Un condamné retrouvé dans un hôtel à Kindia : le ministère public requiert une peine plafonnée contre les gardes pénitentiaires
Démarré le 7 octobre dernier, le procès des régisseurs arrêtés pour l’évasion d’un condamné du nom de Laye Diabaté retrouvé dans un hôtel de Kindia s’est poursuivi hier lundi 28 novembre 2022 au tribunal de première instance de Kindia. Dans ses réquisitions et plaidoiries, le ministère public a requis des peines lourdes contre les gardes pénitentiaires de la prison civile de Kindia.
Accusés pour des faits d’escroquerie, évasion, complicité d’évasion, le procès de ces prévenus a démarré hier lundi par la comparution d’un plaignant qui accuse le condamné Laye Diabaté de lui avoir arnaqué une somme de 20 millions de francs guinéens depuis la prison. Et, par la suite, le président du tribunal a autorisé les réquisitions et plaidoiries des deux parties. Le ministère public dans ses interventions à travers le procureur, a requis des lourdes sanctions contre les détenus notamment les gardes pénitentiaires. Jean Pierre Tolno, devant plusieurs citoyens de Kindia, a fait la part des choses tout en situant chaque présumé dans son contexte. » […] Renvoyez purement et simplement, Moriaba Sylla ( régisseur de la maison centrale de Kindia ) et Naby Zalal Camara( régisseur adjoint) des faits de la poursuite pour délits de complicité et d’évasion, de corruption et de complicité d’escroquerie non constitués à leur encontre. Les laisser rentrer librement. Monsieur le président pour ce qui est de Laye Diabaté, nous voulons rappeler s’il est condamné, ça s’ajoute. Pour la répression, condamnez à trois mois d’emprisonnement seulement, parce que pour nous, vous serez une bonne personne. Nous espérons que vous allez changer. Le message que nous voulons faire passer, c’est à l’endroit des complices. Moi-même si on me dit qu’un condamné à 20 ans, est encore condamné avec sursis et ce pourquoi il est poursuivi ne tient plus, ça ne me dérange pas. Et, c’est vous qui nous regardez en commando, c’est vous qui devrez être condamnés à des peines plafonnées. C’est pourquoi M. le président pour ce qui est d’Etienne Kolié ( Infirmer à la prison ndlr) de Alpha Oumara 1 Camara ( garde pénitentiaire) , les condamner Monsieur le président chacun à 3 ans d’emprisonnement ferme et à 5 millions de francs guinéens d’amende. Monsieur le président, faites-le en présence de tous les gardes pénitentiaires, de tous ceux qui accompagnent les détenus pour que le message passe. Votre famille, votre patrie , votre liberté ou l’argent des détenus, choisissez, c’est le message que nous voulons faire passer. Si vous êtes droits, la société sera en paix, si vous êtes tordus, la société sera dans l’insécurité comme nous sommes en train de vivre », a d’abord plaidé le procureur.
Cet homme en noir ne s’est pas limité là , il est revenu sur le cas de Fodé Camara, gardien-chef qui, selon lui, n’est pas à sa première fois d’être jugé pour les mêmes faits. Jean Pierre Tolno a demandé qu’il soit condamné à 10 ans d’emprisonnement ferme et une amende de 5 millions de francs guinéens. « Pour ce qui est de Fodé Camara, le ministère public requiert qu’il vous plaise de le retenir dans les liens de la prévention pour complicité d’évasion et corruption. Monsieur le président pour la répression, le ministère public requiert qu’il vous plaise de condamner à 10 ans d’emprisonnement ferme et une amende de 10 millions de francs guinéens. Monsieur le président, en condamnant ces prévenus à de telles peines, vous aurez rappelé la vocation de la peine telle que prévue par l’article 25 du code pénal », dit-il.
Des réquisitions jugées exagérées par les avocats de la défense qui, dans leur intervention, ont rejeté les faits d’évasion et de corruption dans ledit dossier et demandent à ce que certains de leurs clients qui selon eux n’ont commis que des bavures soient condamnés avec sursis. Toujours dans les réquisitions, ils ont demandé au président du tribunal de faire une note pour rétablir Moriba Sylla(régisseur de la maison centrale) dans ses droits, suspendu récemment par le ministre de la Justice.
Finalement, le dossier a été renvoyé au 19 décembre 2022 pour la sentence.
Affaire à suivre…
Aboubacar Dramé, correspondant régional à Kindia
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