Ousmane Kaba : ‘’les enseignants ne sont pas accrochés à l’histoire des 8 millions qui n’est d’ailleurs pas possible au niveau du budget actuel de la Guinée’’

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Au cours d’un entretien -à bâtons rompus- qu’il a accordé samedi à la rédaction de Mediaguinee, le président du parti des démocrates pour l’espoir (PADES) Ousmane Kaba s’est exprimé sur la situation socio-politique du pays. Les violences survenues à Kindia, la ville morte de l’opposition républicaine qui a fait un mort et la grève des enseignants étaient des sujets au centre des discussions.

‘’Je préfère qu’il y ait un maire avec la paix même s’il n’est pas majoritaire’’

Mediaguinée : la ville de Kindia a enregistré des violences avec l’installation du nouveau maire sur fond de dégâts. Quelle est la lecture du PADES ?

Ousmane Kaba : Moi, j’ai toujours déploré qu’il y ait de la violence en politique. Pour Kindia, je constate également qu’il y a des déclarations telles que celles de l’imam contre lesquelles beaucoup de gens se sont levés, ce qui est juste, nous devons tous condamner la division de la Guinée mais ce qu’il faut éviter, c’est présenter les gens de Kindia comme les racistes en Guinée, je ne suis pas du tout d’accord. Tout le monde sait très bien que les habitants de la Basse côte sont les meilleurs des Guinéens, ce sont les plus ouverts dans toute la Guinée. Ce que l’on oublie, c’est la cause du problème. Le problème à Kindia comme ailleurs en Guinée, ce n’est pas un problème ethnique, c’est de la diversion, c’est un vrai problème politique. En quoi c’est un vrai problème politique ? Parce que les problèmes ont commencé à Kindia très bien avant la déclaration de l’imam, déjà les gens du RPG arc-en-ciel brûlaient les pneus parce que les gens se sont insurgés contre l’accord politique, au lieu que l’on s’en tienne aux résultats des élections. Donc, pour moi le vrai problème, c’est la fraude électorale massive. Il faut qu’on évite de faire des fraudes massives dans les élections que nous organisons. Qui sont les responsables ? Ce sont des leaders politiques, ce sont les chefs de quartier qui sont vendus, ce sont les fonctionnaires véreux, ces directeurs et ces ministres qui vont pendant les élections qui remplissent leurs voitures d’argent public volé pour aller distribuer et tromper les électeurs partout dans le pays, ce sont eux les vrais responsables. Aujourd’hui, ils sont couchés dans l’ombre comme s’ils n’ont rien fait et on est en train de gérer les conséquences de la fraude massive qui a eu lieu pendant ces élections communales. Moi, j’ai préconisé d’annuler ces élections dès le lendemain et beaucoup n’ont pas compris et nous sommes dans les conséquences. Mais la seule chose que je veux dire, ce que les Guinéens, il ne faut pas se laisser diviser par des politiciens qui changent tous les programmes en problème ethnique aujourd’hui.

Finalement, c’est l’UDG de Mamadou Sylla qui est élu à la Mairie de Kindia en la personne d’Elhadj Mamadouba Bangoura face aux deux grands partis du pays. Comment comprenez-vous cet état de fait quand on sait que l’UDG est un petit poucet ?

Parce que simplement les partis ont fait un accord qu’eux-mêmes n’ont pas respecté, d’abord l’accord est une violation par rapport à la loi, c’est parce qu’on n’a pas respecté la loi, on fait des accords mais les accords sont mal ficelés et les gens ne trouvent pas leurs comptes et finalement les partis se trompent les uns contre les autres. Moi, je préfère qu’il y ait un maire, même s’il n’est pas majoritaire avec la paix que d’avoir des maires de gauche à droite que la ville va encore se déchirer. Il ne faut pas oublier que la paix c’est notre premier actif dans ce pays. Il faut recoudre le tissu social, c’est très important et qu’on évite de transformer en problème ethnique des problèmes politiques. Le manque de transparence dans les élections et la mauvaise gouvernance.

Nous partageons les points de vue de l’opposition puisse qu’il y a eu des fraudes massives. nous partageons les revendications mais ne nous sommes pas associés ni à la ville morte ni à la manifestation

L’accord a été signé au QG de l’UFDG en présence des partis de l’opposition. Est-ce que le PADES a été contacté avant et après ces accords ?

Pas du tout, le PADES n’a été ni contacté avant ni contacté après. Nous, étant un nouveau parti, nous avons participé à ces élections, nous avons eu plus de 84 conseillers à travers la Guinée, ce qui était une surprise pour beaucoup de monde. Nous avons gagné dans beaucoup de circonscriptions électorales et les résultats ont été truqués. Il se trouve que simplement le PADES n’avait pas documenter parce que c’était des nouvelles personnes qui n’avaient pas l’expérience électorale, ils n’ont pas documenté. Donc, nous ne pouvons pas présenter notre cas, sur les premiers cas nous avons présenté, nous avons fait une plainte à Kankan contre la CEPI et CESPI aussi dans la zone qui a été rejetée par les juges. Nous nous sommes abstenus de toute autre action mais ça ne signifie pas que nous ne partageons pas les points de vue de l’opposition, nous partageons les points de vue de l’opposition puisse qu’il y a eu des fraudes massives. Maintenant, nous partageons les objectifs, nous partageons les revendications mais ne nous sommes pas associés ni à la ville morte ni à la manifestation.

La dernière ville morte organisée par l’opposition républicaine a fait un bilan d’un mort et plusieurs blessés. Votre réaction ?  

J’ai toujours dit que c’est une catastrophe que des Guinéens meurent, quelle que soit la cause, quel que soit le bord politique, c’est un Guinéen qui est mort et là où nous avons une position tranchée par rapport au gouvernement, nous soutenons que c’est le rôle du gouvernement de faire des enquêtes, de faire justice puisse que ça fait partie de ses fonctions régaliennes. C’est à l’Etat de dire qui a tué ? Qui et quelles doivent être les peines à infliger ? Si ça ne se fait pas, ça donne un sentiment d’injustice à une partie de la Guinée, cela a nourri des frustrations et revendications violentes, ce n’est pas une bonne chose pour la démocratie dans notre pays.

Juste après ces violences, on a suivi le ministre de la sécurité qui a dédouané les forces de sécurité et salué leurs actions qu’il a appelées de ‘’républicaines’’ ?

Je n’ai pas suivi la déclaration du ministre M. Keira qui est un homme décidé par ailleurs, que je connais, mais ce que je peux dire, c’est à l’Etat de faire des enquêtes et de faire justice, c’est une position de principe parce que la sécurité est du ressort de l’Etat, la justice est du ressort de l’Etat. Je ne connais pas le dossier particulier et je peux pas rentrer dans les détails.

Nous avons estimé que le gouvernement devait simplement appeler les grévistes pour s’asseoir autour de la table et discuter, dire voilà les possibilités financières de l’Etat, voilà le budget que nous avons, voilà ce que nous pouvons accorder ou pas

Autre sujet, c’est la grève des enseignants qui perdure et inquiète tout le monde. Le PADES en a plusieurs fois parlé au cours de ses assemblées générales. Jusqu’à présent, chaque partie est campée sur sa position. Comment comprenez-vous cela ?

Encore une fois, ce que nous avons toujours dénoncé au PADES, c’est le manque de dialogue, la méthode.   Nous avons estimé que le gouvernement devait simplement appeler les grévistes pour s’asseoir autour de la table et discuter, dire voilà les possibilités financières de l’Etat, voilà le budget que nous avons, voilà ce que nous pouvons accorder ou pas. A mon avis, lorsqu’il y a un manque de dialogue, ça envoie des frustrations et c’est ça qui envoie et les grèves et les violences qui s’en suivent. Encore une fois, nous préconisons qu’il y ait un vrai dialogue entre les enseignants et l’Etat. Les enseignants ont une fonction fondamentale dans ce pays et dans tous les pays du monde, parce que l’éducation est l’avenir de la Guinée. Si je vois tout ce qui se passe dans le domaine de l’éducation, ce n’est pas satisfaisant du tout pour le gouvernement, nous avons la grève dans l’enseignement pré-universitaire, nous avons la disparition programmée des universités privées et il n’y a pas suffisamment d’infrastructures dans les universités publiques. Donc, il y a vraiment des problèmes.

Les enseignants ont réclamé de les traiter avec respect et avec dignité

Vous êtes aussi un éminent économiste il faut le rappeler, est-ce que vous pensez que le budget guinéen peut supporter les 8 millions comme salaire de base des enseignants même si les grévistes disent que le montant est négociable ?

La question, c’est lorsqu’on discute, il appartient à l’Etat de dire voilà ce que nous pouvons et ce que nous ne pouvons pas. Je ne pense pas que les enseignants se soient accrochés à une histoire de 8 millions parce que ce n’est même pas possible au niveau du budget actuel de la Guinée et il faut revoir l’ensemble de l’échelle des salaires de toute la fonction publique. Les enseignants ont réclamé de les traiter avec respect et avec dignité, ils ont juste demandé qu’on vienne autour de la table et le gouvernement va leur dire voilà ce que nous pouvons, voilà ce que nous ne pouvons pas et c’est ce qui n’a pas été fait, c’est pour cela il y a problème. En même temps, les Guinéens voient des scandales de détournement, de gabegie et de corruption tous les jours et c’est cette atmosphère qui aggrave les crises sociales. C’est la raison pour laquelle nous avons à la fois des crises post-électorales, nous avons une crise sociale et nous avons une crise purement politique et économique.

Le débat politique est dominé par des discours ethnocentristes, ce qui n’a absolument aucun sens parce que tous les Guinéens sont dans la même pauvreté, la même misère, en manque d’infrastructures, au chômage

Quel appel lancez-vous aux acteurs socio-politiques pour calmer la crise qui perdure en Guinée et risque de toucher les autres secteurs du pays ?

Moi, je lancerais un appel de modération, vraiment que les acteurs sociaux puissent s’entendent sur l’essentiel c’est-à-dire sur la Guinée. L’appel que je lance aux Guinéens aussi c’est de ne pas se laisser tromper par les soi-disant problèmes ethniques, ça c’est un véritable danger pour la Guinée parce que les politiciens veulent opposer les Guinéens les uns aux autres. Il faut refuser, les vrais problèmes guinéens ce sont les problèmes de chômage, les vrais problèmes guinéens sont des problèmes de routes, d’eau, d’électricité, d’hôpitaux performants, de scolarité pour nos enfants et le chômage massif des jeunes voilà les vrais problèmes. Sur le plan politique, notre vrai problème, c’est la fraude électorale. Au lieu de s’attaquer à ces problèmes, les hommes politiques manipulent les masses guinéennes et les opposent les unes contre les autres. Le débat politique est dominé par des discours ethnocentristes, ce qui n’a absolument aucun sens parce que tous les Guinéens sont dans la même pauvreté, tous les Guinéens sont dans la même misère, tous les Guinéens sont en manque d’infrastructures, tous les jeunes guinéens sont au chômage voilà les vrais problèmes. On fait de la diversion, on transforme tout en problème ethnique. Quand il y a des problèmes, il y a des vrais politiques économiques dans notre pays. Je demande simplement aux Guinéens d’être modérés, de ne pas se laisser manipuler et cesser de se battre entre frères et sœurs.

Réalisé par Mohamed Cissé

623 33 83 57

 

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1 commentaire
  1. CONDÉ ABOU dit

    Ce pays est politiquement incompréhensible Dr. Ousmane Kaba. Après tous les efforts louables du Président de la République accomplis entre 2015 et 2018 et qui ont permis de donner de façon remarquable, des raisons d’espérer à toutes les 4 régions naturelles du pays quant aux chances de reconstruction du tissu social, il est impossible de comprendre un retour en arrière aussi catastrophique du pays.

    La récente mobilisation des 4 régions naturelles du pays à l’occasion de la célébration du soixantenaire de l’Indépendance nationale, en réponse à l’appel du Président de la République et du Gouvernement, est là pour témoigner d’une évidence politique incontestable, que dis-je d’un sursaut national très positif presque partout en Guinée et qui partait dans la bonne direction pour l’ensemble du pays.

    Quelle Région ou Préfecture du pays, n’a pas démontré au monde entier son engagement et sa mobilisation derrière l’idéal de la célébration avec faste du soixantenaire de l’Indépendance au delà de tous les clivages politiques ou identitaires ?

    C’est tout le pays qui était à l’unisson, et tous les compatriotes en étaient fiers, et même très fiers aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur du pays !

    Comment la gestion des élections des Maires peut-elle ruiner de façon si dramatique en l’espace de deux semaines, tout l’élan politique de rassemblement et de cohésion nationale autour du Président de la République ?

    Comment le RPG peut-il accepter de laisser ruiner son propre bilan à cause d’une question d’élections de Maires surtout à Kindia où tout le monde a entendu les plus mauvais discours identitaires et anti-républicains au cours de ces élections et après tous les voeux adressés à Dieu à l’occasion des sermons religieux de la Fête de Tabaski célébrée le 21 Août dernier ?

    La situation politique actuelle est inacceptable, parce qu’elle va marquer de façon très négative et pour longtemps les esprits dans l’électorat de base et aggraver inutilement les frustrations et les rancoeurs au sein des populations.

    Les dernières décisions ayant conduit aux déchirements du tissu social à Kindia et dans d’autres localités du pays, après tout l’espoir que le régime a pu susciter comme sursaut national, sont tout simplement dévastatrices et inacceptables.

    Replonger le pays dans des logiques de confrontations d’ordre identitaire telles que le pays en avait souffert entre 2011 et 2013, est tout simplement une situation lourde de conséquences pour la stabilité politique du pays.

    La Guinée n’a aucunement besoin des logiques identitaires, et ce ne sont pas les elections communales qui pourraient changer le rapport des forces politiques sur le terrain.

    La radicalisation dramatique des logiques communautaristes et ethniques vient de recevoir malheureusement,beaucoup de fuel pour son fonctionnement et pour ruiner le pays.

    Le RPG a battu l’UFDG à Kakoni dans la Sous Préfecture du Député Ousmane Gaoual Diallo. L’UFDG en a-t-il fait un problème spécial ? Non. Elle avait accepté tous les résultats partout où elle avait été battue à Gaoual, sans aucun incident.

    Pas un seul probleme, en dépit de la victoire du RPG dans 3 des plus grandes Sous Prefectures de Gaoual, et tout le monde a suivi le discours politique tres positif et tres constructif du Député Ousmane Gaoual Diallo en direction de ses partisans de l’UFDG.

    À Mamou, l’UFDG et le RPG ont tous soutenu le même Maire choisi par les Conseillers élus. Tout le monde a applaudi Mamou pour la cohésion et la stabilité qui y ont prévalu.

    Pourquoi, une crise post-électorale aussi dramatique à Kindia, sans que le RPG ne condamne les propos anti-républicains et saisisse la Justice pour qu’elle punisse au préalable les discours du genre “Kindia ne sera jamais dirigé par un étranger” ?

    Triste pour la cohésion nationale, triste pour le climat des affaires dans ce pays, triste pour le laissez-faire politique injustifiable. C’est tout.

    De toutes les façons, la suite, on la verra sur l’échiquier politique dans les mois et années à venir.
    Mais en Côte D’Ivoire en Avril 2013 et au Sénégal en Juin 2014, les candidats des Présidents Alhassane Dramane Ouattara et Macky Sall n’avaient pas du tout obtenu la première place aux élections Communales qu’ils ont eux-mêmes organisées.

    Qu’est-ce que cela a changé en mal dans ces 2 pays et dans les années qui ont suivi leurs Communales ? Absolument rien du tout.

    Un Maire élu qui n’a ni ressources, ni budget durant son mandat, comment sera-t-il suivi par les électeurs ? Et qui donne et distribue les budgets et les ressources à ces Maires élus ?

    Macky Sall va haut les mains pour se succéder à lui-même en Février 2019, et Dr. Alhassane Ouattara est persuadé de la victoire de la coalition politique qu’il prépare pour lui succéder en 2020.

    Nous sommes tellement habiles à nous compliquer la vie en Guinée et à nous installer dans l’éternel recommencement, sans que l’on ne sache pourquoi ?

    Comment en Afrique, une Opposition peut-elle renverser le régime en place du seul fait de l’obtention d’une majorité quelconque dans les Communes ? C’est triste de sacrifier la paix et la stabilite politique du pays pour des elections de Maires ou de Conseiller municipaux.

    Merci Mr. le Président du PADES, Dr. Ousmane Kaba, pour la pertinence de la lecture politique.

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