La lettre sportive : une pensée pour Boubacar Kanté

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24 octobre 1997- 24 octobre 2020. Le nombre 24 est fatal à la presse sportive nationale. Le 24 octobre pour Kanté et le 24 février pour Kabinè Kouyaté.  Nous sommes dans la semaine de la date anniversaire de la disparition de Boubacar Kanté. Nommé directeur du Bureau de presse de la présidence de la République, après un très long exil en Côte d’Ivoire, Kanté devait rejoindre définitivement  le pays le 25 octobre 1997, pour occuper ses nouvelles fonctions. La veille de son départ, il fut sauvagement assassiné. C’est sa dépouille mortelle, qui rejoindra sa dernière demeure en sa terre natale de Dabola. Une enquête avait été diligentée  pour connaître les tenants et les aboutissants de cette scabreuse affaire. Mais depuis, c’est le silence complet autour de ce dossier. Faut-il en conclure que le meurtre de Kanté serait une affaire classée sur l’autel des raisons d’Etat. Bien introduit dans les milieux de son pays d’adoption, le défunt détiendrait beaucoup de secrets gênants…

  Triste parcours pour un homme qui en dépit de sa notoriété en Côte d’Ivoire et en Afrique  a vécu le mal du pays. Contrairement à ce que beaucoup d’entre nous pensent, l’exil n’est jamais doré. C’est pourquoi Kanté était tout heureux de revenir se remettre au service de ses compatriotes. Mais le destin en a décidé autrement.

Vingt-trois ans  après sa disparition, le souvenir de Kanté s’estompe progressivement, pour la simple raison, qu’il n’y a pratiquement rien qui puisse l’immortaliser. Il en est de même pour le doyen Pathé Diallo, l’Honorable Kabinet Kouyaté, et  Gassimou Sylla qui ont tous rejoint le royaume du silence. A ce propos, une mention spéciale à nos confrères de la presse sportive nationale, qui depuis 2010 ont  mis en place une association qui porte le nom du doyen Pathé Diallo.

 Dans le même ordre d’idées, en 2009, nos confrères ivoiriens ont rendu un vibrant hommage à Boubacar Kanté. On relèvera entre autres ‘’… les auditeurs se trouvent privés de grandes voix qui les faisaient rêver. Kanté Boubacar alias « Bouba », Jean Louis Farrah Touré dit « Loulou », Jean Baptiste Kacou Bi, Emmanuel Koffi, Brou Konan Bertin « KKB », Mohamed Fofana Darra, Rash N’guessan Kouassi… . Des reporters sportifs qui ont fait leur temps. Et marqué, à jamais, les auditeurs sportifs sur Radio Côte d’Ivoire. Des journalistes qui avaient l’amour et surtout la passion du métier de journaliste sportif. Ils en  avaient certes la qualité mais ils se donnaient les moyens de l’exercer. En fouinant, en se documentant, en se formant. Une génération qui a fait rêver les auditeurs, même dans les contrées les plus reculées du pays. Parmi eux, des génies du micro comme Kanté Boubacar (qui n’est plus) et Jean Louis Farrah Touré (aujourd’hui à l’Afp) crevaient, à eux seuls, l’écran. Mêmes présents sur les stades, des auditeurs, ne pouvaient se passer de leurs commentaires….’’ Un témoignage qui se passe de commentaires. La génération actuelle de journalistes sportifs devrait longuement méditer sur le parcours de nos devanciers. Et s’en inspirer.

En évoquant la carrière de Boubacar Kanté, on se focalise beaucoup plus sur son parcours de journaliste sportif, alors que dans les années soixante-dix, il a largement œuvré à l’essor de la musique guinéenne. A la tête de l’ex société nationale de pressage, de production et de distribution discographique Syliphone, Kanté s’est investi pour la promotion de notre musique moderne. 

Moussa Mara journaliste animateur de la radio nationale, qui nous a quittés le 25 juin 2008, avait réussi au cours d’une de ses émissions à recueillir le point de vue de Kanté alors en séjour à Dakar. Avec son franc parlé et sa vaste culture, Kanté est resté égal à lui-même. En substance, voici l’essentiel de son intervention au sujet de la musique guinéenne ‘’…Tout est question de réussite, de managariat, et puis aussi d’argent. Il faut que les gens sachent qu’il faille aller à l’étranger écouter les autres musiques et voir les grands concerts. On doit comprendre que les sons se font à Paris malheureusement aujourd’hui, aussi à Londres et aux Etats-Unis. Là-bas vous ne serez pas avec votre orchestre, seulement avec une ossature de gens qu’on appelle les requins de studio pour vos disques, et puis ensuite pour les shows, selon votre personnalité musicale plus votre stature de musicien, vous aurez des musiciens professionnels.

La Guinée va venir aussi en musique. Il faut beaucoup d’effort d’organisation, et qu’on n’attende pas tout de l’Etat. Il faut de l’imagination, parce que ce qui se fait actuellement en Côte d’Ivoire, au Sénégal est significatif. En 70-73, tous ces pays étaient derrière la Guinée. Ils ont évolué avec des initiatives personnelles. Par exemple, Aïcha Koné va enregistrer à Paris avec son argent personnel. On n’attend pas toujours l’apport du gouvernement pour entrer en studio ou acheter des instruments de musique. Il faut donc que les Guinéens commencent à s’obstiner, qu’ils s’organisent. Si le managariat est fait, il n’y a pas de raison qu’on ne puisse pas compétir avec les meilleurs.

En tout cas, pour le moment, le label Guinée c’est Mory Kanté qui fait partie des grands de la world musique. Pour le reste, il faut que les musiciens acceptent de voyager à l’étranger,  et qu’ils acceptent aussi d’aller à l’intérieur du pays enregistrer les sons du terroir. Il y a des rythmes extraordinaires, qui ne demandent qu’à être valorisés…’’ Un discours toujours d’actualité au regard de la situation de nos artistes musiciens. A mercredi prochain !

Thierno Saidou Diakité

 

 

 

 

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