L’interview du mois/ Mamady Youla, Premier ministre : ‘’nous sommes pour une solution à deux Etats (Palestinien et Israélien)’’ 

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Depuis deux ans, Mamady Youla est le Premier Ministre, Chef du Gouvernement guinéen. Cet entretien exclusif est l’occasion d’éclairer l’opinion sur les acquis et les réformes majeures mises en place pour la bonne gouvernance depuis sa désignation à ce poste. C’est également une opportunité de revenir sur quelques-unes des perspectives qu’il entend mener à bien au cours des prochains mois.

Bonjour Monsieur le Premier Ministre, et merci de nous recevoir à l’occasion de ce premier numéro de l’année du « Le Bulletin du Gouvernement ». Revenons quelque temps en arrière, si vous le voulez bien Monsieur le Premier Ministre. Il y a bientôt deux ans, le Professeur Alpha Condé a obtenu un deuxième mandat avec 58% des voix de l’électorat. Cela lui a permis de poursuivre la réalisation de projets conçus au cours du premier mandat. Quels étaient les objectifs de votre gouvernement lors de votre prise de fonction ? Ont-ils été atteints à date ?  

Bonjour et merci de me donner l’occasion de parler davantage de l’organisation et du fonctionnement du travail gouvernemental, mais aussi de communiquer plus en détails sur les réalisations et les perspectives.

Effectivement, le Président Alpha Condé a été élu en 2010 et a été réélu en fin d’année 2015 dès le premier tour. Je dois dire que sa réélection traduit avant tout l’appréciation par les populations de son bilan avec de nombreux acquis dans la majorité des domaines, et notamment en matière d’énergie. La Guinée souffrait d’un déficit énergétique très important ; ce qui a amené le Président de la République, au cours de son premier mandat, à lancer la réalisation d’un des plus importants projets énergétiques du pays avec la construction du barrage hydroélectrique de Kaléta. Ce qui a permis d’améliorer et parfois de changer le quotidien de millions de guinéens. Ce projet a permis à de nombreuses localités en Guinée d’avoir accès à l’électricité pour la première fois, pour certaines d’entre elles, et, pour d’autres comme Conakry par exemple, d’avoir une alimentation permanente. Au-delà de Kaléta, il y a eu d’autres investissements dans des centrales thermiques qui sont venus renforcer la capacité de la compagnie nationale d’électricité, EDG, en vue de satisfaire la demande sans cesse croissante des populations.

S’agissant du secteur du développement rural, le Président de la République en a fait une de ses priorités dès son élection.  De nombreux projets d’appui à l’agriculture, à l’élevage et à la pêche ont été réalisés avec un véritable impact sur la production du secteur. Au niveau des infrastructures, de nombreuses initiatives touchant notamment les infrastructures de transport, les infrastructures d’appui aux nouvelles technologies, les infrastructures sociales notamment en matière de santé et d’éducation, ont été lancées avec succès. En somme, de grands chantiers ont été engagés au cours de ce premier mandat sur le plan économique et social. Encore une fois, ce sont toutes ces réalisations qui ont permis la réélection du Professeur Alpha Condé dès le premier tour avec 58% des suffrages exprimés.

Nous venons effectivement d’achever la deuxième année du second mandat du Président. L’un des premiers actes qu’il a posés au début de ce second mandat fut la pose de la première pierre et le lancement du projet de construction du barrage de Souapiti. Un projet dont la puissance installée est le double de celle du barrage de Kaléta. C’est un défi personnel que le Chef de l’Etat s’est lancé pour réussir le pari de l’électrification de la Guinée. Il a, dans cette perspective, pris des initiatives dans les domaines de l’énergie et en particulier des énergies renouvelables. Il existe donc aujourd’hui une vraie politique énergétique appuyée par des projets de grande envergure qui sont portés par le Président de la République; ces projets d’intérêt national assureront une certaine autosuffisance en énergie électrique du pays, permettant même à la Guinée d’exporter de l’énergie dans la sous-région à moyen terme.

Ces dernières années le pays a fait de grands progrès au niveau de la transparence et de la démocratisation. Cela favorise les investissements étrangers et stimule la croissance économique. Pourriez-vous nous énumérer brièvement les changements socio-économiques les plus remarquables ? Quelles sont vos projections pour l’avenir ?

Il faut rappeler que le Président Alpha Condé a été élu après deux années très difficiles pour la Guinée, marquées par une transition militaire.

A l’arrivée au pouvoir du Président de la République, un certain nombre d’institutions prévues par la Constitution Guinéenne n’étaient pas opérationnelles tandis que d’autres n’étaient tout simplement pas créées. Il y avait par exemple une instance appelée Conseil National de Transition (CNT), qui faisait office de Parlement. Par la suite, des élections législatives ont été organisées pour mettre formellement en place l’Assemblée Nationale (Parlement). C’est le cas également de toute une série d’institutions usuellement appelées ‘’Institutions Républicaines’’ qui sont prévues par la Constitution Guinéenne et qui ont toutes été mises en place. Parmi celles-ci on peut citer la Cour Constitutionnelle qui a contribué à asseoir les conditions de l’exercice de l’Etat de droit. En ce qui concerne le secteur de la justice, le Conseil Supérieur de la Magistrature a été mis en place. Il joue aujourd’hui un rôle très important, car il garantit l’indépendance des magistrats de l’ordre judiciaire par rapport au pouvoir exécutif. En somme, il garantit non seulement une certaine liberté au niveau de la justice, mais veille également à la bonne application de la loi. D’autres institutions comme la Cour des Comptes, l’Institut National Indépendante des Droits de l’Homme (INDH), la Haute Autorité de la Communication (HAC), ont été également mises en place.

Tout ceci a permis un meilleur exercice de l’Etat de droit et de la démocratie. Je voudrais rappeler par ailleurs que le statut de leader de l’opposition a été adopté à l’initiative même du Chef de l’Etat.

En ce qui concerne le Gouvernement que j’ai l’honneur de diriger, il a été mis en place au début de l’année 2016 à la suite de ma nomination en fin d’année 2015. Depuis ce moment nous avons initié un certain nombre de politiques et de projets articulés autour de différents axes avec l’exigence de les inscrire dans un cadre stratégique unique et cohérent. Depuis l’année dernière, nous avons travaillé à l’élaboration et la mise en œuvre d’un Plan National de Développement Economique et Social (PNDES) à l’horizon 2020 qui définit donc le cadre d’intervention de l’ensemble des actions pour le développement à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs que nous a assignés le Chef de l’Etat à travers sa Lettre de Mission au Premier Ministre.

Nous avons, à travers ce plan, défini quatre (4) axes prioritaires qui vont concourir à atteindre ces objectifs dont la finalité première est l’amélioration des conditions de vie de nos populations. Il s’agit, dans un premier temps, de promouvoir la bonne gouvernance dans le cadre du développement économique ; nous avons ensuite, comme axe prioritaire, la transformation structurelle de notre économie; le troisième axe porte sur le développement inclusif du capital humain, c’est à dire tout ce qui concerne notamment l’éducation, la santé , l’emploi mais aussi le cadre de vie des populations; et enfin, le quatrième axe est orienté vers la préservation de l’environnement et le développement durable.

Le rôle du Gouvernement, c’est aussi de créer le cadre qui favorise l’investissement privé national mais surtout étranger. Nous mettons en place ce cadre pour améliorer le climat des affaires et inciter les détenteurs de capitaux à investir tout en leur offrant des garanties en ce qui concerne la sécurité de leurs investissements. La Guinée améliore chaque année son rang dans le classement ‘’Doing Business’’ de la Banque Mondiale depuis 2013. Nous avons gagné 13 places entre 2013 et 2016, ce qui fait que notre pays a été classé parmi les 20 pays les plus réformateurs au monde au cours de cette période. Nous avons gagné 10 places supplémentaires dans le rapport Doing Business 2018 ; et la Guinée a été distinguée parmi les cinq pays les plus réformateurs en 2017 dans le classement de la Banque Mondiale sur la Compétitivité des Investissements.

Comme évoqué plus haut, le deuxième axe prioritaire du Gouvernement est orienté vers la transformation structurelle de notre économie comportant les actions qui concourent à un développement économique durable et inclusif du pays.

Aujourd’hui, l’équipe gouvernementale a un ambitieux programme de développement des routes, des chemins de fer aussi bien pour le transport des personnes que celui des marchandises. Certaines initiatives sont liées aussi au développement des projets miniers. En ce qui concerne les infrastructures portuaires, nous avons un projet d’extension du Port Autonome de Conakry, mais aussi de certains ports miniers. Nous prévoyons aussi la construction de nouveaux ports pour l’exportation des minerais. S’agissant des infrastructures routières, nous avons réalisé des ponts et des routes reliant Conakry au reste du pays pour améliorer la circulation des personnes et des biens et accroître les échanges entre la Guinée et les pays frontaliers (Mali, Sierra Leone, Cote d’Ivoire, Sénégal, Guinée Bissau, Libéria).

Ce sont des secteurs dans lesquels nous comptons attirer d’importants investissements et les politiques sont orientées en conséquence.

Sur le plan économique et social, l’agriculture reste une priorité. La Guinée a un potentiel important dans ce domaine. La Guinée était le premier exportateur de bananes et d’ananas à la fin des années 50. Il y a dans ce secteur, un véritable potentiel qui n’a jamais été mis en valeur. Le Président de la République a mis l’accent depuis son premier mandat sur la sécurité alimentaire et entend poursuivre dans cette direction avec le programme PASANDAD (Programme Accéléré de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle et de Développement Agricole Durable). De nombreuses initiatives portant sur les cultures vivrières (riz, fonio, manioc, pomme de terre, etc.) et les cultures de rente (ananas, anacarde, café, cacao, palmier à huile, coton, etc.) ont été lancées et bénéficient de l’accompagnement du Gouvernement. Les besoins spécifiques en engrais organiques sont passés de moins de 20.000 tonnes à plus de 60.000 tonnes en 2017. Le Gouvernement assiste également les producteurs en achetant directement leur production à des prix compétitifs et sur les lieux de production. Pour améliorer la productivité dans ce secteur, le Gouvernement a déjà identifié les différents défis auxquels le département en charge de l’agriculture apporte des réponses appropriées.

Toujours dans le domaine rural, nous avons également quelques actions portant sur l’élevage et la pêche. La Guinée est un pays qui a une grande tradition d’élevage et qui détient des races bovines parmi les plus résistantes telle que la race N’Dama, etc. Ceci explique le fait que certains pays de la sous-région s’approvisionnent en Guinée. Aujourd’hui, nous comptons encourager les investissements à travers des partenariats public-privé afin de relancer ce potentiel. Il en est de même pour le secteur halieutique.

L’année 2017 s’est achevée avec des résultats et de belles perspectives économiques pour notre pays. On pense notamment aux engagements de nos partenaires pour le financement de l’ambitieux PNDES – auquel vous faisiez allusion un peu plus haut – à hauteur de 21 milliards de dollars. Pouvez-vous revenir sur vos objectifs de départ lors de la préparation de cette Réunion avec les bailleurs de fonds en Novembre dernier à Paris et sur le processus qui suivra après cet événement. 

Effectivement, à l’issue de l’élaboration du PNDES 2016-2020, les estimations des besoins de financement se situaient aux environs de 14 milliards de dollars US ; bien que jugé trop ambitieux par certains observateurs, nous avons réussi à couvrir ces besoins de financement bien au-delà de nos attentes les plus optimistes en décrochant vingt et un milliards de dollars US.

La réunion de Paris avait été programmée donc pour présenter le dossier aux partenaires financiers avec lesquels nous avions travaillé sur toutes les problématiques au cours des longs mois de préparation du PNDES. C’est l’aboutissement d’un processus qui a duré près de 2 ans.

Le financement du PNDES 2016-2020 sera assuré selon trois modalités d’intervention ; c’est-à-dire que le financement de ce plan de développement de la Guinée proviendra d’une part du budget de l’Etat guinéen, d’autre part des partenariats publics et privés, et enfin tous les autres volets relèveront plus des initiatives provenant du secteur privé, puisque cette part est portée par les secteurs de l’agriculture, de l’industrie, des infrastructures, des mines, etc.

La phase suivante consistera à la mise en œuvre ; nos partenaires étant déjà rassurés par la qualité du travail gouvernemental et par la vision claire portée par le Chef de l’Etat dont le leadership permet justement de mobiliser les énergies.

Justement, Monsieur le Premier Ministre, il convient de s’interroger désormais sur les mécanismes de décaissement de ces fonds pour booster le développement du pays. Quelles dispositions sont prises à ce niveau ?

Des actions initiées par le Gouvernement contribuent déjà à améliorer la capacité des Ministères et des diverses structures à absorber les fonds mis à leur disposition pour la réalisation des projets sur financements intérieurs ou extérieurs. En Guinée, comme dans de nombreux pays, l’une des problématiques essentielles dans l’utilisation des ressources financières mises à disposition par l’Etat lui-même, et par les partenaires techniques financiers, réside dans la faible capacité d’absorption de ces ressources. En somme, cette insuffisance se reflète dans tout le cycle de vie des projets, de l’élaboration en amont des études, à la phase de décaissement en passant notamment par la formulation des projets, les procédures de mise en vigueur et de passation des marchés.

Si nos pays ont des partenaires techniques financiers qui les accompagnent dans leurs efforts de développement par des appuis financiers et techniques, il n’est pas normal que divers obstacles internes, propres à nos Administrations, nous freinent dans l’absorption et l’utilisation efficiente de ces ressources.

Parmi les thèmes retenus pour meubler des séminaires, il faut accorder également une bonne place à la pertinence et au rôle d’un système ou d’une structure de veille. Un séminaire est en effet, le moyen approprié de diffuser les méthodes pour  lever les obstacles qui s’opposent à la bonne exécution budgétaire, financière et physique des projets, et permettre aux acteurs d’améliorer la capacité d’absorption des ressources intérieures et extérieures pour faciliter la concrétisation de la stratégie globale de développement à moyen terme portée aussi par le PNDES et une utilisation à bon escient des fonds,  et la prise en compte de la redevabilité sociale, contribuent à l’amélioration de la capacité d’absorption d’un pays.

Mais le Gouvernement prend des mesures fortes pour améliorer sensiblement la capacité d’absorption et s’assurer que l’ensemble des financements disponibles soit mobilisé de manière effective avec le souci d’une utilisation rationnelle pour répondre au mieux aux besoins de nos populations.

Cela passe notamment par les réformes en cours en matière de formulation d’études, de programmation, de passation de marchés publics, mais également de contrôle et de suivi de l’action gouvernementale sous la tutelle de la Primature.

Parlons assainissement à présent, monsieur le Premier Ministre ; quels sont les plus grands défis rencontrés dans la gestion des déchets en Guinée ?

La question de la gestion des déchets, dans notre capitale notamment, est brûlante et nous y accordons une place essentielle dans nos priorités.

Dans ce dossier, nous avons fait un certain nombre de constats et avons trouvé qu’il y’avait une multiplicité d’acteurs, c’est à dire que les responsabilités étaient quelque peu diffuses. Nous avons aussi constaté qu’assainir une ville de quelques millions d’habitants, coûte beaucoup d’argent et qu’il s’agit d’un travail complexe qui nécessite une vraie compétence. Il faut pour cela des professionnels. Le défi est donc clairement défini. Il s’agit de professionnaliser la filière tout en veillant à une répartition optimale des responsabilités et des rôles.

Fort de ces constats, nous avons approché des partenaires comme l’Union Européenne, et plus tard la Banque Islamique de Développement, qui ont accepté d’accompagner le Gouvernement dans la mise en place d’une solution viable et durable face au problème de l’assainissement, avec un appui financier considérable annoncé pour un montant d’environ 50 millions de dollars us.

L’Agence Nationale de l’Assainissement et de la Salubrité Publique (ANASP) a été mise en place par un Décret du Chef de l’Etat et un Comité Interministériel présidé par le Premier Ministre est chargé de conduire le processus de professionnalisation articulé dans un document de stratégie qui prévoit notamment la remise à niveau des équipements et des infrastructures (décharge de la minière, points de regroupement, nouvelle décharge à l’extérieur de Conakry) et surtout le recrutement d’un opérateur de référence.

Aujourd’hui, le travail de concertation se poursuit avec l’ensemble des parties prenantes (ministères, PME, collectivités locales et partenaires) et nous serons en mesure d’apporter des solutions idoines et pérennes très prochainement.

Monsieur le Premier Ministre, le Président Américain Donald Trump vient de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël pour son pays. Ouvrant ainsi une nouvelle fenêtre de tension dans la région. Quelle est la position de la Guinée dans ce dossier ?

Il est vrai que les relations internationales, en cette année 2017, ont été assez riches en évènements. Mais je dois dire que sur la question de Jérusalem et, plus généralement, sur celle du conflit israélo-palestinien, l’Etat guinéen depuis plusieurs années a une ligne directrice constante et le Chef de l’Etat le répète souvent: nous sommes pour une solution à deux Etats (Palestinien et Israélien). C’est d’ailleurs la position de la majeure partie des pays membres des Nations Unies qui ont condamné cette décision unilatérale américaine (128 voix contre 9 et 35 abstentions) le 21 Décembre dernier.

“Des solutions africaines aux problèmes africains”, dixit le Président Alpha Condé. Pensez-vous que l’Afrique est suffisamment prête pour faire face elle-même aux nombreux problèmes auxquels le continent doit faire face ?

Je partage totalement cette vision du Chef de l’Etat et il l’a rappelé à de nombreuses reprises durant son mandat à la tête de l’Union Africaine. Dans des cas précis, comme en Lybie, nous voyons aujourd’hui les conséquences et payons le prix d’une certaine ingérence étrangère.

Nous devons désormais être à la hauteur de nos ambitions, de notre volonté de souveraineté et prendre en main notre destin en appliquant progressivement le contenu des recommandations contenues dans les Réformes ébauchées par l’équipe du Président Kagamé.

Parlons quelques instants de vous Monsieur le Premier Ministre. Membre fondateur et premier Président de la Plateforme de Concertation du Secteur Privé Guinéen, vous avez également été Président de la Chambre des Mines de Guinée, et êtes désormais Premier Ministre de la République de Guinée. Quelles ont été vos acquis les plus précieux vous permettant de réussir en qualité de leader?   

Je pense qu’il est important de s’engager et de prendre des initiatives.

J’ai travaillé dans le secteur des mines il y a plusieurs années. A l’époque, ce secteur était confronté à de nombreux défis et l’entreprise que je dirigeais faisait face à de nombreux problèmes. Etre le premier guinéen à diriger une société minière a été pour moi un véritable parcours du combattant ; j’avais la très nette impression que les obstacles étaient plus nombreux lorsqu’on était Guinéen et dirigeant d’une société avec des investisseurs privés étrangers. Etant donné qu’il fallait mener ce combat sur plusieurs fronts, il n’était pas envisageable de le faire dans le seul cadre de la société que je dirigeais à l’époque. Il fallait, en effet, très souvent engager des discussions soit avec le Gouvernement ou les entités publiques pour résoudre certaines de ces difficultés. C’est la raison pour laquelle je me suis orienté vers la Chambre des Mines dont je suis devenu le Président par la suite. C’était pour moi une manière d’engager le dialogue avec les pouvoirs publics, au nom de l’ensemble du secteur minier en Guinée. Ce dialogue était important pour permettre le développement des investissements privés notamment étrangers dans le secteur minier.

Ensuite, je me suis rendu compte qu’au-delà du secteur minier, il fallait faire en sorte que le secteur privé puisse fonctionner de manière harmonieuse. A ce niveau également, les difficultés étaient nombreuses et variées. C’est pour cela que nous avons initié la création de la Plateforme de Concertation du Secteur Privé Guinéen. Cette plateforme regroupe l’ensemble des organisations patronales et professionnelles du secteur privé. Nous avons mis en place cette plateforme en nous inspirant du modèle et de la dynamique de la Chambre des Mines, entité la mieux organisée et structurée à l’époque. A l’issue de ce processus, j’ai eu l’honneur d’être élu par mes pairs du secteur privé comme Premier Président de la Plateforme de Concertation du Secteur Privé Guinéen (PCSPG).

Donc, pour pouvoir parler d’une seule voix au Gouvernement et aux autres entités publiques, organiser nos actions de manière efficiente et concertée, il était nécessaire de créer cette plateforme où tous les acteurs privés des différents secteurs d’activités peuvent participer. Le but de la plateforme est de participer à ce que nous avons appelé « le dialogue public privé » qui a pour objectif de discuter des questions de développement du secteur privé en Guinée, entre des représentants dûment mandatés de ce secteur et les pouvoirs publics.

Après avoir contribué avec mes pairs à poser les bases sur lesquelles il devenait possible de réorganiser le secteur privé pour pouvoir dialoguer avec les pouvoirs publics, j’ai été nommé Premier Ministre. Je me suis retrouvé en face de ceux que je représentais auparavant.

Nous continuons aujourd’hui encore ce travail de construction qui doit permettre de structurer les initiatives privées en Guinée. Et nous le renforçons même. J’y veille personnellement. C’est un peu plus facile pour moi aujourd’hui en tant que Premier Ministre de comprendre les besoins du secteur privé, après en avoir été un acteur et avoir été confronté aux réalités de ce secteur.

Je suis heureux aujourd’hui d’être à ce niveau pour comprendre comment on peut faciliter leur travail, faire en sorte que l’investisseur privé puisse travailler sans difficultés majeures. Pour cela, j’ai initié des rencontres mensuelles entre les représentants du secteur privé et le Gouvernement. Chaque mois, nous tenons une réunion de concertation afin de passer en revue les questions qui constituent des points de blocage à l’investissement privé en vue de les résoudre et améliorer le cadre des affaires en Guinée.

Avant d’être nommé Premier Ministre, vous avez préalablement été le premier Guinéen à diriger une multinationale dans le secteur minier à la tête de GAC pendant plus de 10 ans, vous avez également travaillé 8 ans à la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG) sans parler de vos nombreuses années au sein de l’administration guinéenne, au sein de différents ministères ou bien aux Conseil d’Administration du Port Autonome de Conakry (PAC) ou d’ENELGUI entre autres. Etant donné cette riche expérience diverse, Quel héritage souhaitez-vous laisser à la Guinée à la suite de votre passage?

Ce parcours m’a donné une expérience riche et une connaissance approfondie de la Guinée et de son économie puisque j’ai travaillé dans les secteurs financier, économique et minier. Dans le secteur privé, je travaillais à un niveau qui me permettait d’aborder beaucoup de questions et de toucher de nombreuses réalités.

Me retrouver aujourd’hui à la tête du Gouvernement avec cette expérience, me permet de rationaliser les initiatives pour amener les secteurs public et privé à dialoguer dans un cadre organisé et structuré. Mais au-delà de ce cas précis, cette expérience accumulée au cours des années me permet de prendre des décisions, d’avoir plus de recul et un point de vue plus avisé sur des questions spécifiques.

Aujourd’hui je suis très heureux de mettre cette expérience au service de mon pays, dans la mesure où c’est aussi la première fois qu’une personne de mon profil, se retrouve à la tête du Gouvernement. C’est également une opportunité pour diffuser au sein de l’administration une nouvelle culture de la gestion propre au secteur privé, reposant sur la méthode et la rigueur dans le travail et surtout dans les processus de décisions.

Quand vous avez cette expérience où chaque franc compte, il est important de l’appliquer rigoureusement dans la gestion publique. Nous sommes conscients que ce n’est pas toujours facile et compris par les uns et les autres mais nous devons travailler pour notre pays avec pour seul objectif la satisfaction des besoins des populations qui attendent du Gouvernement des solutions concrètes à leurs problèmes.

Monsieur Le Premier Ministre, pour finir, quels sont vos vœux  pour la Guinée et pour l’Afrique pour l’année 2018 ? 

Je voudrais, en tant que citoyen guinéen mais aussi en tant que Premier Ministre et Chef du Gouvernement, présenter pour cette année qui nous attend mes meilleurs vœux, de santé, de réussite, d’entente cordiale pour tous les guinéens et où qu’ils soient.

Je souhaite que l’année 2018 nous conduise à taire nos dissensions, à mettre en veilleuse nos désaccords, et qu’elle nous ouvre grand les portes de la paix, de la concorde et du bonheur partagé, qu’elle insuffle à tous les guinéens l’esprit d’unité et la volonté d’édifier une nation où il fait bon vivre pour tous.

Je vous remercie.

La Cellule de Communication du Gouvernement

 

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