Le président tanzanien entend tirer profit des crises dans d’autres pays:  »s’ils se battent, profitons-en »

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Le président tanzanien John Magufuli, réputé pour ses déclarations parfois abruptes et controversées, a exhorté vendredi différents ministères de son pays à tirer profit des situations de crises générant des flux de réfugiés, en vendant des vivres destinées à l’aide alimentaire internationale.

Le chef de l’Etat tanzanien s’exprimait à Dar es Salaam devant des représentants de son gouvernement et du Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) qui venaient de signer un contrat portant sur la livraison de 36.000 tonnes de maïs à l’organisme onusien pour un montant équivalent à 8 millions d’euros.

« Ces fonds qui sont alloués à l’aide pour nos amis réfugiés d’autres pays en conflit, il est de notre devoir d’en tirer profit. Nous devons absolument tirer avantage de leurs problèmes. Ils se battent chez eux et nous obtenons de l’argent », a déclaré M. Magufuli en swahili.

Face aux rires de la salle, le chef de l’Etat a tenté de nuancer son propos: « Je ne dis pas que je souhaite qu’ils se battent, mais s’ils se battent, que leur conflit soit source de profit pour nous. Parce que même si nous ne leur donnons pas de vivres, ils se battront. Nous ne voulons pas qu’ils se battent, mais s’ils se battent, profitons-en ».

Soulignant que la Tanzanie a longtemps manifesté peu d’intérêt pour les marchés du PAM, M. Magufuli a appelé ses services compétents, notamment le ministère de l’Agriculture, à saisir les opportunités.

« Le marché est là: si le PAM demande même 200.000 tonnes, dépêchez-vous d’acheter auprès des producteurs et donnez au PAM », a ordonné le chef de l’Etat tanzanien.

En 2018, la Tanzanie avait vendu 31.000 tonnes de maïs au PAM, selon le ministère de l’Agriculture à Dar es Salaam.

En 2017, la Tanzanie abritait près de 400.000 réfugiés, provenant essentiellement du Burundi et de la République démocratique du Congo (RDC) et vivant, pour leur grande majorité, dans des camps surpeuplés du nord du pays, selon le ministère de l’Intérieur tanzanien.

Alors que la Tanzanie a longtemps été louée pour ses efforts dans l’accueil des réfugiés, le gouvernement du président Magufuli exerce depuis 2017 des pressions sur les réfugiés, surtout Burundais, pour les contraindre à retourner dans leur pays, contre leur gré. Ces pressions ont été dénoncées par des organisations internationales de défense des droits de l’homme.

AFP

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1 commentaire
  1. CONDÉ ABOU dit

    Il y a plus grave pour ce pays : la dégradation des relations entre la Tanzanie et ses partenaires internationaux et les organisations de défense des droits de l’homme et qui se confirme de plus en plus.

    En cause : les atteintes graves de plus en plus nombreuses aux droits de l’homme, la dégradation du climat des affaires, la montée en puissance de la criminalité, et le nouveau discours officiel clairement anti-libéral du Président John Magufuli.

    Voici les propos du Président Tanzanien en Juillet denier contre les prisonniers dans son propre pays, s’adressant aux autorités carcérales, à l’occasion de l’investiture du nouveau Commissaire Général des Prisons:

    Les prisonniers devront travailler « jour et nuit » et recevoir des « coups de pied » s’ils font preuve de « paresse ».

    « Assenez-leur des coups de pied ». C’est une honte pour le pays de continuer à nourrir les prisonniers. Toutes les prisons ont des champs, il faut que les prisonniers cultivent. Certains membres du personnel des prisons n’ont pas de logement. Faites travailler les prisonniers, qu’ils fabriquent des briques nuit et jour », a-t-il affirmé.

    Avant de poursuivre : « S’ils font preuve de paresse, assenez-leur des coups de pied. Vous avez là une main-d’œuvre, gratuite en plus ». Le Président Tanzanien a également fait le lien entre le manque d’activité des prisonniers et la consommation de drogue et l’homosexualité.

    Il a demandé aux autorités carcérales de mettre un terme aux visites conjugales en prison.

    « Un homme est emprisonné, laissant dans la communauté sa femme et un surveillant de prison reçoit un jour cette femme et autorise le prisonnier à faire des choses qu’il n’est pas censé faire durant sa détention. Je ne veux plus entendre parler de cela », a lancé le Président John Magufuli.

    Depuis son accession au pouvoir en Octobre 2015, le Président Magufuli a été critiqué par les organisations de défense des droits de l’homme et par la société civile pour son autoritarisme et son discours violent et abrupt. Ses détracteurs l’accuse de réprimer durement, l’Opposition et la liberté d’expression.

    Son discours et son style de communication ont nourri sa popularité mais il semble, qu’ils alimentent désormais la décote du Président. Selon un sondage de l’ONG Twaweza (traduisez : « Nous pouvons y arriver » en Swahili) publié début Juillet dernier, c’est seulement 55% des Tanzaniens qui approuvent maintenant John Magufuli, le plus faible taux jamais enregistré pour un Président de ce pays, contre 96% deux ans plus tôt.

    Selon les observateurs internationaux, ces dernières semaines, l’Union Européenne a rappelé son Ambassadeur et promis de revoir son soutien financier, la Banque mondiale et le Danemark ont eux, suspendu plusieurs programmes en Tanzanie.

    La Tanzanie est pourtant classée comme étant l’un des principaux pays bénéficiaires de l’aide publique au développement en Afrique subsaharienne. Les principaux bailleurs de la Tanzanie sont les États-Unis, la Banque Mondiale et le Royaume-Uni.

    Mais en même temps, la Tanzanie (53,5 millions d’habitants) est le 3ème pays bénéficiaire du XIème Fonds Européen de Développement (626 millions d’Euros sur la période 2014-2020), concentré sur trois secteurs : gouvernance, énergie et agriculture durable.

    En termes de chiffres clés, son PIB était de 51,6 Milliards USD en 2017 selon le FMI et son PIB par habitant, était de 1040 USD/habitant durant la même année 2017.

    Son taux de croissance, est passé de 6,5 % en 2017 à 6,8 % en 2018, et le taux d’inflation, à 5,4 %.

    Les Experts craignent maintenant une dégradation économique à venir.
    La croissance tourne autour de 6,8%, c’est vrai. Mais cela pourrait descendre à 3 % », craint un Diplomate sur place.

    Le pays tombe dans une léthargie économique. Le Président John Magufuli, voit la libéralisation comme immorale et tente un retour au socialisme, analyse-t-il.

    Un autre Expert dénonce la remise en cause de contrats avec des partenaires étrangers, la criminalité grandissante presque partout dans le pays, des attaques contre les opérateurs locaux, notamment Indiens, des investissements réduits dans des secteurs-clés ou encore de multiples audits et redressements.

    « L’Économie Tanzanienne se referme sur elle-même. Le danger c’est une fuite des investisseurs extérieurs qui s’annonce de plus en plus. Tous ces mauvais signes annoncent un ralentissement », prédit un Spécialiste.

    Wait and see.

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