Proche-Orient: nouveaux bombardements israéliens sur Gaza, un émissaire américain sur place

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Depuis lundi, les affrontements entre Israël et le Hamas se poursuivent. Les bombardements ont tué 10 personnes d’une même famille palestinienne ce samedi 15 mai à Gaza. Le dernier bilan fait état de 126 morts dans les raids aériens sur l’enclave palestinienne, 10 morts dans des heurts avec l’armée israélienne en Cisjordanie et 9 morts côté israélien.

Depuis lundi et le début des hostilités, Gaza est écrasée sous les bombes de l’armée israélienne, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa. Les avions de combats bombardent l’enclave palestinienne. Pas de répit, nuit et jour, les bombes s’abattent, et dans les rues de Gaza où vivent deux millions de Palestiniens sous blocus israélien, les carcasses des immeubles pulvérisés s’accumulent.

Le Premier ministre Benyamin Netanyahu a prévenu que son armée infligerait de sérieux revers au Hamas. L’armée israélienne affirme cibler les positions du Hamas et notamment des sites de lancement souterrains car c’est à partir de ces positions que les groupes armés palestiniens tirent leurs roquettes sur les villes israéliennes. 90 % d’entre elles sont interceptées par le Dôme de fer, le dispositif anti-missiles de l’armée.

Afin d’abattre un maximum de combattants du Hamas et du Jihad islamique, l’armée israélienne a usé d’un stratagème afin d’attirer dans des tunnels, aussi appelés le « métro » de Gaza, les combattants avant de les bombarder, rapporte notre correspondant à Tel Aviv, Christian Brunel.

Tout débute jeudi lorsque le Premier ministre Benyamin Netanyahou agite la menace d’une opération terrestre dans la bande de Gaza. L’armée déploie des unités de chars et d’infanterie près des pièces d’artillerie qui bombardent la région comme si une offensive était imminente. Puis, dans la nuit, le porte-parole militaire publie un tweet en anglais annonçant « que nos forces aériennes et terrestres sont actuellement en train d’attaquer dans la bande de Gaza ».  

Aussitôt prévenus, les combattants du Hamas et du Jihad islamique se précipitent dans le réseau de tunnel pour se préparer à attaquer des soldats israéliens infiltrés à l’aide de lance-roquettes et d’obus de mortier. Mais il s’agissait d’un leurre, aucun militaire israélien n’a pénétré à pied ou en véhicule blindé à Gaza.

En revanche, 160 avions ont déversé une pluie de 450 bombes pour anéantir les tunnels et tuer tous ceux qui s’y trouvaient. Interrogé ensuite, le porte-parole a évoqué une ambiguïté dans la formulation de son communiqué, mais sans convaincre. De l’avis de tous les experts militaires, tout avait été parfaitement prémédité pour provoquer le maximum de pertes parmi les militants islamistes.

73e anniversaire de la Nakba, « la catastrophe »

Dans les territoires israéliens et palestiniens, les violences se propagent. Depuis plusieurs jours déjà, les villes israéliennes mixtes où vivent Juifs et Arabes sont le théâtre d’affrontements intercommunautaires. La Cisjordanie se soulève également contre les forces d’occupation israéliennes déployées sur place.

Des affrontements qui risquent de se poursuivre. Ce samedi, les Palestiniens commémorent le 73e anniversaire de la Nakba, « la catastrophe ». Le 15 mai 1948, comme plus de 750 000 palestiniens, les grands parents de Diala, palestinienne de Jérusalem, ont dû quitter leur maison à Barqusia, expulsés de force. « Notre village a subi un nettoyage ethnique par les Israéliens, à Hébron. Donc ils ont dû déménager à Jérusalem. Donc chaque année, on va manifester dans la rue, aux checkpoints, afin d’exprimer notre colère, montrer notre oppression, oppression dans laquelle on vit depuis des années », raconte-t-elle au micro de notre correspondante à Ramallah, Alice Froussard.

Contrairement aux Israéliens, dans la même ville, le statut résidentiel de Diala, qui lui permet de vivre à Jérusalem, est révocable. Elle peut le perdre si elle déménage à l’étranger ou si elle habite en Cisjordanie occupée. « En tant que Palestinienne de Jérusalem-Est, on subit différents types d’oppressions, différents type de lois, inégales, juste car nous sommes Palestiniens. Nous n’en pouvons plus de cet apartheid, c’est une violence systématique, un racisme systématique contre les Palestiniens, et on devrait tous se lever, tous le condamner », s’indigne la jeune femme.

Contrairement à Diala, les réfugiés palestiniens de Cisjordanie occupée, de Gaza ou du Liban n’ont pas la possibilité de retourner dans leur village, ni même d’y entrer.

Arrivée d’un émissaire américain pour des pourparlers

Afin d’entamer des pourparlers et tenter de trouver une solution diplomatique à cette crise, le haut responsable du département d’État américain chargé des affaires israéliennes et palestiniennes, Hady Amr, est arrivé ce samedi au Proche-Orient. Il doit rencontrer des dirigeants israéliens à Jérusalem avant de se rendre en Cisjordanie occupée pour des entretiens avec des responsables palestiniens.

L’objectif de cette visite est d’encourager les deux parties qui s’affrontent depuis lundi à parvenir à un « calme durable » dans la région, a déclaré la porte-parole adjointe du département d’État, Jalina Porter. C’est également une manière pour Washington de faire taire les critiques. Les autorités américaines sont effectivement accusées de ne pas avoir fait assez afin de mettre fin à la violence après avoir bloqué une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU prévue vendredi.

« Pas encore d’issue politique très claire »

Doublé d’une escalade entre Arabes et Juifs dans plusieurs villes mixtes d’Israël, le conflit atteint un niveau de violence inédit depuis des décennies, selon la police israélienne. Mais quelle est la part de responsabilité du Premier ministre Benyamin Netanyahu ? « Il y a ceux qui disent qu’il n’y est pour rien et qu’il n’a peut-être pas prévu les choses, qu’il n’a peut-être pas envisagé ou qu’il a sous-estimé l’émotion qu’allait susciter l’entrée de policiers israéliens dans la mosquée alAqsa. Mais quand on sait le contexte politique, que quelques jours avant, il avait remis son mandat pour former le gouvernement parce qu’il avait échoué à le faire et que c’était le candidat de l’opposition qui était sur le point de réussir cette manœuvre, on se dit que même s’il n’est pas l’organisateur de tout cela, c’est vrai que cela le sert », analyse Denis Charbit, professeur de sciences politique à l’université ouverte d’Israël.

Benyamin Netanyahu pourrait bien tirer parti sur le plan politique de ce regain de tensions. « Ses intérêts, c’est de rester au pouvoir. Mais en même temps, c’est aussi de savoir tirer parti des événements. Et vraisemblablement il y parviendra, puisqu’on a annoncé que Naftali Bennett renonce à l’idée de former un gouvernement d’alternance », estime le professeur avant de conclure : « Il n’y a pas encore d’issue politique très claire, mais Netanyahu, vraisemblablement, a encore une chance de rester au pouvoir pour quelque temps. »

Avec RFI

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