Pierre Kolié, substitut du procureur au TPI de Labé : ‘’le magistrat n’a pas besoin qu’on lui dise d’être indépendant’’
A l’instar des autres couches sociales du pays, la junte au pouvoir depuis le 05 septembre dernier a rencontré le mardi 21 septembre 2021, les magistrats au palais du peuple. Une rencontre au cours de laquelle, ces derniers ont fait leur mea-culpa. Une attitude qui n’a pas laissé indifférents certains de leurs homologues, comme le substitut du procureur près le tribunal de première instance de Labé, que notre correspondant régional à Labé a rencontré hier mercredi 22 septembre. Même si en amont, Pierre Kolié, a salué l’initiative.
« Je crois que ce n’est pas trop dire de penser que la justice est la pierre angulaire du développement de tout pays. Moi personnellement, la rencontre je ne la conteste pas, je l’apprécie. C’est au cours de la rencontre qu’on peut tirer des belles idées et faire booster notre pays. Je n’ai vraiment pas un sentiment de déception avec ça, j’ai beaucoup de respect pour nos aînés qui sont allés à cette rencontre. Ça a été bien d’aller rencontrer la junte », se réjouit Pierre Kolié.
Poursuivant, notre interlocuteur a tout de même fustigé le comportement désolant de ses homologues qui se sont auto-flagellés, en dénonçant en substance les pressions qu’ils subissaient avec l’ancien système les empêchant de dire le droit.
« C’est sur quoi moi je reste figé. L’on ne doit pas apprendre à un magistrat à être indépendant. Ce passage-là, c’est un non-évènement pour moi, parce que je reste tout droit dans mes bottes pour appliquer le droit. C’est pour cela que j’ai pris cette robe. Franchement, parlant de ce qui a été dit hier, aux magistrats de ne plus avoir peur. Je crois que le magistrat, s’il l’est vraiment, n’a pas besoin qu’on lui dise d’être indépendant au regard de son serment. Donc ça, c’est pour nous une obligation sacramentelle de dire le droit », rappelle le substitut.
Pour finir, Pierre Kolié n’a pas manqué de lancer un appel à l’endroit des magistrats, histoire de bien rendre justice aux justiciables. « Au regard de ce serment, je n’ai vraiment pas besoin qu’un président de la république ou qui que ce soit me dise il faut être indépendant. C’est vrai, il y a souvent des velléités, mais il faut tenir bon. En tant que magistrats, nous avons l’obligation devant Dieu et les hommes de dire le droit », conclut-il.
A noter que ces rencontres inclusives ont été initiées par le colonel Mamadi Doumbouya, président du CNRD, afin de pouvoir mettre en place un gouvernement d’union nationale censé conduire la transition.
Tidiane Diallo, correspondant régional à Labé.
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