Plusieurs centaines de sans-papiers ont brièvement occupé le Panthéon à Paris vendredi après-midi pour réclamer leur régularisation et un rendez-vous avec le Premier ministre Edouard Philippe, a-t-on appris de sources concordantes.
Environ 700 migrants et leurs soutiens, selon les participants, avaient investi les lieux à la mi-journée, à l’initiative des collectifs « gilets noirs » et « La Chapelle debout », qui soutiennent les sans-papiers.
Ce lieu emblématique de la République française a été progressivement évacué à partir de 16H45 par une sortie située à l’arrière du bâtiment, ont constaté des journalistes de l’AFP sur place.
« Toutes les personnes qui se sont introduites dans le Panthéon ont été évacuées », a affirmé le Premier ministre Edouard Philippe vers 19H20 dans un tweet. « La France est un État de droit, dans tout ce que cela implique: respect des règles qui s’appliquent au droit au séjour, respect des monuments publics et de la mémoire qu’ils représentent », a-t-il affirmé.
Trente-sept personnes ont été interpellées « suite à des vérifications d’identité », a-t-on appris de source policière.
Des personnes venues à l’extérieur du Panthéon apporter leur soutien l’opération ont dénoncé « une rafle ».
Les forces de l’ordre ont procédé à des charges et des tirs de gaz lacrymogènes pour repousser les soutiens et migrants les plus véhéments, ont constaté les journalistes de l’AFP.
Dans un communiqué diffusé en début d’après-midi, les occupants se présentaient comme « des sans-papiers, des sans-voix, des sans-visages pour la République française » demandant « papiers et logements pour toutes et tous ».
« On ne veut plus avoir à négocier avec le ministère de l’Intérieur et ses préfectures. On veut parler au Premier ministre Edouard Philippe, maintenant ! », écrivaient-ils.
« Beaucoup de gens vivent sans droit depuis des années. On occupe pour interpeller le Premier ministre pour une régularisation exceptionnelle. Il n’y a pas eu de régularisation exceptionnelle depuis la prise de pouvoir de Mitterrand (en 1981). Il est temps qu’il y en ait une », a expliqué à l’AFP Laurent, membre du collectif « Droits Devant ! ».
« Le Panthéon est un signe des grands hommes. Il y a à l’intérieur des symboles de la lutte contre l’esclavage. On se bat contre l’esclavage du troisième millénaire », a-t-il expliqué.
Cette occupation a suscité l’indignation à droite et à l’extrême droite.
« Il est INADMISSIBLE de voir des clandestins revendicatifs occuper, en toute impunité, ce haut lieu de la République », a tweeté Marine Le Pen, estimant que « le seul avenir d’un clandestin devrait être l’expulsion, car c’est la LOI. »
Le député LR Eric Ciotti a dénoncé un « chantage » et une « profanation » menées par « des sans-papiers manipulés par des associations d’extrême-gauche ».
Des personnalités de gauche comme la sénatrice Esther Benbassa (EELV) et Eric Coquerel (LFI) étaient, elles, venues apporter leur soutien sur place.
Le collectif « gilets noirs » mène régulièrement des actions coups de poing en soutien aux sans-papiers.
En juin, ils avaient brièvement occupé le siège du groupe Elior, à la Défense, pour « dénoncer son business » réalisé avec des sans-papiers « non déclarés ». En mai, ils avaient également investi le terminal 2F de l’aéroport de Roissy contre « la collaboration d’Air France » dans les expulsions.
AFP