Siguiri/Licenciement de 7 travailleurs de la SAG : témoignage (touchant) d’un licencié

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Depuis hier mercredi, la ville de Siguiri, en Haute Guinée, est sous tension. Il s’agit de jeunes qui ont barricadé la route accédant à la société SAG (Société Anglogold Ashanti de Guinée) pour protester contre le licenciement de sept employés de ladite société.

Joint ce jeudi, 12 septembre, l’un de ces sept licenciés a bien voulu nous donner sa version des faits. Selon « Y », qui a requis l’anonymat, tout remonte au mois de mai, lorsqu’ils (travailleurs licenciés) ont réclamé leurs droits.

« En fait on ne sait pas, on est licenciés, six superviseurs et un surintendant. Vers le mois de mai nous on a réclamé notre droit, parce qu’on a fait dans le système-là près de six ans, pas de catégorie, rien. Donc on a réclamé notre droit avec le syndicaliste. Le droit qu’on a demandé c’était de nous mettre là où nous méritons, parce que quand tu ne peux pas faire six ans à un poste, tu n’as pas de catégorie, tu n’as pas d’échelon. Et il y a eu des gens qui ont quitté ici et on a mis des personnes à ce poste-là comme intérim. Intérim 4 ans ? Intérim 5 ans ? Donc on a demandé à ce que ces gens-là aussi soient confirmés. C’est-à-dire la confirmation de certaines personnes et revoir aussi la catégorie d’autres personnes. Donc on s’est référé au syndicat. Nous tout ce que le syndicat nous a dit on a marché sur ça, et on a fait le sit-in, ça c’était dans la lettre entre la direction et le syndicat. Entre-temps, ils ont dit qu’on a dépassé le délai de sit-in. Le syndicat a dit non, vous avez promis de faire quelque chose lorsqu’on était parti vers vous. Et deux semaines après on revient vous avez tout changé, comme si on n’a rien dit. Donc le syndicat dit tant qu’il n’y a pas gain de cause, ils ne vont pas retourner au travail. Donc entre-temps on a arrêté et quand on a arrêté, le mois de juin qui a suivi on a coupé notre salaire. La direction a coupé nos salaires, moi ils ont coupé à peu près 18 millions dans mon salaire et il y a d’autres personnes qui n’ont même pas eu de salaire. Donc pour nous c’était une sanction parce qu’ils ont dit qu’on n’avait pas raison. Cela depuis le mois de juin, depuis qu’on avait demandé de faire le conseil de discipline, maintenant ça fait trois mois, parce que quand on fait le conseil de discipline c’est un mois. Mais le délai même est passé, hier maintenant soudainement on vient nous tendre les lettres de licenciement pour six superviseurs et un surintendant. Donc on ne sait même pas qu’est-ce qu’on doit faire, vraiment on ne sait pas », nous a expliqué « Y ».

Face donc à ce qu’ils considèrent comme une injustice, des jeunes habitants de la localité ont choisi de protester

« On a appris que depuis hier nuit les jeunes de Siguiri, les femmes, à peu près une bonne partie des gens de Siguiri se sont levés pour dire que l’injustice-là ils ne vont pas prendre donc ce matin ils sont partis bloquer les routes. Mais c’est arbitraire, c’est vraiment arbitraire. Donc aujourd’hui les jeunes de Siguiri ont bloqué la route, demandant qu’on nous rétablisse dans nos droits parce que c’est tout le département. Donc pourquoi on va rétrograder une bonne partie du département et nous, nous licencier », a déploré notre source qui pointe du doigt la responsabilité de la Direction Générale

« Leur politique maintenant, c’est de faire venir des Sud-africains. Comme nous on est licenciés-là, sûrement ils veulent mettre ces Sud-africains-là maintenant pour nous remplacer. Notre Directeur général s’appelle Aboudrahmane Diaby, c’est lui qui est à la base de tout ça. Parce que toi en tant que directeur guinéen tu peux pas dire qu’un Sud-africain est venu te donner des ordres de licencier tes frères guinéens.

Nous on veut, en tout cas moi ma proposition aujourd’hui si la société ne veut pas de moi, j’ai travaillé ici 22 ans, je n’ai jamais eu un document sale dans mon dossier, même pas une fois en conseil disciplinaire, pas une fois d’avertissement, je ne peux pas travailler 22 ans et qu’on vienne me mettre à l’eau. Si la société ne veut pas de moi, qu’on me règle carrément et que je quitte mais on ne peut pas me licencier, je n’ai pas volé, je n’ai rien fait »

Selon « Y », afin d’être rétabli dans leurs droits, ces travailleurs licenciés envisagent de se rendre à l’inspection du travail et y poser leur problème.

Maciré Camara

+224 628 112 098

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1 commentaire
  1. CONDÉ ABOU dit

    Pourquoi tant d’instabilité et de conflits sociaux interminables dans la principale mine d’or du pays, contrairement aux mines d’or du Mali voisin, ou du Burkina Faso ? Le Ghana n’en parlons même pas.

    Il y a certainement quelque chose qui ne marche pas du tout dans le mangement général de la SAG.
    Il est de mon point de vue, grand temps que le Departement des Mines mettent autour de la même table, investisseurs de la SAG et syndicats pour le respect des règles et normes internationales qui fonctionnent presque partout chez les autres producteurs d’or en Afrique, dans une stabilité remarquable. Pourquoi, faisons-nous tant d’exception dans l’industrie aurifère, alors que nous sommes en compétition ?

    L’instabilité chronique à la SAG, ne facilitera ni la poursuite des investissements ni la croissance économique par le soutien indispensable de la production et la protection des emplois. Et ce serait un très mauvais cocktail pour la Guinée qui a énormément besoin de repositionner son industrie aurifère, et de trouver beaucoup plus de devises pour ses réserves de change.

    Quel dommage pour nous, à un moment où, les cours mondiaux de l’or se portent relativement bien.

    Voici les tout derniers chiffres de la production de l’or en Afrique pour l’année 2018 :

    Selon les données de «Commodity Markets outlook» de la Banque Mondiale, dans le dernier classement des principaux producteurs d’or en Afrique, c’est le Ghana, qui se hisse au premier rang des producteurs africains avec une production de 158 tonnes d’or en 2018.

    Une production en hausse de 15,33% par rapport à l’année précédente grâce à l’exploitation de nouvelles mines d’or avec notamment le démarrage de l’exploitation des mines d’or Wassa et Prestea de Golden Star Resources.

    Derrière le Ghana, c’est aujourd’hui le Soudan qui se positionne au second rang des producteurs africains avec une production de 127 tonnes.

    Désormais, l’Afrique du Sud doit se contenter du 3e rang africain avec une production de 119 tonnes, en baisse de 13,14% par rapport à celle de 2017. On est ainsi loin des 605 tonnes que produisait l’Afrique du Sud au milieu des années quatre-vingt-dix. Un niveau qu’aucun pays n’est arrivé à atteindre jusqu’à présent.

    Loin derrière ce trio qui semble actuellement intouchable, suivent, dans un mouchoir de poche, le Mali avec 49 tonnes et la Guinée, qui a produit 47 tonnes d’or.

    Le Mali et la Guinée sont les deux derniers pays sont sous la menace du Burkina Faso dont la production a atteint 44 tonnes en 2018. Aucun pays africain ne figure dans le Top 5 des plus grands producteurs d’or du monde, et ce, depuis 2014.

    Souhaitons que le Departement des Mines puisse ramener urgemment la SAG et les Syndicats de cette entreprise, à demeilleurs sentiments en mettant balle à terre dans l’intérêt du pays, afin de sauver les investissements et les emplois.

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