Mali: la communauté internationale demande la libération des leaders de la contestation

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La communauté internationale a exhorté le pouvoir malien sous pression à libérer les leaders de la contestation pour tenter de mettre fin aux troubles qui ont conduit à l’instauration d’un climat semi-insurrectionnel à Bamako au cours du week-end.

Des tirs nourris ont à nouveau retenti lundi matin dans le quartier de Badalabougou, fief du chef de file de la contestation, sans qu’apparaisse dans un premier temps s’il s’agissait d’un tressautement ou du début d’un nouvel engrenage après une nuit plus calme.

La capitale, préservée en temps normal des violences jihadistes et intercommunautaires qui endeuillent le nord et le centre du pays, a été la proie vendredi, samedi et une partie de dimanche de ses troubles civils les plus graves depuis des années.

Les violences ont fait au moins onze morts entre vendredi et dimanche midi, selon un responsable des urgences d’un grand hôpital. La contestation fait, elle, état d’un bilan plus lourd.

Badalabougou en particulier a été le théâtre samedi soir de scènes de guerre entre Bamakois et forces de sécurité tirant à balles réelles. Deux personnes blessées lors des affrontements ont succombé, ont annoncé leurs parents lundi.

Le quartier et sa mosquée sont le fief de l’imam Mahmoud Dicko, personnalité publique très écoutée autour de laquelle s’est agrégée un collectif hétérogène contre le président.

Bête noire du pouvoir mais aussi interlocuteur incontournable, M. Dicko a reçu la visite dans la nuit du Premier ministre Boubou Cissé, selon l’entourage du chef religieux. Aucune information n’a été rapportée sur la teneur de cette visite, rendue alors que le Premier ministre essaie toujours de former un nouveau gouvernement trois mois après les législatives.

L’imam avait lancé dimanche un appel au calme qui paraissait avoir été au moins partiellement entendu à la levée du jour, malgré des incidents épars.

Toutes les banques sont restées fermées. En revanche, le trafic a repris sur deux des trois ponts reliant les deux parties de la ville au-dessus du fleuve Niger et qui avaient été coupés par la contestation, privant les Bamakois d’axes de circulation primordiaux.

La situation reste volatile et la pression forte sur le président Ibrahim Boubacar Keïta, qui focalise la colère et dont la contestation réclame le départ.

– Condamnation vigoureuse-

L’escalade en cours alarme les alliés et les voisins du Mali, inquiets d’un élément déstabilisateur de plus dans un pays confronté au jihadisme et à une série de défis majeurs, dans une région elle-même tourmentée.

Dans un communiqué commun, les représentants de l’Union africaine, de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), de l’ONU et de l’UE au Mali ont exprimé leur préoccupation et appelé à la retenue toutes les parties prenantes à la crise.

Ils ont condamné « avec vigueur » la violence, mais aussi, à l’adresse directe du pouvoir, le recours à la force létale par les forces de sécurité. Ils ont demandé la libération des leaders de la contestation.

Une vingtaine d’opposants, dont plusieurs chefs de file du Mouvement dit du 5-Juin, ont été arrêtés depuis vendredi, a déclaré un de leurs avocats, Alifa Habib Koné.

– Exigences radicales –

Le Mouvement, coalition hétéroclite de leaders religieux, de personnalités du monde politique et de la société civile qui s’est agglomérée autour de l’imam Dicko, a fait descendre des milliers de Bamakois dans la rue à trois reprises depuis juin.

Frustré de ne pas voir ses exigences satisfaites par le pouvoir, il est entré vendredi en « désobéissance civile ».

Le mouvement canalise une multitude de mécontentements dans l’un des pays les plus pauvres du monde: contre la dégradation sécuritaire et l’incapacité à y faire face, le marasme économique, la défaillance de l’Etat, ou le discrédit répandu d’institutions suspectes de corruption.

Le mouvement dit être pacifique et accuse le pouvoir des violences.

Ses exigences radicales placent le chef de l’Etat dans une situation très compliquée: dissolution du Parlement, démission des juges de la Cour constitutionnelle, formation d’un gouvernement dont il nommerait le Premier ministre et, au bout du compte, départ du président.

M. Keïta, 75 ans, président depuis 2013 réélu en 2018, a proposé un gouvernement d’union nationale. Il a annoncé la dissolution de la Cour constitutionnelle. Il a ouvert la voie à des législatives partielles là où la Cour a invalidé les résultats des législatives de mars-avril.

La décision de la Cour constitutionnelle passe pour un élément déclencheur de la crise.

Aucune des ouvertures de M. Keïta n’a jusqu’alors fait retomber la fièvre, au contraire. Ce qui reste du Mouvement du 5-Juin maintient ses revendications. A l’exception de l’imam Dicko, un certain nombre de ses chefs non arrêtés semblent se tenir à l’abri.

AFP

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