Shaiful Subhan, Group CEO d’Iris : ‘’la qualité du passeport guinéen est vraiment au top’’

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Dans un imposant hôtel de la place, Shaiful Subhan, Group CEO d’Iris, en séjour de travail en Guinée, a rencontré les journalistes. Passeports trafiqués, amélioration des conditions de délivrance des documents de voyage, cartes d’identité biométriques, tout a été évoqué par le haut responsable malaisien de Iris. A bâtons rompus…

Shaiful Subhan, Group CEO Iris…

Q: Quel est l’objet de votre visite à Conakry?

Shaiful Subhan : Récemment, la société Iris a enregistré de nouveaux actionnaires, ce qui a débouché sur des changements de l’équipe dirigeante de la société. On a changé les dirigeants mais les objectifs de la société restent les mêmes. Bien sûr l’État guinéen est l’un de nos partenaires les plus importants, nous avons eu l’opportunité et l’honneur de pouvoir faire des documents de voyage, c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de venir personnellement rencontrer les autorités compétentes pour échanger un peu sur le sujet et voir quelles sont les difficultés rencontrées depuis que nous avons commencé et voir ensemble comment nous allons améliorer les conditions de délivrance de ces documents de voyage. On a des contraintes : réitérer notre engagement d’accompagner l’État guinéen dans l’accomplissement de ses objectifs par rapport aux conditions de délivrance  des documents de voyage. J’ai eu l’opportunité de rencontrer monsieur le ministre d’État de la sécurité et de la protection civile [Me Abdoul Kabèlè Camara, ndlr]. Je suis heureux de constater que nous avons pu avoir beaucoup de documents de voyage même s’il y a des difficultés que nous avons constatées. Ensemble, nous sommes prêts à aider la Guinée à améliorer les conditions de vie et de travail, surtout j’ai visité les locaux de la Police de l’air et des frontières. Je compte voir comment améliorer les conditions de travail là-bas. C’était important de voir nous-mêmes ce qui se passe sur le terrain, c’est pourquoi je suis venu d’ailleurs et s’il y a des difficultés, voir comment trouver des solutions.

Q: Concrètement, quelles sont les solutions face à ces difficultés?

Shaiful Subhan : Comme vous le savez, en termes de technologie, chaque année les gens voyagent, donc nous continuons à améliorer nos produits pour ne pas qu’ils soient falsifiés par d’autres personnes, c’est ce que nous faisons d’ailleurs. Nous sommes prêts à mettre sur le marché un nouveau passeport qui sera en bicarbonate, donc ça c’est dans le cadre de l’amélioration de ce document de voyage.

Q: Quel constat avez-vous fait à votre arrivée? Quelles sont les insuffisances, les difficultés que vous avez rencontrées ?

Shaiful Subhan : J’ai parlé des produits mais je voulais aussi parler des locaux. J’ai visité les locaux mais je n’’étais pas content des conditions de travail des agents qui sont là-bas, même si la société n’est pas directement concernée par cet état de fait. C’est l’État guinéen. La procédure, les problèmes des passeports à partir de l’interview, l’enrôlement où on prend les empreintes et où on fait l’impression de ces documents qui… [il n’achève pas la phrase]. Vraiment, je crois que nous allons participer à améliorer la procédure de délivrance de ces documents.

Est-ce que ça veut dire que vous allez construire un local?

Shaiful Subhan : Je crois que nous devons avoir un autre lieu différent de là-bas où nous allons construire un immeuble devant abriter le local de la police de l’air et des frontières. Parce que vous savez, en ce qui concerne la délivrance de ces documents de voyage, c’est là où l’État ou les agents du gouvernement font face aux citoyens directement. Et là, on doit nécessairement améliorer les conditions de délivrance de ce document parce que là, les agents sont là, ils font face aux citoyens. Donc, on doit pouvoir satisfaire. C’est pourquoi d’ailleurs nous avons pris l’engagement de construire un nouveau bâtiment de la police de l’air et des frontières.

Q: Vous avez un domaine pour ça ?

Shaiful Subhan : Nous avons déjà soulevé le cas au niveau du ministre, nous en avons parlé, nous souhaitons que ce soit un coin loin de l’actuel lieu [Ministère de la Sécurité à Coléah] parce que là, nous avons vu que beaucoup d’agents sont impliqués dans la promotion de ce document de voyage qu’est le passeport. Donc, nous préférons que ce soit un lieu beaucoup plus éloigné qu’on mette à notre disposition que nous allons construire.

Q: Est-ce que le financement de cela est inclu dans le contrat ?

Shaiful Subhan : Non, ce n’est pas dans le contrat, c’est dans le but  d’améliorer le partenariat. C’est dans notre tradition, nous avons un contrat à long terme avec l’État, et donc nous avons vu ses difficultés, nous voulons aider l’État en faisant ce don. Vous savez, le contrat c’est pour 15 ans [depuis 2014, ndlr]. Après les 15 ans, nous allons transférer tous les équipements, le système, les données, tout sera transféré à l’État guinéen y compris le bâtiment que nous allons construire.

Q : Vous vantez beaucoup vos performances, récemment on a appris que les passeports avaient été contrefaits, est-ce que vous avez eu à évoquer tous ces aspects-là avec le ministre de la Sécurité ? Lui avez-vous proposé des solutions?

Shaiful Subhan : Oui, nous avons parlé de ça avec le ministre de la sécurité, avec le directeur national de la police de l’air et des frontières. Et au niveau de Iris, comme vous le savez, la qualité du passeport est vraiment au top. Il y a plusieurs points de sécurité que nous avons respectés dans la confection du passeport et d’ailleurs je vais vous dire, si vous voyez qu’on a facilement détecté ces faux passeports c’est parce que le passeport est sécurisé. Et si on ne peut pas faire la différence entre le vrai et le faux, ça veut dire que le passeport n’est pas sécurisé. Nous avons conçu le passeport de telle sorte que ça soit facilement détecté dès que c’est falsifié. Vous savez, nous, nous pouvons sécuriser le passeport comme on le fait déjà, et d’ailleurs nous sommes prêts à introduire un nouveau passeport [17 points de sécurité, ndlr]. Pour la procédure de délivrance, nous sommes prêts à aider l’État mais ce n’est pas une responsabilité de la société. La société Iris ne décide pas de qui doit avoir le passeport, c’est l’État guinéen qui décide de qui doit avoir le passeport. Vous savez, si un passeport est délivré à un étranger qui ne doit pas l’avoir, ce n’est pas la faute à la société. Mais si quelqu’un fabrique un passeport sans qu’on ne puisse le détecter ou faire la différence, là c’est le problème du document. D’ailleurs c’est pourquoi j’ai vu que c’était désorganisé et j’ai dit que l’une des solutions c’est de délocaliser la production de passeport pour pouvoir mieux sécuriser les lieux.

Q: Est-ce que vous avez aussi parlé du problème des cartes nationales d’identité ?

Shaiful Subhan : Vous savez, d’abord nous, nous avons notre technologie, nous avons produit plus de 100 millions de cartes dans le monde entier depuis 15 ans. Nous avons notre société et nous sommes présents dans plus de 30 pays dans le monde y compris l’Afrique. Et donc si nous avons l’opportunité, pourquoi ne pas assister à produire ce document aussi en Guinée? Comme vous le savez, nous sommes présents au Nigeria aussi depuis 15 ans, au Sénégal depuis 13 ans. Et au Sénégal, après 8 ans, le gouvernement sénégalais a décidé de nous donner le projet de carte d’identité nationale sans appel d’offres parce qu’ils ont jugé que dès lors que nous avons été sérieux avec l’État, ils [les gouvernants, ndlr] ne voulaient pas donner ces deux documents d’identification à deux sociétés différentes pour ne pas créer de complications. Et donc, ils ont décidé de nous donner la carte d’identité nationale. C’est ce qui fait que le Sénégal est le seul pays pour le moment en Afrique de l’Ouest à avoir la carte d’identité CEDEAO et ça c’est grâce à la société Iris. Parce qu’avec ce que nous avons offert au gouvernement sénégalais, la carte d’identité, ça nous permet d’économiser au niveau de la Ceni.

*Ibrahima Sory Sylla, représentant local de la société Iris de renchérir…

 

Par exemple en 2020, nous aurons les élections, on aura plus besoin de débourser de l’argent pour recruter une nouvelle société pour la carte, donc avec cette carte d’identité, tu peux voter directement. Donc, c’est le bon moment de commencer parce que bientôt 2020. Honnêtement, même si on ne connaît pas la technologie, si vous avez deux sociétés différentes, c’est-à-dire une qui fait les passeports et l’autre qui fait les cartes d’identité, voyez ce qui va se passer.

Moi, je suis Ibrahima Sory Sylla, sur ma carte d’identité, je peux aller faire mon passeport avec Ibrahima Sory Diallo parce que les deux systèmes sont modifiés. Et là, si je veux aller au Sénégal, je peux aller avec ma carte d’identité parce que c’est la zone Cedeao, je veux aller au Maroc je peux aller avec mon passeport de Ibrahima Sory Diallo. Mais si c’est la même société, par exemple au Sénégal, tu viens pour ta carte d’identité, si tu as déjà ton passeport, on prend tes empreintes on met, ça sort directement et on dit, lui il a déjà son passeport et il s’appelle par exemple Amadou Niang. Même si tu ne veux pas, tu ne peux rien changer parce que c’est la même base de données. Si vous avez la carte d’identité biométrique, vous avez un numéro d’identification nationale et avec ce numéro on ne peut rien falsifier.

Q : Quelle a été la réaction de l’État à cette affaire de carte d’identité?

Shaiful Subhan : Nous avons rencontré le ministre, il nous a fait comprendre que la banque mondiale est prête à assister la Guinée dans le financement d’une partie du projet parce que vous savez, pour sécuriser la carte d’identité  il faut d’abord sécuriser l’état civil. Si l’extrait de naissance est falsifié, tout sera falsifié parce que ça commence par là, l’état civil et puis maintenant la carte d’identité. Donc, nous sommes dans l’attente, peut-être quand ils seront prêts, ils vont faire un appel d’offres, on ne  sait pas quand mais pour le moment, ils sont à cette phase de la banque mondiale qui est en train de financer l’état civil pour mettre en place un système d’intégration des systèmes.

Ibrahima Sory Sylla, représentant de la société Iris en Guinée

Présentement, nous avons fait un don de commissariat à l’Etat. Il s’agit du commissariat de police routière de Enta. Nous avions pris l’engagement de construire jusqu’à 5 commissariats, mais quand le patron est venu, il a vu dans quelles conditions les gens travaillent, il a dit au lieu de continuer à construire les commissariats pourquoi ne pas d’abord construire le service de délivrance des passeports. Donc, c’est pourquoi il a pris cet engagement vis-à-vis du ministre d’État. Vous savez le rôle de la société Iris c’est de mettre à la disposition de l’État guinéen des équipements, du serveur et former les policiers guinéens à l’utilisation de ces équipements-là. Mais la production c’est l’État, ce n’est pas la société qui a déployé des ingénieurs qui sont au près de la police, en cas de panne et de maintenance. Parce que souvent, les policiers ne connaissent pas bien la technologie.

Décryptage : Maciré Soriba Camara

 

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