Traite d’êtres humains en Guinée, rapport 2017 du département d’Etat américain: les explications du Président du Comité National de lutte contre la traite des personnes

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Conakry, le 30 Juin 2017 – La traite des humains a pris des formes moins barbares de nos jours mais ses formes les plus subtiles n’échappent plus aux humanistes en soif de liberté totale pour les hommes et les femmes sous toutes les latitudes. Ce qui existait naguère dans nos villages entre familles qui s’entraident et se portent assistance, ne peut plus exister de nos jours dans les villes où la criminalité n’épargne plus personne. Au contraire même, des femmes et surtout des enfants, sont les proies faciles de prédateurs sans scrupules, qui les réduisent en esclavage pour toutes sortes de travaux, voire en martyrs sexuels. Heureusement que le département d’Etat veille au grain, et rappelle à l’ordre les contrevenants dans les états qui banalisent de juger et condamner promptement certains ‘’criminels’’.  Nous vous prions se retrouver cette interview d’Aboubacar Sidiki Camara, Président du Comité National de lutte contre la traite des personnes, et pratiques assimilées en Guinée.

Monsieur Camara, selon le rapport 2017 du Département d’Etat Américain sur le trafic d’êtres humains, la Guinée figure désormais sur une liste de pays ayant des efforts à faire dans ce domaine. Quelle lecture faites-vous de ce rapport ?

Depuis une dizaine d’années le monde est soumis à un exercice de contrôle du département d’Etat américain qui  publie chaque année un rapport  sur la situation de la traite dans différents Etats. L’élaboration de ce rapport relève de tout un processus ; les informations sont fournies par des points focaux des ambassades à travers le monde.

Je voudrai tout de suite rassurer nos compatriotes guinéens, que la publication de ce rapport sur notre pays, ne constitue nullement un complot contre la Guinée. J’affirme que c’est un exercice auquel nous sommes soumis régulièrement et peut être qu’il faut expliquer quelque peu à la population ce dont  il s’agit.

Pour faire ce rapport, le département d’Etat Américain utilise des indicateurs ; c’est d’abord les efforts des Etats par rapport à la prévention des actes de traite, par rapport à la promotion des actes de bonne pratique, par rapport à la répression et dans  la répression, il faut voir l’aspect des enquêtes, l’aspect jugement des présumés auteurs, l’aspect  coopération et l’aspect prise en charge des victimes.

Ce sont donc ces indicateurs  qu’utilisent  le département d’Etat, et qui servent de base pour la publication de ce rapport et nous,  en tant que structure de coordination,  nous fournissons des informations pour éclairer les opinions. Cela se passe identiquement dans tous les pays. Personne n’a intérêt à cacher les réalités. La traite des êtres humains est une réalité dans notre pays ; les gens se livrent à la pratique sans peut être s’en rendre compte. Lorsque à Conakry, mes enfants vont à l’école, je suis débordé, ma femme est débordée par les travaux domestiques, j’envoie alors un message au village, pour me trouver une fillette qui va s’occuper des travaux domestiques mais malheureusement,  pour trouver cette fillette, on passe par des intermédiaires qui démarchent des familles pour trouver celle qui sera utile à la capitale pour nous aider dans les travaux domestiques et la garde de nos enfants qui vont à l’école. Cette fillette est ainsi soumise à des travaux qui dépassent même parfois ses capacités  physiques. Elle ne pourra pas être scolarisée et de l’argent,  dans le meilleur des cas, est versé aux intermédiaires et aux familles de la fillette. Voilà donc ce qui constituera un acte de traite, une pratique dont les dérives peuvent être l’esclavage, la prostitution, etc. Récemment en Guinée, nous avons à travers nos services de sécurité, démantelé certains réseaux de prostitution de mineurs et vous n’êtes pas sans savoir que notre pays est non seulement un pays de transit (nous venons d’intercepter un réseau de jeunes filles en partance pour des pays d’Asie et du moyen orient).

Comment expliquez-vous la position de notre pays suite à ce rapport ?

Le rapport est pour le moment en anglais et lorsqu’il  sera traduit en français, vous  comprendrez qu’il y’a des efforts de la Guinée pour prévenir, pour punir les criminels et pour la prise en charge des victimes. La Guinée a été  épinglée ! Un premier aspect est d’ordre procédural. Deux ans de suite, la Guinée s’est trouvée dans le deuxième tiers parce que le rapport  fait un commentaire sur la base de catégorisation ; le premier tiers est constitué  des Etats qui font énormément d’efforts. Ce sont des Etats auxquels on décerne la palme d’or ; le deuxième tiers est constitué des Etats qui font moins d’effort  en matière de lutte contre la traite des êtres humains et nous étions dans cette catégorie pendant deux ans or, le principe est que un Etat  qui reste pendant deux ans dans le deuxième tiers,  puisse  aller vers le premier tiers,  ou rétrograder et malheureusement nous avons rétrogradé du fait que certains individus interceptés ne sont pas jugés sanctionnés parce que la procédure judiciaire obéit à des principes. Les magistrats ont fait énormément d’effort par rapport à la procédure, à l’encontre des auteurs mais il faut reconnaître aussi qu’il y’avait un vide presque juridique par rapport à la répression, le seul instrument qui nous permettait de réprimer la traite des êtres humains, était le code pénal mais malheureusement,  l’ancien code pénal qui n’avait qu’une seule disposition qui ne définissait même pas la traite. Il y a  aussi le code de l’enfant, et celui des femmes), malheureusement qui ne définissaient pas complètement tous les aspects qui touchent à leurs catégories. Toutes les incriminations sont maintenant prises en compte et les magistrats sont désormais suffisamment  outillés pour traiter ces formes de dossiers que constituent la traite, l’esclavage, la prostitution etc.

 

Par ailleurs, les nouvelles mesures permettent désormais d’éviter les traditionnels engorgements au niveau des cours d’assises. Les tribunaux  de premières instances traitent désormais les affaires criminelles. J’ai été associé à ces procédures,  et j’avoue que d’ici l’année prochaine, nous allons fournir des efforts pour avoir les faveurs du classement du département d’Etat qui procède aux classements.

Monsieur Camara, quelles sont concrètement les mesures que vous comptez mettre en oeuvre pour éradiquer ce fléau? 

Il faut une action concertée ! Le gouvernement a mis en place  une structure de coordination ; La protection des personnes, la lutte contre les délinquants, nécessitent  la participation de tous les acteurs Etatiques et non Etatiques et c’est ce qui fait que dans le décret portant création du fonctionnement et attribution du comité national de lutte contre la traite des personnes, il y’a une place importante qui est réservée aux organisations de la société civile, aux ONG qui doivent jouer leurs partitions pour une synergie d’actions stratégiques et ce plan est dans une dynamique sous régionale de la CEDEAO avec les points  focaux des quinze Etats, plus la Mauritanie. Rappelons que le plan arrivé à expiration en 2011, a été renouvelé jusqu’en 2020 et tous les Etats doivent s’inspirer de ce plan d’action pour élaborer leurs plans d’action nationaux  et aujourd’hui,  nous avons une première matrice de notre plan d’action. Toutes  les actions que nous menons, sont portées à la connaissance du département  d’Etat à travers l’ambassade des Etats-Unis en Guinée ;  toutes les réunions du comité national de lutte contre la traite des personnes, sont en association avec l’ambassade des Etats-Unis. Nous leurs donnons toutes informations dont ils ont besoin; et nous n’avons aucun intérêt  à cacher la réalité dans notre pays.

J’ai donc voulu, à travers cette mise au point, rassurer nos compatriotes et c’est cette assurance que je voulais donner pour leur demander de ne pas céder à la panique. Le gouvernement prend bonne note  des recommandations formulées par le département d’Etat, et je promets que nous allons intégrer toutes les recommandations qui ont été formulées dans la matrice de notre plan d’action.

Nous  continuons à entretenir les relations avec le département d’Etat. Nous avons des séances de travail que  nous projetons d’avoir avec les Etats-Unis et nous allons élaborer notre plan d’action pour pouvoir relever un le défi par rapport à la protection des droits humains dans notre pays.

La Cellule de Communication du Gouvernement

 

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