a remis le papier, il a pensé que tout était complet. Il s’est mis à chercher un local jusqu’à ce qu’il en a trouvé à Dar-Es-Salam. Ensuite, il s’est mis à appeler les autres. Le réseau est élargi jusqu’à une cinquantaine de membres. Comme on a mis main sur 33, nous avons pris des décisions contre ceux-ci. »
Le réseau des » vendeurs en ligne » déniché a été regroupé en trois catégories, selon le procureur. « Nous avons catégorisé ce réseau en trois groupes : les responsables du groupe qui ont démarché pour l’obtention des papiers, un groupe qui a appelé les autres pour rejoindre Kissidougou pour un travail et les autres qui ont payé leur argent dans l’espoir d’avoir un travail. Mais, le dernier groupe ne sait pas jusqu’à présent pourquoi il est ici à Kissidougou et pourquoi exactement il a donné son argent. Le pire, il ne regrette pas encore d’avoir donné de l’argent », poursuit le procureur.
Le président du tribunal a aussi procédé à la même catégorisation des 33 personnes que le procureur lui a présentées à la barre, avant de délibérer comme suit : « Les responsables, chacun paye une amende de 1.000.000; le deuxième groupe payera 500.000 chacun et les 13 qui ont été dupés seront libérés afin de rejoindre leurs foyers d’origine parce qu’ils ne connaissent personne d’autre ici et l’habitat que Malick avait pris leur a été retiré. Aussi il est interdit à toutes les 33 personnes de revenir à Kissidougou avant 5 ans. Mais, je vais rendre compte à mon chef hiérarchique qui est le procureur général près la cour d’appel de Kankan de la décision. S’il y trouve objection, je serai dans le devoir de les y référer », a conclu le procureur de première instance de Kissidougou.
Alphonse Facely Somadouno