L’interview du mois : Oyé Guilavogui, ministre des Transports

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Conakry, le 11 Décembre 2017 – Le département des transports élabore et propose au gouvernement des politiques relatives aux services, aux réseaux et aux systèmes de transport ! Ce qui se concrétise par une bonne demi-douzaine d’activités dont, notamment, le soutien stratégique aux systèmes de transport des personnes, le transport en commun en milieu urbain, le transport adapté ainsi que le transport maritime et aérien dans les régions, le soutien au transport des marchandises en favorisant l’inter modalité et l’utilisation des différents modes de transport (routier, ferroviaire, maritime et aérien).  En conséquence, la collaboration étroite de ce Ministère (voire sa fusion), avec le département des Travaux Publics (chargés quant à lui de la construction et de l’entretien d’utilité générale réalisés pour le compte de l’Etat et des collectivités locales), doit être harmonieux puisque de façon claire, le terme Travaux Publics désigne des infrastructures comme les routes, les tunnels, les canalisations, les ouvrages d’art et de génie civil (ponts, barrages, pistes d’aéroport, etc…). Le BDG reçoit dans ce numéro, le Ministre d’état, Oyé Guilavogui, en charge du département des Transports de la République de Guinée.

Bonjour Monsieur le Ministre ! Quels sont les problèmes aigus, posés au département des transports en Guinée ? 

Il faut retenir que le ministère des transports est un des départements les plus  transversaux, touchant l’ensemble des populations de notre pays. Il est important de noter que depuis quelques temps, de nombreux chantiers sont ouverts à travers tout le pays car, la mobilité reste le gros problème dans  la Capitale  Conakry,  mais  également sur tout l’ensemble du territoire national,  en raison de l’état très dégradé de nos routes nationales et départementales  et cela joue négativement sur le développement économique, social, culturel de notre pays.

Y a-t-il des secteurs d’activités où l’espoir est permis ?

Des atouts,  il y en a suffisamment,  comme dans le secteur portuaire  qui constitue  le poumon de notre économie vu que toutes les grosses transactions commerciales se passent au port de Conakry. L’importance de la rentrée à Conakry par les eaux,  n’est plus à démontrer car  notre  port est parmi les 5 plus grands de l’Afrique au Sud du Sahara ; Notre ambition du moment, est d’être parmi les meilleurs car, depuis l’installation de la Société Bolloré,  il y’a eu une extension considérable qui nous classe désormais parmi les 5 meilleurs en Afrique noire.

Quelles sont les mesures prises par votre département,  pour une bonne  réglementation du secteur des transports en Guinée ?  

Avant de parler de réglementation,  il faut parler du souci d’agrandissement,  pour donner beaucoup plus  de capacités  au  port parce qu’en réalité, ce port reste encore insuffisant  pour toutes les transactions  qui devraient s’y tenir. L’extension du côté Est, augmentera  le  nombre de quais  pour l’accostage  d’un nombre plus grand de bateaux.

Au conseil des  ministres du 18 Octobre 2017,  le Président de la République vous a mandaté,  en relation avec le Ministre Directeur de Cabinet à la présidence, pour résoudre définitivement les obstacles posés pour réimplanter  une  société de  contrôle technique des véhicules. Trois semaines  plus tard, où en êtes-vous ? 

Il n y a pas de centre de contrôle technique automobile depuis une dizaine d’années,  et le pays est  devenu le dépotoir de toutes les poubelles roulantes qui encombrent  l’Europe.

Naguère, sur le terrain, une seule société avait le monopole ; Avec l’appui du chef de l’état et à la faveur des états généraux de la sécurité routière,  nous avons finalement obtenu un  décret du chef de l’état libéralisant cette activité, pour  casser  le monopole. Le décret a paru il y a quelques jours et nous sommes en train de monter  le cahier des charges. Les agréments pour des entreprises postulantes sont déjà libérés pour  l’exercice de cette activité.

Monsieur le Ministre, Nous sommes l’un des rares pays dans la sous-région à n’avoir pas de société publique de transport. SOGETRAG  a cessé d’exister depuis des lustres  et maintenant les bus de la SOTRAGUI  sont  tous à l’arrêt depuis des mois. Vous avez annoncé un contrat avec City bus des marocains ; à quel niveau se trouve ce nouveau contrat ?  

Cette question est très importante. Sachez que depuis 1958 l’état s’est toujours préoccupé de l’organisation des transports publics. Bon nombre de  sociétés ont été créées en vain et à  mon arrivée au département des transports,  j’ai demandé à l’état d’accepter de libérer un peu de place pour le privé. Nous allons essayer le privé et heureusement j’ai été écouté par l’état. J’ai donc pris attache avec  la société City bus du Maroc,  pour venir aider à relever la SOTRAGUI  moribonde. Pour la petite histoire, il  y’a 4 ans,  nous avons bénéficié de 100 bus de la  Chine qui se sont ajoutés à 50 autres déjà sur place mais, à la date du jour, seulement quatre  bus sont en état de circuler. Pour toutes ces raisons,  nous avons sollicité le concours de privés pour  aider à organiser nos transports. Les premiers contacts avec City bus ont été très fructueux ; ils ont monté  un  nouveau schéma de la ville de Conakry,  projeté à la primature devant plusieurs ministres qui ont tous apprécié. Dans ce processus,  l’état devait donner 50 bus (on venait de recevoir un  don de la Turquie),  qui s’ajoutaient aux 150 bus des marocains . Fort malheureusement,  les bus qui nous ont été offerts étaient des occasions  or,  dans le projet de concession il était mentionné que l’état donne des bus neufs. Il y a donc eu blocage  à ce niveau. Il a fallu de longues  négociations pour faire accepter aux  marocains  les bus d’occasion. L’état des routes ne permet pas de faire rouler des bus articulés,  porteurs de caméra. Durant les neuf mois que durèrent les négociations,  la Sotragui mourrait tout tranquillement. Les turcs nous ont interpellés  car, ils ne comprenaient pas que la mairie d’Istanbul nous  offre  50 bus que nous  ne faisons pas circuler. Ils ont décidé qu’ils viendraient nous appuyer pour la gestion des 50 bus. Ils ont commencé les études sur le terrain, pendant qu’on  négociait  avec les marocains. La population souffrait pendant que les bus étaient immobilisés, Il ne faut que cent à cent cinquante travailleurs pour gérer les bus, au lieu de la pléthore de huit cents employés, d’après les turcs et finalement, c’est eux qui vont commencer à exploiter les 50 bus.

Toujours,  dans le souci de réorganiser les  transports publics,  nous avons un gros projet dénommé  ‘’métro bus’’, construit sur 24 kms par des turcs, sur l’autoroute entre Conakry et ENTA.

L’idée c’est d’écarter le séparateur sur l’autoroute de façon à ce que deux bus puissent passer l’un à côté de l’autre.

Il y aura 23 stations de Conakry à Enta ;  Les travaux démarreront en Janvier 2018  avec le financement d’une banque Turque,  la participation de l’état sera payée par le gouvernement turc. Du Côté Marocain, les choses ne sont pas suspendues  mais les donateurs ne pouvaient plus voir les bus inutilisés pendant que la population souffre. Nous avons dans un premier temps déconcessioner  Sotragui,  son  personnel est en congé  technique et nous montons le plan social avec l’inspection du Travail. D’ici décembre,  nous procéderons au paiement des mesures d’accompagnement et les droits légaux.  Ils vont libérer les lieux, les turcs vont démarrer et 150 personnes seront recrutées pour  relancer le transport public avant l’arrivée des Marocains.

Quelle est la situation actuelle du train de banlieue et quand  pensez-vous  relancer  les vols vers l’intérieur du pays ? 

les chinois ont bloqué le train Conakry- banlieue au moment de ma prise de fonction, alors qu’il avait été  mis à disposition en 2010 et à cette époque, aucune  concession n’était signée ; il y avait juste une simple facture commerciale à l’arrivée du train à Conakry  sans aucune forme d’accord ;  Il a été exploité par la suite par les chinois et les guinéens jusqu’à  mon arrivée au département. Des ultimatums avaient été  lancés  et ont finalement été  mis à exécution. Le train a été arrêté. J’ai ouvert les négociations avec le ministère de la justice,  celui des finances, et avec la partie chinoise, sans aboutir à un consensus. J’avais réussi au cours des négociations  à casser les prix, passant à plus de 80 millions,  à 42 millions, avec un échéancier de douze ans et  un taux d’intérêt de 0,25 %. Voilà les efforts fournis du côté de l’état pour signer la concession, mais fort  malheureusement  le patron de la société a été interpellé pour escroqueries  et notre compatriote Thiam qui à l’époque ou le train débarquait à Conakry était le ministre des mines,  est désormais aux arrêts à New-York dans le même cadre. Le gouvernement chinois nous a interpellés, pour dire qu’on ne pouvait pas négocier avec une société dont le patron était arrêté pour escroqueries. Il fallait arrêter immédiatement les négociations. On a réquisitionné le train pour des besoins publics. Ce train soulageait considérablement les  populations de Conakry. Le Président de la République a signé un décret pour le réquisitionner ; il est maintenant en service pour le bien être des habitants de Conakry.

Pour la deuxième question,  il est vrai qu’à mon arrivée au ministère,  l’aéroport de Conakry ne  recevait des vols que le soir. Deux ou 3 avions seulement desservaient Conakry, contre une douzaine  aujourd’hui. J’ai libéralisé le ciel et mis la pression sur SOGEAC, contrôlée par l’aéroport de Paris. Auparavant, la concession était de 99 ans, ce qui est inadmissible. C’est ramené maintenant à 25 ans. Et ensuite, on a signé les autorisations d’atterrissage à Conakry pour beaucoup de compagnies avec pour  avantage la baisse du coût du billet. Maintenant, on peut arriver à Paris avec moins de Sept cents dollars contre près de 1300 dans un passé très récent. Air France qui avait refusé de baisser ses prix,  a fini par les baisser jusqu’à 700 dollars. Les avions se bousculent aujourd’hui pour arriver sur le tarmac de Conakry.

Ce n’est pas facile pour les aérogares des capitales régionales parce que les  coûts sont  extrêmement chers. Deux milliards de dollars si on inclut l’aéroport de maferinya. Ce n’est pas dans les priorités des projets qui vont être financés d’ici janvier à la faveur de la mission du chef de l’état en Chine pour les 3 milliards décaissables tout de suite. Ce n’est que le port autonome qui est éligible et non ces aérogares. Mais ce qui est avantageux c’est que les études sont validées  et nous sommes à la recherche des ressources pour les démarrer. Mais  nous  ambitionnons  au moins que  la nouvelle compagnie Guinée-Airlines, commence à  desservir les capitales des pays voisins, ce qui faciliterait la mobilité des guinéens. Si aujourd’hui on veut se rendre à Monrovia, il faut  passer par Abidjan et  y passer la nuit alors que Monrovia est à une heure d’avion de Conakry. On a donc demandé à cette nouvelle compagnie de ne pas attendre que les aérogares soient terminés pour commencer.

Merci de nous livrer pour terminer, vos perspectives pour le transport ? 

La  priorité actuelle de mon département,  c’est l’assainissement de la population des véhicules. C’est extraordinaire mais vous pouvez trouver 3 ou 4  véhicules avec le même numéro  d’immatriculation sur les cartes grises ou les plaques, aussi bien à Conakry qu’à l’intérieur du pays. Ensuite c’est le grand bazar dans  l’émission des permis de conduire  qui s’achètent comme des petits pains. C’est inadmissible et  C’est pour cette raison que le permis international de Guinée ne sert à rien hors du pays. Dans la circulation, vous avez des chauffeurs qui ignorent totalement le code de la route. On n’arrivera pas à réguler la circulation en Guinée et réduire le taux de mortalité si on ne sévit pas contre ces tares. Voilà quelques priorités à réaliser dans les prochains mois si je reste dans mes fonctions.

Je vous remercie.

 

La Cellule de Communication du Gouvernement

 

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