Référendum: le Oui gagne, la Guinée gagne

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La Guinée a dit oui au référendum sur les réformes constitutionnelles. Avec un taux de participation plus élevé que prévu, les électeurs qui ont voté en faveur des réformes représentaient 92,68 % du total. Une victoire écrasante pour le Oui (2.890.675 voix sur 3.168.000 d’électeurs), qui montre que les Guinéens avaient des idées très claires sur la nécessité pour le pays de moderniser son système de régulation. Mais la victoire écrasante du Oui est aussi un geste de soutien, sinon d’amour, pour le président sortant Alpha Condé, partisan convaincu du référendum qui permet, entre autres, une prolongation du mandat présidentiel.

Pour l’instant, l’ancien professeur d’économie à Sciences Po n’a pas encore levé ses réserves concernant sa nouvelle candidature aux prochaines élections présidentielles de l’automne. Mais il a certainement lutté de toutes ses forces en faveur d’une modernisation de la constitution qui était bloquée à il y a 20 ans et qui ne tenait pas compte d’une série de changements que la société guinéenne a déjà mis en œuvre. De la nouvelle condition féminine à la réforme de la gestion des forces armées, du droit au travail à l’égalité des sexes, de l’élimination de l’esclavage à l’interdiction des mutilations génitales, du partage et de la gestion équitable des ressources nationales à l’élimination de la peine de mort. Ces changements majeurs expliquent à eux seuls la participation massive des femmes et des jeunes Guinéens à ce vote référendaire.

Les oppositions, qui ont même trouvé un certain soutien international, n’ont eu pour but que de boycotter et de discréditer le président et son gouvernement. Cela s’est avéré être une double erreur : parce qu’ils n’ont pas compris que les Guinéens veulent réellement moderniser leur pays et qu’ils aiment profondément Alpha Condé : l’économiste, le premier président élu, le défenseur des faibles, l’homme qui a vaincu Ebola et a apporté le développement et la modernité au pays. Deux erreurs sensationnelles commises en premier lieu par Cellou Dalein Diallo, leader du FNDC (Front National pour la Défense de la Constitution), la première force d’opposition, qui, la semaine précédant le vote, est arrivé à la folle et inutile tentative d’appeler à un soulèvement des Forces Armées.

Mais en attendant, revenons un instant sur le vote qui, rappelons-le, était aussi celui des élections législatives, et les jours qui l’ont précédé, malheureusement marqués par des émeutes et des tentatives de boycott. À Conakry, comme dans d’autres régions du pays, il y a eu divers affrontements, avec au moins deux morts, de nombreux blessés et des dizaines d’arrestations. Dans les jours précédents, les signes avaient été pires. Les Guinéens ont été témoins de véritables actes de terrorisme de la part d’éléments de l’opposition : attaques armées contre les forces de l’ordre, tentatives déjouées d’incendie de stations d’essence dans les agglomérations avec des grenades à main et des explosifs divers, incendies de bâtiments publics et de maisons de particuliers coupables d’être allés voter. Une véritable tentative de coup d’État par ceux qui se présentent comme des défenseurs de la démocratie mais qui, heureusement, a été déjouée par la population et les forces de l’ordre.

Un ambassadeur occidental indigné à Conakry nous a avoué : “Je n’ai jamais vu une opposition aussi stupide et dangereuse. Ils ont boycotté l’élection et se retrouvent maintenant sans députés. Ils ont organisé la violence et se sont discrédités devant leurs électeurs. La vérité est qu’ils espéraient un soulèvement des forces armées qui n’a pas eu lieu. Je ne suis pas pour un troisième mandat de Condé, mais ceux-ci sont vraiment dangereux et sans scrupules ». Mais finalement, tout s’est bien passé, avec des dégâts limités, gérés grâce à l’intervention opportune des forces de police. Mais les émeutes et les diverses tentatives de boycott du vote ont été le signe tangible d’une série de forçages et de provocations menées par l’opposition depuis plusieurs mois déjà.

Dans une tentative de boycotter les élections, Diallo et ses amis, dont quelques autres dirigeants africains, ont d’abord emprunté la voie du discrédit, puis de l’insurrection contre Alpha Condé et son gouvernement. Il suffit de mentionner l’attitude hostile du président du Niger Issoufou. Ancien ami de Condé depuis l’époque du militantisme parisien, Issoufou, qui avait besoin du soutien de la France pour obtenir un rôle international à la fin de son mandat, s’est immédiatement mis à la disposition de Paris en trahissant son vieil ami et en utilisant son rôle de président de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) pour tenter de bloquer et d’empêcher le référendum.

Pendant des mois, ils ont tenté d’empêcher les consultations en prétendant qu’il n’y avait pas de conditions objectives pour la tenue du référendum. Ils pensaient également avoir percé lorsque l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) et la CEDEAO ont demandé que des précautions soient prises en vue du vote et que soient éliminés environ 2,5 millions d’électeurs qui ne disposaient pas de documents numérisés ou d’empreintes digitales illisibles. Des déclarations qui mettent immédiatement en branle leur machine de propagande pour crier au scandale et tenter d’empêcher les élections.

Mais ils n’avaient pas pris en compte Alpha Condé et encore moins la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) de Guinée, qui, avec une grande linéarité et à l’abri de toute critique, a déplacé les élections de deux semaines en profitant du temps de la manœuvre pour accepter et mettre en œuvre toutes les remarques et suggestions que l’OIF et la CEDEAO avaient proposées. Un geste simple et efficace, qui a débloqué la situation et garanti la pleine légitimité du vote. Les propos de Tiéman Hubert Coulibaly, chef de la mission de l’OIF en Guinée, ont été très clairs: “l’OIF – a-t-il dit – n’a jamais annoncé le retrait de son soutien au processus électoral”.

Mais, comme nous le disions, il y a aussi eu des interférences extérieures en dehors de l’Afrique. Des interférences également dénoncées publiquement par la Russie et la Chine. De nombreux journaux, à travers une série de reconstitutions assez documentées, ont en effet montré comment les Français avaient effectivement participé aux tentatives de boycott de l’opposition guinéenne. Ce n’est pas un hasard si, il y a quelques mois, le chef de la diplomatie française lui-même, Jean-Yves Le Drian, sans grande hésitation ni prudence, a déclaré explicitement : “C’est (la Guinée) la situation la plus délicate aujourd’hui (dans la région) et l’engagement du président Alpha Condé à appeler à une réforme de la constitution ne nous semble pas nécessairement partagé ni par la population ni par ses voisins”.

Le vote du référendum démontre amplement combien Le Drian avait tort et combien l’attitude d’ingérence de la France dans les affaires des États souverains d’Afrique est encore répandue et pratiquée. Et ce n’est pas un hasard si ces paroles claires et déplacées du ministre français des affaires étrangères ont été suivies d’une série de comportements contre Alpha Condé et son gouvernement. Cette ingérence s’est poursuivie même peu après le vote. Une note publique, également publiée sur le site internet du Quai d’Orsay, indique que “Le caractère non inclusif et non consensuel de ces élections, ainsi que le rôle joué par des éléments des forces de sécurité et de défense, qui allait au-delà de la simple sécurité du processus, n’ont pas permis la tenue d’élections crédibles avec un résultat consensuel. La France constate également l’absence d’observation régionale et internationale du double vote”.

Une reconstruction, celle du ministère français des Affaires étrangères, qui ne correspond qu’à l’hostilité manifeste de Paris à l’égard du gouvernement guinéen. A tel point que cette reconstruction a été en fait contredite par le communiqué de la COMISCA (Coordination de la Mission Internationale des Observateurs de la Société Civile Africaine) qui conclut son rapport en affirmant que les élections législatives et référendaires du 22 mars 2020 en République de Guinée ont été “libres, transparentes et démocratiques”. 

Le rapport de la COMISCA, que nous avons pu voir, est très détaillé et va bien au-delà des conclusions prétentieuses de la France. Elle note “la présence effective de membres des bureaux de vote et de représentants de certains partis politiques, une participation significative dans tous les bureaux de vote visités qui laisse présager un taux de participation acceptable, la disponibilité du matériel de vote dans tous les bureaux de vote visités et le caractère indélébile de l’encre”. Et ce n’est pas tout. Dans leur rapport, les inspecteurs de la COMISCA s’assurent que “les urnes observées étaient correctement scellées, transparentes et vides lors de leur ouverture ; la garantie du secret du vote avec la présence des isoloirs ; la présence effective des forces de sécurité pour la sûreté et la sécurité des bureaux de vote ; la présence effective des forces de sécurité pour la sûreté et la sécurité des bureaux de vote et le maintien de l’ordre public”. Enfin, la COMISCA a également rapporté et condamné tous les actes de violence qui ont eu lieu en Guinée dimanche lors du vote et a clairement indiqué que le seul objectif des auteurs était d’empêcher le vote. Cela a toujours été l’objectif déclaré des opposants guinéens et de leurs alliés internationaux.

Bref, la France, une fois de plus, intervient sur la question interne d’un autre pays, citant comme faits reprochés des circonstances et des faits contredits par les observateurs qui étaient sur place. Les raisons de ce comportement se trouvent clairement dans le néocolonialisme qui caractérise encore la politique étrangère française en Afrique. Ce qui s’est passé en Guinée aujourd’hui s’était déjà produit, par exemple, lors des élections de 2019 au Bénin, où seulement 4% de la population a voté et où il y a eu de graves insurrections de masse. Dans ce cas, Paris n’a pas fait le moindre commentaire. Et un discours similaire peut être prononcé pour les dernières élections au Togo. La vérité – comme l’a également souligné la CPFG (Convention patriotique des forces de Gauche) dans une déclaration – est que la France n’est pas résignée à l’idée que le concept de “Franceafrique” est mort à jamais. “En réalité, la France – le CPFG – continue de faire payer au peuple guinéen son “NON” historique de 1958. Il ne pardonne pas à ce peuple, son esprit d’indépendance et son refus de retourner dans la prairie française”. 

La Guinée est depuis des années un exemple de pays autonome et indépendant sur l’échiquier africain. Alpha Condè est un homme politique bien formé qui a longtemps dû se battre pour son indépendance et sa survie et celle de son peuple. C’est un leader à dimension internationale qui, grâce à sa longue et prestigieuse carrière et aussi grâce à sa récente présidence de l’Union africaine, a noué une série de relations internationales personnelles qui le conduisent à être totalement indifférent aux pressions de la France ou de quiconque. Ceux qui le connaissent bien disent qu’en réalité, Alpha Condé n’est pas du tout hostile à la France. Au contraire, il a de la sympathie pour Macron dont il admire la grande intelligence et le courage. Et il n’a pas oublié le soutien qu’il a reçu pendant l’épidémie d’Ebola et les années qu’il a passées dans sa Paris révolutionnaire. Mais cette solide estime pour la démocratie française n’empêche pas le président guinéen de défendre à tout prix la liberté et l’indépendance de son pays.

Une attitude que la France n’a certainement pas dû apprécier et qui explique son hostilité pas si dissimulée à l’égard du pouvoir guinéen actuel. Et d’ailleurs, Alpha Condé a également été explicite sur sa réflexion sur le néocolonialisme. Lors d’un récent débat public, le président de la Guinée a déclaré en termes très clairs que le moment était venu de “couper le cordon ombilical avec la France”. Une phrase qui correspond à l’attitude générale d’indépendance qu’Alpha Condé a contre toute logique ou attitude néocolonialiste. Au contraire, et pour donner un exemple, alors que le grand opposant de Condé, à savoir Cellou Dalein Diallo, défend le franc CFA avec des arguments de pur hommage plutôt qu’économiques, Alpha Condé s’oppose à cette pratique monétaire et se déclare hostile à un ECO (monnaie qui doit remplacer le franc CFA) ancré à l’euro. Et cela n’a pas dû plaire à la France non plus.

En bref, ce vote écrit plusieurs pages d’histoire et sanctionne un changement d’époque dans une région d’Afrique riche en ressources minérales importantes mais aussi un laboratoire de nouvelles attitudes contre l’hégémonie colonialiste française. Déposée avec succès, cette pratique référendaire attend maintenant le rugissement du lion de Conakry : se présentera-t-il aux prochaines élections présidentielles ou, après avoir remporté la dernière bataille, se retirera-t-il dans la vie privée ? Les résultats du référendum et les foules océaniques qui ont accompagné toutes les sorties publiques de Condé ces derniers mois semblent indiquer qu’il se présentera à nouveau. Mais pour en être sûr, il faudra attendre encore quelques mois.

(Associated Medias)

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