Les confidences (déchirantes) de Hadja Andrée sur les dernières heures du président Sékou Touré à Cleveland

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26 mars 1984-26 mars 2020. Il y a 36 ans décédait dans une clinique de Cleveland, aux Etats-Unis d’Amérique le premier président guinéen et père de l’indépendance nationale Ahmed Sékou Touré. Sa veuve, Hadja Andrée Touré, 86 ans, qui vit dans la villa Syli à Coléah a fait des confidences (déchirantes) à Mediaguinee sur les derniers moments de son défunt mari qui partit de Conakry dans un avion médicalisé saoudien affrété par le roi pour les Etats-Unis. Extrait de l’interview…

(…) L’Arabie Saoudite a envoyé un médecin spécialiste et ce sont eux les Saoudiens qui ont voulu que le président aille à Cleveland. Ils ont envoyé leur avion médicalisé, mais le président ne voulait pas aller aux Etats-Unis. Ils ont mis trop de pressions sur lui parce qu’il fallait le faire vite, on n’avait même trop attendu. L’avion-là est arrivé avec un médecin, c’est le roi d’Arabie Saoudite [Fahd ben Abdelaziz Al Saoud] qui l’avait affrété. C’est cet avion-là qu’on a pris. Le président est monté tout seul dans l’avion, il n’a pas été aidé. Comme c’était un avion médicalisé qui avait sa chambre préparée, le médecin qui était venu a dit qu’il permettait à Mohamed [le fils du président] seul d’aller rester à côté de son père. Donc moi, je ne suis pas restée avec lui. Le matin, je suis venue le voir avant qu’on ne descende aux Etats-Unis (Cleveland). Il était en forme, il était assis même et je lui ai dit : ‘’président, vous avez bien dormi ?’’ Il dit : ‘’oui, j’ai bien dormi. La clinique de Cleveland aux Etats-Unis a son terrain d’aviation et elle a beaucoup d’autres installations y compris l’hôtel. Ils sont venus recevoir le malade, l’amener directement à la clinique et nous, on nous a logés à l’hôtel. Ils ont dit qu’ils vont prendre le temps de l’examiner mais qu’après, qu’on viendra le voir. Nous sommes allés effectivement le voir, ils (médecins) étaient très confiants, ils m’ont dit 98% de chance. C’est en ce moment que mon mari a dit : ‘’l’homme propose, Dieu dispose’’. Il a enlevé sa montre et sa bague pour me les donner. On est rentrés à l’hôtel. Les enfants, surtout Ami [Aminata Touré, maire de Kaloum], elle était très excitée déjà… Mais moi, je n’étais pas tranquille, je suis rentrée dans la chambre et je n’avais même pas déjeuner ce jour-là et je me suis couchée. Et trois fois, j’entendais qu’on m’appelait. On m’appelle, je dis oui, j’ouvre les yeux je trouve que je suis seule dans la chambre. Ami a dit : ‘’Tantie, tu parles avec qui ?’’. J’ai dit : ‘’non, on m’appelle’’. Moi, je suppose que c’est en ce moment-là que mon mari est décédé. Trois fois, il m’a appelé, j’ai entendu qu’on appelait et j’étais seule. Mais comme les médecins avaient dit qu’à 18 heures qu’ils viendront me voir, j’ai dit aux enfants de se préparer parce qu’à 18 heures si on vient me chercher, je n’attendrais personne. Je me suis préparée avant 18 heures pour attendre les médecins et ils sont venus effectivement à 18 heures comme ils avaient promu. Dès qu’ils ont frappé à la porte, j’ai couru pour aller ouvrir. Mais quand j’ai ouvert la porte, personne ne m’a annoncé le décès de mon mari. Parce que les médecins eux-mêmes avaient tellement pleuré que leurs yeux étaient rouges. Donc, c’est ce qui s’est passé. Ce qui devrait arriver est arrivé, on ne pouvait rien.

On a bien préparé le corps. Et comme il y avait l’avion que l’Arabie Saoudite avait fait venir, c’est cet avion qui nous a ramenés à Conakry. Maintenant quand on est venus ici [en Guinée], il y a eu trop de mensonges.

On arrive là, les gens ont pensé qu’il fallait exposer le corps. C’est moi qui n’ai pas voulu ça. J’ai refusé en disant non. Il était dans un cercueil où on pouvait voir une partie à travers la partie qui était vitrée sans qu’il ne soit enlevé du cercueil et exposé. C’est moi qui ai refusé qu’il soit exposé. Et c’est ce que les gens ont dit maintenant qu’il n’était pas là.

Des Etats-Unis, nous sommes venus directement à Conakry, sans escale, et avec un représentant du département d’Etat américain qui était dans l’avion avec nous. Il meurt aux Etats-Unis, on l’embarque pour Conakry et certains disent ici qu’on a mis des cailloux dans le cercueil à la place du corps. Tous les mensonges ont été fabriqués ici en Guinée, c’est dommage. L’homme qui a tant aimé son peuple et son pays, pourquoi on va le cacher ? Quand on m’a interviewée là-bas, j’ai dit mais le corps a été largué ou quoi ? Certains disent qu’il a été enterré au Maroc ou en Arabie Saoudite. (…) »

Propos recueillis par Mamadou Savané

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