L’Education, pilier central de l’édifice social (Par Famany Condé)

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L’une des forces du PDG-RDA a été son investissement dans le capital humain. C’est pourquoi d’ailleurs le Timonier de la révolution écrira :

-A chaque régime, le système d’éducation de la classe au pouvoir

-A chaque régime, le système de coercition de la classe au pouvoir

Comme on aime à le dire souvent, la première loi du progrès est la conservation de ce qui est acquis. Malheureusement en Guinée, cette loi n’est pas respectée, elle n’est même pas connue. Pour s’en convaincre il suffit de jeter un regard dans le rétroviseur de l’histoire de ce pays. L’une des jeunesses les plus dynamiques du continent a été sans prétention aucune, la jeunesse de la révolution démocratique africaine (JRDA). Le PDG avait vite compris que la jeunesse qu’il qualifiait d’aile marchante du parti, représentait le socle sur lequel il fallait bâtir l’avenir. Et les faits ont démontré que cette démarche était la meilleure car, elle a permis de mouler des hommes qui ont assuré le développement économique et social de ce pays. Cette jeunesse d’alors constitue de nos jours la couche intellectuelle la plus stable du pays. Elle connait prendre ses responsabilités et est soucieuse du devenir moral et économique de ce pays.

Ce rétrospectif est le témoignage évident du jugement que l’on porte aujourd’hui sur la société guinéenne. La déviance a commencé au soir du 2 avril 1984 quand les hommes en uniforme se sont emparés du pouvoir. Dans l’euphorie, sans aucune analyse au préalable, ils ont commis la plus grosse faute du siècle en disant : Liberté. C’est comme pour dire que de 1958 à 1984 le pays n’était pas libre et d’ailleurs, certains affirmeront que l’indépendance c’était en 1984. D’un simple revers de la main on a effacé 26 années de notre glorieuse histoire, de ce passé héroïque qui jadis était le miroir dans lequel se miraient les autres peuples africains. Certes le changement était nécessaire mais il devait être fait par étape dans une transition sage sans haine ni mépris. Or comme le témoigne aujourd’hui l’histoire, les nouveaux dirigeants ont été aiguillonnés par le désir de la vengeance et de la négation de tout les acquis moral, politique, économique et social du pays.

Donc, la jeunesse jadis espoir de demain, aile marchante du parti a été abandonnée à elle-même. Aucune structure de récupération ou d’encadrement n’a été mise en place pour canaliser cette force vive. Pendant plus de deux décennies, la jeunesse guinéenne sera  dans un navire sans capitaine ni boussole. Elle sera l’objet d’une agression médiatique sans précédent favorisée par une ouverture sauvage du pays à l’extérieur. Pendant ce temps, les parvenus du pouvoir abreuveront la jeunesse de mensonges en défigurant et transformant l’histoire du pays. Dans ces conditions la jeunesse va manquer de repères, au lieu de se mirer des faits des grands hommes du pays, elle va nourrir un mépris, une haine à l’égard de ces combattants de la liberté qui leur ont été décrits comme sanguinaires, comme dictateurs. La nature ayant horreur du vide, la place laissée par les nouvelles autorités pour l’éducation de la jeunesse, sera savamment récupérée par les autres qui voulaient se venger de l’affront de septembre 1958 et ceux qui ne voulaient pas de la révolution. Dans tout changement de régime il faut une transition au cours de laquelle on élabore et on établit les principes et les nouvelles règles pour l’orientation du devenir du pays. Tel n’a pas été le cas en Guinée, la libération des initiatives privées s’est faite dans un contexte absolument pas contrôlé. Et les conséquences ne se sont pas fait attendre.

Sur le plan économique le manque à gagner fut énorme, il suffit de faire l’état des lieux des entreprises et unités industrielles du pays qui sont passées à la trappe de ce soi disant privatisation. Sur le plan social on a assisté à la naissance du régionalisme et du sectarisme. L’émiettement du tissu social a alors commencé, sans en mesurer le danger, le peuple s’est accommodé de la chose et lentement les bases de l’unité nationale prendront un sérieux coup. L’école guinéenne qui avait jusque là permis la formation des cadres, véritables agents du développement national sera remise en cause. De nouvelles réformes seront envisagées qui ne tiendront pas compte des réalités du pays. Curieusement on se plaira à faire une comparaison avec nos voisins ignorant superbement le fait que ces pays n’ont pas la même histoire que nous, les mêmes réalités sociales que nous. Heureusement les dix années qui suivront cette réforme, les enseignants qui avaient été moulés par la révolution ont tant bien que mal tenu la barre pour éviter le naufrage collectif. Ainsi de 1984 à 1995, l’école guinéenne sera à l’image de ces anciens qui avaient le sens de l’honneur et de la responsabilité. Ils aimaient ce qu’ils faisaient et avaient la formation requise pour le faire.

Mais avec les réalités du temps et par la mauvaise gestion des dirigeants africains, l’Occident imposera au continent comme préalable à l’aide : la démocratie. C’est ainsi que le pays succombera aux charmes de cette nouvelle donne politique. Il faut avoir le courage de reconnaitre que feu, Général Lansana Conté avait mis en garde contre la prolifération des partis politiques en Guinée. Il ne sera pas compris. En plus un ancien président français a également dit que la démocratie était un luxe pour l’Afrique, lui non plus ne sera pas compris. La marche de l’histoire est inexorable, l’évolution des sociétés doit avant tout tenir compte des facteurs endogènes. L’Afrique n’avait pas besoin de renoncer à toutes ses valeurs sociales, morales pour se faire plaire à l’Occident. Les sociétés traditionnelles ont jadis permis aux peuples africains d’exister et de marcher dans le sens de leur devenir. Oui à la démocratie mais non à une copie certifiée conforme à l’occidentale. Les réalités économiques et sociales des Etats africains sont différentes de celles de l’Occident. Mais hélas, les dirigeants africains ne comprendront pas. Lentement et surement ils entraineront leur pays vers le chaos social de l’ethno stratégie, l’ethnocentrisme et le népotisme.

Le multipartisme intégral choisi par le pays permettra l’éclosion anarchique des partis politiques. Chacun veut alors se faire voir et, il faut savoir aussi qu’en Guinée tous ceux qui ont créé un parti politique veulent devenir président de la république. Pendant plus d’une décennie on se focalisera uniquement sur la conquête du pouvoir. L’éducation qui est le socle du développement sera négligée totalement. D’ailleurs la libre concurrence favorisera l’émergence d’un foisonnement d’écoles privées qui, en réalité ne sont pas créées dans un esprit de développement national. Il faut le dire ces écoles ont été créées pour un but purement lucratif. Le sérieux, la rigueur et le professionnalisme qui naguère caractérisaient l’école guinéenne cédèrent le pas à un laisser aller. Ces écoles dites privées ne disposent pas de personnel adéquat, ce sont les enseignants du secteur public qui y viennent pour des prestations de service. Aller savoir maintenant si on peut courir deux lièvres à la fois.

Il n’y avait dans le passé que deux universités en Guinée : IPGANC de Conakry et lPK de Kankan. La politique éducative d’alors permettait l’insertion de ces étudiants dans le tissu productif de la nation. Mais aujourd’hui le pays compte de plus d’universités que la Côte d’Ivoire, le Mali et le Sénégal réunis. Les étudiants qui proviennent de ces universités ne peuvent même pas rédiger une simple demande d’emploi. Comment peut-on alors espérer sur cette jeunesse qui refuse de se remettre en cause et qui s’agrippe aux artifices ? Le constant est inquiétant quand on sait que la relève d’un pays c’est sa jeunesse. Le fait que les autorités de la deuxième république n’aient rien envisagé pour la jeunesse conduit celle-ci aujourd’hui à ce qui prévaut sur le terrain.

Abreuver la jeunesse de mensonges en lui refusant son histoire authentique, calomnier les anciens dignitaires, ces facteurs ne pouvaient engendrer que ce que le pays connait maintenant. Une jeunesse sans repère, une jeunesse qui n’a aucune formation idéologique et civique, une jeunesse frappée de plein fouet par le phénomène de l’acculturation ou du déracinement s’égare. A cette allure on peut facilement croire que l’avenir est incertain car ceux qui doivent assurer la relève sont en grande partie inconscients du rôle qu’ils doivent jouer. Cette inconscience de leur responsabilité et de leur devoir vis-à-vis de la patrie les pousse aux excès comportementaux les plus absurdes. Ils sont comparables à des simples marionnettes que l’on actionne, parce qu’ils n’ont aucun élément de repère, aucune valeur à laquelle s’agripper.

Ce manque de civisme caractérise dangereusement la jeunesse du pays. Elle ne connait pas ce qu’elle doit faire et ce qu’elle ne doit pas faire. La violence, la casse, le vandalisme et autres actes déviants sont leurs spécialités. Savoir que les hommes passent mais les acquis demeurent, ils l’ignorent superbement. Comme possédés par le démon, ils sont prêts à insulter, à tuer et à saccager. Une jeunesse responsable doit avant tout préserver la dignité de son peuple, de sa patrie et des institutions de son pays. Voir maintenant une jeunesse qui s’en prend au président d’un pays est la pire des ignorances. Comme un père de famille qui tarabuste ses enfants, parler de leur indiscipline n’est pas un acte dramatique. Mais quand l’ignorance s’allie à l’incivisme, même chez les autres on n’hésite pas à montrer ce que l’on est réellement.

Il faut que la jeunesse guinéenne se ressaisisse, pour qu’elle puisse comprendre et mesurer l’immensité de ses responsabilités.

Il faut que la jeunesse guinéenne se remette en cause, pour qu’elle prenne conscience de ses tares et de ses insuffisances.

Il faut que la jeunesse guinéenne arrive à se prendre en charge et à se défaire de cette utopie que l’Etat doit les employer tous.

Il faut que la jeunesse guinéenne se prenne en charge à travers les projets porteurs de croissance.

Il faut que la jeunesse guinéenne lutte contre son manque d’initiatives, qu’elle puisse être à l’instar de leurs camarades d’ailleurs être capables d’innover en se lançant dans l’œuvre d’édification sociale.

Mais quand une jeunesse manque de repère et refuse de croire en elle-même pour se laisser divertir par des opportunistes et des vendeurs d’illusions, elle ne sera qu’une simple marionnette. Agir pour un 100.000 fg ou un 50.000 fg n’est pas la solution. La solution est de croire en soi et en ses capacités. Refuser la fatalité et croire qu’on peut réussir comme les autres, il suffit de s’y mettre. Les derniers événements tragiques et honteux qui se passent dans le pays sont les preuves évidentes du manque de formation et d’éducation de la jeunesse. Il est vrai que le Pr. Alpha CONDE est en train de poser les jalons du développement national, à travers de gros investissements. Mais ce serait intéressant maintenant d’investir plus dans le social car, on peut casser les édifices comme c’est le cas à Boké et à Kamsar, d’ailleurs dans cette zone côtière en général mais on ne peut pas casser un homme qui est bien formé.

L’éducation, on ne cessera jamais de le dire est le moteur du développement national, quand elle est dévoyée on se retrouve avec une jeunesse irresponsable qui ne connait pas ses responsabilités. Il serait très intéressant que l’on redéfinisse la politique éducative du pays si réellement on veut mettre fin à cette dépravation des mœurs. Dire Ministère de l’éducation nationale serait mieux indiqué que de dire  Ministère de l’enseignement. Revoir en profondeur la situation des écoles et universités privées du pays. Il faut oser le dire la quantité est là mais, la valeur non. Il faut que cela cesse, que l’on cesse de s’enrichir au détriment des autres. Que l’Etat accorde de la valeur à l’éducation, que les dirigeants cessent de mépriser cette école guinéenne qui doit réellement bénéficier de leur totale attention.

Il est bon de faire de la politique mais, éviter de la faire dans les écoles et dans les universités. Ce qui est paradoxale dans ce pays c’est que tout le monde fait de la politique, le cireur de chaussures, le charretier, le cordonnier etc. ce qui rend la chose un peu compliquée.

Comme on le dit : « si tu ne vas pas à Lagardère, Lagardère ira à toi ». Si l’Etat ne s’occupe pas de la jeunesse, la jeunesse s’occupera de lui. Le passage à vide que la jeunesse a connu au cours de la deuxième république nous met en face des conséquences d’un tel choix. Il est temps pour l’Etat de redresser le tir en prenant des mesures responsables et courageuses. L’insécurité et l’impunité demeurent le talon d’Achille de la présidence du Pr. Alpha CONDE. Aujourd’hui mêmes ces ennemis reconnaissent en lui sa volonté de développer le pays.

Mais comme le disent les agronomes :

« Qui chaule sans fumer, se ruine sans y penser ».

Par Famany Condé

Enseignant, Kindia

 

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