Nouvelle attaque sanglante au Burkina, au moins 51 soldats tués

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Au moins 51 soldats ont été tués vendredi lors d’une embuscade tendue par des jihadistes présumés dans le nord du Burkina Faso, où les attaques des groupes armés « terroristes » s’intensifient depuis le début de l’année.

Cette embuscade dans la région du Sahel frontalière du Mali et du Niger, dont le bilan provisoire a été annoncé lundi par l’armée, pourrait s’avérer la plus meurtrière jamais commise contre les forces de sécurité depuis celle de novembre 2021 à Inata (nord): 57 gendarmes avaient alors été tués après avoir vainement lancé des appels à l’aide.

Lundi soir, « ce sont 43 nouveaux corps qui ont été retrouvés, établissant le bilan provisoire à 51 militaires tombés », indique l’armée burkinabè dans un communiqué. Elle avait donné lundi matin un bilan de huit soldats tués. L’armée affirme que « les opérations se poursuivent avec une intensification des actions aériennes qui a permis de neutraliser une centaine de terroristes et de détruire leurs matériels. Ce chiffre s’ajoute à la soixantaine de terroristes neutralisés depuis le début de la riposte ».

L’état-major de l’armée « invite l’ensemble des Forces armées nationales à maintenir la mobilisation qui nous a permis d’engranger des victoires importantes ces dernières semaines », selon le communiqué. L’état-major appelle en outre « les populations à l’union sacrée autour des Forces de défense et de sécurité en ces moments difficiles. C’est ensemble que nous vaincrons le terrorisme ».

Une patrouille militaire « en mouvement » a été victime d’une attaque « complexe » vendredi entre Deou et Oursi (province de l’Oudalan) dans la région du Sahel, avait précisé samedi l’armée sans alors donner de bilan. Elle ajoutait que « d’intenses combats » avaient opposé les membres de l’unité militaire prise à partie « à un groupe armé terroriste ».

Les raids meurtriers attribués à des jihadistes se sont multipliés ces dernières semaines au Burkina. Avec l’attaque de vendredi, près de 200 – civils et militaires – sont mortes au cours des deux dernières, selon un décompte de l’AFP.

Le Burkina Faso, théâtre de deux coups d’Etat militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences jihadistes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant et qui s’est étendue au-delà de leurs frontières. Les violences ont fait depuis sept ans plus de 10.000 morts – civils et militaires – selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés.

Le traumatisme d’Inata

Le capitaine Ibrahim Traoré, président de transition issu d’un coup d’Etat le 30 septembre 2022, s’était alors donné pour objectif de « reconquérir » les quelque 40% du territoire burkinabè contrôlé par les groupes jihadiste affiliés à Al-Qaïda et à l’Etat islamique. Mais depuis sa prise du pouvoir, les attaques attribués à ces groupes n’ont fait qu’augmenter.

Pour tenter d’enrayer cette tendance inquiétante, le capitaine Traoré, qui a exigé le départ des forces spéciales françaises de Ouagadougou, entend nouer de nouveaux partenariats « gagnant-gagnant » avec de nouveaux pays, dont la Russie. L’armée burkinabè est sous-équipée et il cherche à acquérir du matériel militaire auprès de n’importe quel pays prêt à lui en fournir.

Il a cependant démenti toute présence des mercenaires de la société russe Wagner, que les occidentaux accusent d’être présents au Mali, également dirigé par des militaires issus de putschs et qui ont bouté les forces françaises de Barkhane hors de leur pays. Selon les autorités maliennes, les Russes présente sur leur territoire sont des « instructeurs ».

« Nous avons nos Wagner, ce sont les VDP (Volontaires pour la défense de la patrie, supplétifs civils de l’armée) que nous recrutons. Ce sont eux nos Wagner », a-t-il affirmé début février.

Peu après sa prise de pouvoir, il a lancé une campagne de recrutement de ces supplétifs qui payent eux aussi un lourd tribut à la lutte anti-jihadiste. Sur des besoins estimés à 50.000, 90.000 se sont inscrits. L’attaque la plus meurtrière jamais commise au Burkina, reste à ce jour celle commise à Solhan en juin 2021, qui avait fait de 130 à 160 morts civils, selon les bilans.

Mais l’attaque contre les gendarmes d’Inata laissés à eux-mêmes en novembre 2021, avait provoqué un profond traumatisme au sein de l’opinion et des forces armées. Elle s’était produite peu avant le premier coup d’Etat de janvier 2022 qui avait renversé le président élu Roch Marc Christian Kaboré, accusé d’« incapacité » face aux jihadistes.

AFP

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