[Lettre ouverte au président Alpha Condé] : ‘’aujourd’hui, notre pays se trouve dans une situation de désordre’’ (Sékouba Maréga)

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Excellence Monsieur le Président de la République, Pr alpha condé.

Permettez-moi, par ces mots, vous présenter mes sincères félicitations pour votre élection à la magistrature suprême de notre pays au compte de votre premier mandat de la quatrième République à l’occasion de l’élection présidentielle du 18 octobre 2020. Cette confiance renouvelée des guinéens à votre personne, est à la fois un honneur et un défi qui ne sont pas donnés à toute personne.

Monsieur le Président, votre élection à la tête de notre pays, intervient dans un contexte sociopolitique particulier. Ce contexte sociopolitique met inéluctablement en branle les fondements même de notre jeune État. Nous espérons que les prochains jours qui suivront votre investiture, cette situation de crise sera très vite réglée en restaurant l’autorité de l’Etat afin d’éviter à la Guinée et aux guinéens, les conséquences d’une anarchie délibérée.

Excellence Monsieur le Président de la République,

Votre première élection à la magistrature suprême de notre pays en octobre 2010, a suscité beaucoup d’engouement, d’espoirs, et d’ambitions au sein de la population guinéenne. Nous avions crû en une nouvelle Guinée unie, prospère, émergente et indépendante.

En effet, La Guinée avait bien entamé la voie de ce grand rêve, des actes ont été posés, les jalons d’un développement durable ont été posés çà et là, au rang desquels nous pouvons citer sans gêne : l’organisation des fêtes tournantes de l’indépendance dans des grandes villes du pays avec la réhabilitation des infrastructures, la maitrise socioéconomique de base, la réforme des armées et de défense, la maîtrise du taux de l’inflation monétaire, l’atteinte du point d’achèvement du PPTE pour ne citer que ceux-là.

Monsieur le Président, à l’occasion de votre réélection en 2015, le peuple de Guinée vous a encore renouvelé sa confiance dès le 1er tour du scrutin. Et, j’avoue qu’au cours de cette deuxième mandature, plusieurs complexes hôteliers sont sortis du sol comme des champignons tout au long de la capitale; il y a aussi la réalisation du barrage hydroélectrique de Kaléta, suivie du lancement des barrages de Souapiti, Amaria, etc. Cette mandature fut également marquée par l’instabilité sociopolitique qui a duré plusieurs années. Comme dans toutes les démocraties du monde, les mouvements sociaux sont de très bons signes, car, ils montrent ainsi, le désaccord de certaines minorités par rapport aux décisions de la majorité. Mais que ces mouvements perdurent, ou restent sans une réponse adéquate ou soient réprimés, est un signe de dysfonctionnement du système politique.

Ainsi, nous savons que la crise nourrit la crise, soit par manque d’un « output » adéquat ou d’une simple relégation des exigences. Cette situation conduit le pays dans une situation d’instabilité permanente, laissant ainsi croire que l’Etat a failli à ses rôles les plus fondamentaux comme la régulation des intérêts contradictoires des individus ou des groupes d’individus qui composent notre société. Cette situation est en train petit à petit de socialiser les citoyens guinéens, à l’usage excessif de leurs droits de manifestation, d’association, de cortège et de leur liberté d’expression mais aussi et surtout de les socialiser d’une situation d’anarchie dont le fondement est le chao.

Excellence Monsieur le président,

Aujourd’hui, notre pays se trouve dans une situation de désordre. Avec environ une décennie de tiraillement entre les acteurs politiques, souvent pour des questions purement personnelles ou d’intérêts égoïstes, nous avons laissé de côté l’essentiel de la mission de l’Etat et de la politique en générale, celle de l’amélioration des conditions de vie des populations.

En Guinée, nous avons un modèle politique fondé sur la Démocratie Libérale dont il faut avoir un sens élevé de discernement pour pouvoir le comprendre; mais, avec une population de plus de 80% d’analphabète, ne sachant ni lire ni écrire en français pourtant langue officielle du pays, rend la transposition de la démocratie libérale difficile sinon impossible. Vous affirmiez cependant dans un de vos discours au palais du peuple de cette année que : « quatre-vingt pourcent (80%) de ceux qui m’ont élu sont ceux qui ne savent pas dire RPG, plutôt RPC » pour cause d’analphabétisme. Malheureusement, ce sont plutôt ceux-là qui souffrent des querelles politiques.

Depuis 2010, vous vous battez pour les femmes et les jeunes, mais en réalité la jeunesse reste désœuvrée, croupissant sous un chômage massif et généralisé. Cet état de fait rend les jeunes vulnérables aux manipulations politiques et si fait qu’aujourd’hui la jeunesse est fortement politisée sans aucune conviction; elle est la première recette des politiques parce-que s’offrant aux mieux disant, ce qui rend l’achat de conscience, un phénomène existentiel dans notre société.

Excellence Monsieur le Président de la République,

La faiblesse de la justice est aujourd’hui un notre pan du problème des guinéens, car, sans justice d’Etat équitable, les citoyens prennent leur mal en patience ou risquent de se rendre eux-mêmes justice. Je sais que vous n’êtes pas responsable du pouvoir judiciaire, mais je sais par contre que vous avez le contrôle du Ministère de la justice qui pilote l’action publique.

Monsieur le Président,

L’avenir politique de notre jeune État m’inquiète énormément, car, cette classe politique que vous avez longtemps critiquée a des éléments aussi bien dans l’opposition actuelle que dans la majorité présidentielle. Nous jeunes, souhaitons un remaniement global de cette classe politique et une réforme profonde de notre modèle politique calqué sur le modèle politique occidental qui n’est ni adapté ni adaptable à nos réalités. Nous voulons un modèle politique africain ou du moins un modèle politique africanisé afin d’atténuer les problèmes liés aux contentieux électoraux et aux crises politiques pour nous concentrer sur l’essentiel, les questions de développement et de croissance économique.

Excellence monsieur le président,

Nous voulons, une fois encore, comme en 2010 compter sur votre leadership pour pousser cette classe politique à la touche.

Espérant que cette lettre vous arrive dans le meilleur délai, je vous prie d’agréer, excellence Monsieur le président de la République, mes considérations distinguées.

Cordialement à vous, excellence !

Sekouba MAREGA

Analyste politique

sekoubamarega224@gmail.com

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