Tribune] Victimes de manifestations : de notre sens moral collectif face Ă  tant de violences dans notre pays

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đź”´Par Alexandre NaĂŻny BERETE] L’expression d’une libertĂ© publique a encore fait des victimes en GuinĂ©e. La rĂ©cente manifestation appelĂ©e par la sociĂ©tĂ© civile a endeuillĂ© de nombreuses familles et fait d’innombrables dĂ©gâts matĂ©riels. Face Ă  ce dĂ©chaĂ®nement de violences, il est temps que les guinĂ©ens que nous sommes regardions en face notre responsabilitĂ© collective et abandonner les postures arrogantes qui nous font perdre la raison.

Ceux-lĂ  qui dĂ©veloppent l’argumentaire selon lequel « on envoie les enfants Ă  la mort » en rĂ©fĂ©rence aux victimes pendant les manifestations, est un point de vue inhumain dĂ©nuĂ© de tout sens de responsabilitĂ©. C’est considĂ©rĂ© d’une part que les citoyens qui manifestent sont des chairs Ă  canon, et voir en les forces de l’ordre des bouchers ayant la gâchette facile d’autre part.

Pour les tenants d’un tel raisonnement simpliste et dangereux, pour Ă©viter des victimes, il faudrait s’asseoir sur les principes rĂ©agissant toute sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique dont le droit Ă  la libertĂ© d’expression. L’article 8 de la Charte de la transition rappelle qu’« aucune situation d’exception ou d’urgence ne doit justifier les violations des droits humains ».

Autant, je dĂ©plorais hier les victimes sous le rĂ©gime dĂ©chu, autant il faut faire de mĂŞme sous ce rĂ©gime de transition en appelant Ă  situer les causes profondes d’un cycle infernal sans fin de violence dans notre pays.

Hier les victimes de manifestations Ă©taient des innocentes personnes tuĂ©es par un État violent, aujourd’hui ce sont des criminels et des enfants droguĂ©s, manipulĂ©s qui doivent ĂŞtre misent hors d’Ă©tat de nuire. Ce n’est rien d’autre que de la peine de mort dĂ©cidĂ©e dans les rues. OĂą se situe-t-elle la cohĂ©rence ? quel sens moral donnons-nous Ă  notre engagement citoyen ?

La responsabilitĂ© première d’un État est de protĂ©ger la vie. Quand il y a des vies arrachĂ©es, la responsabilitĂ© incombe Ă  L’Etat car il a Ă©chouĂ©. On ne peut pas s’en dĂ©rober par des artifices et par un discours simpliste.

Ceux-lĂ  qui criaient hier Ă  la violation des droits de l’homme et qui se confondent Ă  la situation actuelle, vous devriez vous ressaisir. Ceux-lĂ  qui n’Ă©taient jamais avares en expression grandiloquente et qui ne trouvaient pas assez de mots durs contre l’ancien rĂ©gime sont les premiers aujourd’hui Ă  trouver des circonstances attĂ©nuantes Ă  la situation actuelle. Reprenez-vous pendant qu’il est encore temps et aider le nouveau rĂ©gime Ă  se rappeler de ses promesses Ă  l’aube de la prise du pouvoir car le jugement de l’histoire est sĂ©vère et implacable. La conscience de tout le monde est interpellĂ©e : Etat, parents, acteurs politiques et civiles, jeunesse.

L’impartialité n’est pas la simple neutralité, qui consisterait à ne jamais trancher. Elle n’interdit pas de prendre parti. Elle commande de juger sans parti pris.

Jean Jaurès nous disait: « le courage cela reste d’aller Ă  l’idĂ©al et de comprendre le rĂ©el; de chercher la vĂ©ritĂ© et de la dire; de ne pas faire Ă©cho aux applaudissements imbĂ©ciles et aux huĂ©es fanatiques».

Alexandre NaĂŻny BERETE, juriste

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