Tribune] Faire comme la République du Mali ?

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🔴Par Sayon Mara] Cintrer le torse et narguer les institutions internationales ? Cette stratégie serait indubitablement périlleuse.

Dans une période normale, le chauvinisme peut parfois permettre aux autorités d’un pays de régler certaines situations difficiles et de prouver à leurs populations qu’elles sont prêtes à défendre à tout prix la souveraineté et l’honneur de leurs Nations.

Les manifestations excessives du patriotisme peuvent porter leurs fruits dans un pays lorsque les contradictions internes sont minimisables. Mais, dans une atmosphère inquiétante où l’incompréhension bat son plein entre les autorités et la frange la plus importante notamment de la classe politique, le nationalisme agressif dessert un État plutôt qu’il ne le serve.

Quand un pays à une économie forte, une économie qui se porte comme un charme, des discours à la Tché Guévara, des prises de position à la Rawlings, des piques à la Sankara, des autorités en charge de le diriger peuvent être considérés comme étant des expressions sincères d’un véritable nationalisme. Ce qui est tout à fait normal et compréhensible.

Par contre, quand un pays ne dispose pas de moyens pouvant lui permettre de se passer des aides extérieures, ou quand il ne peut pas compter sur ses capacités internes de mobilisation de recettes, ce serait suicidaire pour lui d’engager des rapports de force avec les institutions supranationales, car cela risque d’enchevêtrer davantage son sort.

Clairement, certaines autorités guinéennes devraient faire attention aux propos qui peuvent davantage embrouiller une situation qui l’est fortement déjà !

Le nationalisme agressif dans une période de transition est contre-productif. Il conduit, comme me le disait l’autre jour un ancien éclairé, au suicide. La fumeuse et laborieuse situation malienne devrait servir de leçon pour les dirigeants des États africains notamment de l’Afrique de l’ouest, ayant connu tout dernièrement des putschs.

Aujourd’hui, malgré le soutien fort de la classe politique malienne, des organisations de la société civile, bref de toutes les forces vives du pays à la junte malienne, le Mali a du mal actuellement à résister face aux sanctions qui lui sont infligées par la Communauté Économique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Pour preuve, le peuple commence déjà à se plaindre de la montée vertigineuse du prix des denrées alimentaires, de la cherté de vie en un mot. Il y a eu même des manifestations tout récemment à Bamako par rapport à cette cherté de vie. Des populations ont plaidé en faveur d’un retour rapide au dialogue avec la CEDEAO.

Emprunter donc le chemin contre-indiqué pris par ce pays frère qui n’a pas les mêmes réalités que le nôtre, surtout au moment où les principales formations politiques et les organisations de la société civile les plus représentatives jurent sur tous les dieux de ne pas laisser passer les trente et six (36) mois adoptés comme durée de la Transition par le Conseil National de la Transition (CNT) et actés par le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), il serait déconseillé pour les autorités d’engager des bras de fer notamment avec la CEDEAO, car toute position prise par cette institution sous-régionale est généralement suivie par les autres institutions internationales (principe de la subsidiarité). Il faut ajouter à tout cela le mécontentement de beaucoup de citoyens par rapport à certains actes récemment posés par les nouvelles autorités du pays.

Contrairement au Mali, la Guinée, notre patrimoine commun, est sur un terrain plus fragmenté et très glissant. C’est pourquoi, les autorités doivent mettre le dialogue au cœur de cette Transition afin qu’elle soit apaisée. Elles doivent discuter avec la classe politique, les organisations de la société civile dans leur entierté afin d’obtenir un consensus, surtout sur des questions d’ordre politique.

Pour finir, il faut éviter que la peur s’empare de l’opinion. Même ceux qui approuvent aujourd’hui les 36 mois comme durée de la Transition ne cessent d’inviter les autorités à dialoguer avec toutes les composantes de la Nation. Cela y va de l’intêret supérieur de tout le peuple de Guinée.

Sayon MARA, juriste

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